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À l’hôpital, le Covid pourrait être traité comme une maladie courante, selon le chef de pôle Yves Hansmann

Face au pic de transmission du variant Omicron, moins virulent et plus contagieux, l’infectiologue strasbourgeois Yves Hansmann estime que la stratégie sanitaire pourrait devenir moins contraignante, à l’hôpital comme ailleurs. Seule inconnue, de taille : la nature des prochains variants…

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À l’hôpital, le Covid pourrait être traité comme une maladie courante, selon le chef de pôle Yves Hansmann

« Le virus dicte sa loi. » C’est l’une des rares phrases que l’infectiologue Yves Hansmann prononce avec certitude. Le chef de pôle aux Hôpitaux Universitaires de Strasbourg (HUS) préfère rester prudent : « L’hôpital reste en grande difficultés. Il va falloir rester très vigilant dans les semaines à venir. » Dans la matinée du lundi 17 janvier, l’hôpital public strasbourgeois accueillait 165 patients Covid pour hospitalisation et 38 patients positifs au coronavirus en réanimation. Une situation similaire à la « deuxième vague », en novembre 2020. « La pression a un peu diminué au niveau de la réanimation. Ca faisait un mois qu’on était à cinquante patients en moyenne », commente le médecin, avant de continuer : « Mais au niveau des besoins en hospitalisations, ça continue d’augmenter de semaines en semaines. »

Yves Hansmann chef du service des maladies infectieuses.Photo : LC / Rue89 Strasbourg

La fin des services dédiés au covid ?

Cette situation hospitalière donne à voir les principales caractéristiques du variant Omicron : plus contagieux mais surtout moins virulent que le variant Delta. C’est ainsi qu’Omicron occasionne progressivement un changement d’organisation de l’hôpital public strasbourgeois face au Covid. D’autant que le pic de contamination atteint à la mi-janvier augure encore d’une à deux semaines de hausse des hospitalisations, en raison du décalage entre les infections et le développement de formes graves, qui nécessitent une prise en charge à l’hôpital. .

Le chef de pôle maladies infectieuses détaille :

« On peut difficilement continuer de dédier des services entiers à la prise en charge du coronavirus, car ça limite le nombre de places pour prendre en charges d’autres patients. Donc nous hospitalisons de plus en plus de personnes atteintes du covid dans des services non-dédiés. Cela nous permet aussi de mieux partager l’effort sur l’ensemble de l’équipe médicale et soignante. »

Pour Yves Hansmann, le variant Omicron occasionne une nouvelle situation épidémique :

« On est dans une phase de transition épidémique. Si le virus circule plus et qu’il est moins virulent, la stratégie de dépistage pourrait être moins systémique. Aujourd’hui, on est encore dans une stratégie où toutes les personnes avec des symptômes ou cas-contact se testent. Mais si le virus circule de manière non-maîtrisée, on pourrait laisser filer et dépister uniquement les personnes les plus à risque. »

La possibilité d’une gestion comme « la grippe »

« On a eu de la chance avec le variant Omicron », glisse le médecin aux HUS. « Si la même vague avait eu lieu avec le variant Delta, la pression aurait été insupportable pour l’hôpital », explique Yves Hansmann. Et l’infectiologue d’envisager le passage d’une pandémie à une endémie. Explications :

« Une pandémie, c’est une épidémie mondiale dans un temps limité. Si l’infection persiste avec un taux d’incidence stable sur le long-terme, sans explosion des contaminations, on se retrouve face à une endémie. L’exemple classique est celui de la grippe. On espérait se débarrasser du virus, mais c’est utopique. On va apprendre à vivre avec. »

Après avoir semé l’espoir d’une amélioration, l’infectiologue redouble de prudence : « L’endémie reste une hypothèse. On ne peut pas dire que l’on fait face à une endémie actuellement, car on ne connait pas les futurs mutants du Covid… »

Incertitudes liées au variant et à l’hôpital

Et au-delà du futur du virus, celui de l’hôpital n’est pas rassurant. Chaque vendredi depuis le mois de décembre 2021, des centaines de soignants observent une minute de silence « pour la mort annoncée de l’hôpital public ». Les HUS ont à la fois du mal à recruter des infirmières et des aides-soignantes. Mais l’établissement hospitalier, toujours en « Plan blanc », peine aussi à retenir ses salariés, épuisés par la pandémie, le sous-effectif et les rappels sur journée de repos ou de congés pour remplacer un collègue malade. Vendredi 14 janvier, le taux d’absentéisme au sein des HUS était de 16%. « C’est un taux exceptionnel », commente le secrétaire du syndicat Force ouvrière Christian Prud’homme, « en général, ce taux oscille entre 8 et 10%. »

Si les caractéristiques du variant Omicron donnent un peu d’optimisme au professeur Hansmann, le chef de pôle reste prudent au vu de la situation des HUS : « Pour l’instant, on ne voit toujours pas comment l’hôpital arrivera à fonctionner sereinement dans les prochains mois. »


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