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Des habitants de Hautepierre et Cronenbourg organisent des actions de solidarité et d’entraide

Distribution de masques et de paniers-repas, courses à domicile… Dès le début du confinement, des habitants des quartiers de Hautepierre et Cronenbourg ont mis en place des actions de solidarité et d’entraide à destination du personnel hospitalier et des personnes isolées, avec leurs propres moyens.

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Des habitants de Hautepierre et Cronenbourg organisent des actions de solidarité et d’entraide

Tout a démarré dès le début du confinement, à la mi-mars. Majid reçoit le témoignage d’une amie, infirmière à la clinique de la Robertsau. « Le personnel hospitalier manquait de masques et se débrouillait comme il pouvait pour en obtenir », raconte ce membre de l’association ASSJ67 (Action Sport Solidarité Jeunesse), implantée à Hautepierre depuis six ans. Majid appelle Ludovic Groguhe, président de la structure.

Le boxeur de 33 ans contacte à son tour son ami Rachid, un habitant de Cronenbourg qui travaille dans le domaine de l’aide à la personne. Les deux amis mobilisent leurs réseaux respectifs pour organiser des actions de solidarité et d’entraide.

La clinique de la Toussaint a reçu des masques grâce aux réseaux de solidarité de Hautepierre et Cronenbourg. (Photo : Snapchat/doc. remis).

500 masques récupérés en trois heures

Par le bouche à oreille et par des appels lancés sur les réseaux sociaux, principalement sur Snapchat, les réponses positives arrivent très rapidement. En trois heures, le groupe récupère ainsi près de 500 masques auprès de particuliers ou d’entreprises, dont des auto-entrepreneurs de Hautepierre et Cronenbourg (ils ont souhaité rester anonymes). Ils ont été distribués à la clinique de la Robertsau, au CHU, à SOS Médecins, mais aussi à des infirmières libérales ou à des pompes funèbres.

Les masques ont été distribués à l’hôpital de Hautepierre, à SOS Médecins, mais aussi à des infirmières libérales ou aux pompes funèbres. (Photo : Snapchat/doc. remis).

« Je pensais que les besoins de masques, de gants et de gel hydroalcoolique allaient durer deux ou trois jours », se souvient Rachid.

Il poursuit : 

« Le personnel hospitalier était étonné du nombre de protections qu’on leur ramenait et nous demandait comment on les trouvait. Certaines infirmières en libérales avaient des patients à voir le soir et nous contactaient en urgence pour des gants ou des masques. On leur donnait rendez-vous à un point précis et on leur remettait ce dont elles avaient besoin. »

Des masques ont également été distribués à des personnes à la rue du quartier Gare, ainsi qu’à des particuliers qui allaient rendre visite à des proches en dialyse à l’hôpital.

1 000 euros de dons pour faire des courses

Le réseau de solidarité s’est aussi construit grâce à des dons financiers de la part d’amis : 50, 100 et même 1 000 euros pour acheter des masques et faire des courses. « On a toujours fait les courses pour les personnes âgées du quartier, on les aide à monter leurs achats », témoigne Rachid. Mais avec la pandémie, ces gestes d’entraide du quotidien ont pris une autre dimension :

« Par exemple ce matin, on est allé jusqu’à Eschau faire des courses pour quelqu’un qui ne pouvait pas se déplacer. Parfois, on avance l’argent à des personnes qui ont les moyens de nous rembourser. Sinon, on met de notre poche ou avec des dons financiers qu’on reçoit. »

Des personnes ne pouvant se déplacer ont remis leur liste de courses à Rachid. (Photo : Snapchat/doc.remis).

Il y a aussi ces petits services qui permettent de briser l’isolement de personnes âgées et isolées : réparer un frigo ou une télévision ou bidouiller une box internet qui fait des siennes.

Médiation auprès des plus jeunes

Dès le 16 mars, Anne Heintz, co-listière d’Alain Fontanel aux dernières élections municipales, avait contacté l’ASSJ67. Cette enseignante à la retraite souhaitait mettre à disposition du matériel informatique aux collégiens dont les familles n’ont pas les moyens de se le payer. « Ils connaissent chaque famille de Hautepierre, ce sont des courroies de transmission très rapides qui permettent d’aller plus vite que les procédures administratives », estime Anne Heintz. Mais avec la mise en place du confinement, l’initiative n’a pas pu aboutir. 

À Hautepierre, Ludovic Groguhe, qui fait figure de « grand frère », a mené des actions de médiation auprès des plus jeunes pour les sensibiliser au respect du confinement. « On leur a expliqué que c’était important qu’ils restent chez eux, que la mort n’est pas un jeu », précise le président de l’association. « C’est compliqué pour certains de le comprendre quand ils ont l’impression qu’au centre-ville les gens se baladent sans problèmes », poursuit-il.

Depuis la fin avril, l’association de Hautepierre a commencé à distribuer des paniers-repas pour les personnes dans le besoin. Avec leur argent personnel, les membres de l’ASSJ67 achètent les aliments et en cuisine, ce sont les mamans, dont celle de Ludovic Groguhe, qui s’affairent bénévolement.


#Hautepierre

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