Le maire de Strasbourg, Roland Ries (encore PS), a rappelé ses adjoints à l’ordre dans un communiqué diffusé dimanche soir. Dans ce texte, il rappelle qu’il est le chef de la majorité municipale, en qu’en tant que tel il « exige dorénavant le respect scrupuleux de la charte qui a été signée par chaque composante de la majorité, et [il est] décidé à sanctionner avec vigueur les membres de la majorité, et plus encore les membres de l’exécutif, qui s’écarteraient de la règle qui a été définie en commun. »
Tadaaa ! Qu’est-ce qui a pu mettre notre bon maire, d’habitude si calme, dans une telle colère ? L’affaire remonte à l’évocation fin avril, par Paul Meyer, adjoint au maire (La Coopérative) en charge du commerce, d’une possibilité d’imposer aux restaurants du centre-ville un minimum de 50% de produits locaux. Cette idée fait suite à l’installation prochaine d’un fast-food KFC à la place du Rocher du Sapin.
« Coups de com’ et benchmarking sur Google »
Début mai, Philippe Bies et Mathieu Cahn, deux autres adjoints mais socialistes, publient une tribune sur le commerce en centre-ville dans laquelle ils s’en prennent violemment à l’idée exprimée par Paul Meyer, sans le nommer :
« On ne peut pas d’un côté manifester son mécontentement quand des zones commerciales se développent à l’extérieur du centre et de l’autre vouloir empêcher ces enseignes de s’y implanter, sauf à vouloir spécialiser le centre de Strasbourg et ne le rendre accessible qu’à une partie de la population, l’autre devant se contenter de fast food en périphérie. (…) Si nous devons éviter la fuite des commerces en périphérie et en même temps les diversifier au centre, il faut agir de manière cohérente, développer une véritable stratégie offensive qui prend aussi en compte la croissance accélérée du commerce en ligne, un sujet peu abordé. (…) Cette stratégie ne saurait se construire à coups de com’, de benchmarking sur Google suivi d’annonces plus ou moins farfelues et toujours sans lendemain, au risque de proposer des mesures éloignées des valeurs que nous portons. »
« Des excuses ou la rupture »
C’est peu dire que Paul Meyer et le groupe La Coopérative ont mal pris le texte des adjoints socialistes. Dans un communiqué publié le lendemain, ils crient à l’attentat :
« Les élus de la Coopérative sont consternés par la violente tribune publiée par Philippe Bies et Mathieu Cahn. C’est un moyen pour justifier leur inaction face à la standardisation, leur soutien unanime à la ZAC Nord de Vendenheim, en cohérence avec leur positionnement politique de renoncement et de fatalité. Cette agression constitue une rupture totale de solidarité et une entorse à la charte de bon fonctionnement de la municipalité. Nous demandons à Philippe Bies et Mathieu Cahn de présenter leurs excuses et invitons les membres du groupe PS à prendre leurs distances par rapport à de telles pratiques. »
« Des débats collectifs svp ! »
Si le maire de Strasbourg a quitté le groupe socialiste du conseil municipal, c’est justement parce qu’il sentait que ce genre d’échanges peu amènes entre membres de sa majorité allait arriver. Dans son communiqué, Roland Ries rappelle :
« Il est naturel que les ambitions des uns et des autres s’expriment. Mais personne ne fait ses preuves en attaquant un collègue élu sur la même liste que lui. C’est par l’action, la loyauté et la vision qu’un élu s’impose. Lorsqu’il peut y avoir désaccord sur tel ou tel sujet d’actualité, j’appelle à ce que le débat soit collectif, qu’il mobilise l’ensemble de la majorité, et que l’issue en soit assumée par chacun. Le moment venu, il y aura un temps pour la campagne. Mais pour le moment, le temps est au travail, à l’achèvement de notre programme et du mandat que les Strasbourgeois nous ont confié. »
Car évidemment, cette passe d’armes entre adjoints est un nouvel épisode du feuilleton qui mène vers les élections municipales de 2020. Au sein de la majorité municipale, quatre groupes désormais se verraient bien avec une tête de liste dans deux ans : les Socialistes menés par Philippe Bies et Mathieu Cahn, En Marche mené par Alain Fontanel et Olivier Bitz, la Coopérative avec Paul Meyer et Eric Schultz et les écologistes avec Alain Jund.
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