À l’appel du comité Palestine Unistras, une trentaine d’étudiants participaient à une soirée pizza sur le campus central, jeudi 23 mai. Peu après 20h, une dizaine d’individus masqués, des jeunes hommes affichant des symboles d’extrême droite, sont arrivés à leur contact, armés de gazeuses, de chaines et de gants coqués selon les militants, qui ont publié des photos et un communiqué sur Instagram :
« Ces individus proviennent d’un groupuscule néo-nazi. Ils portaient sur eux de nombreux symboles d’extrême droite : croix celtiques, croix de lorraine, soleils noirs et fleurs de lys. Un individu portait aussi un t-shirt arborant un fusil d’assaut et l’inscription “Defend Europe”. »
D’après une membre du comité Palestine Unistras interrogée par Rue89 Strasbourg, une bagarre d’une dizaine de minutes à eu lieu, avec des échanges de coups de poing :
« Ils ont tout de suite utilisé leurs gazeuses. On est resté groupé et on s’est défendu. Heureusement, personne n’a été blessé de notre côté. Ils sont finalement partis un peu avant l’arrivée de la sécurité du campus et de la police. »
Un auto-collant « Gargouilles Strasbourg » figure sur une gazeuse récupérée par les étudiants. Il s’agit d’un groupuscule néonazi local.
La police nationale confirme qu’une rixe a bien eu lieu, mais elle était terminée lors de l’arrivée des agents, qui ont juste constaté la présence de « militants pro-Palestine » et n’ont procédé à aucune interpellation ni enregistré aucune plainte à l’heure de publier cet article. De son côté, l’Université de Strasbourg indique que « les agents de sécurité ont prévenu la police car il s’agit de voies de fait » : « Nous condamnons toute agression physique. »
Les étudiants restent mobilisés
Les étudiants mobilisés considèrent justement que l’Unistra « devrait réagir sur la réalité des violences d’extrême droite » et qu’il « ne suffit pas de condamner toute violence sans en nommer les auteurs. Il faut condamner et nommer cette violence fasciste issue d’une idéologie nauséabonde. »
Des membres de ce même collectif ont passé plusieurs nuits sur le campus depuis mi-mai, en soutien à la population palestinienne. Ils demandent à Michel Deneken, le président de l’Université, une condamnation officielle des actions de l’État d’Israël dans la bande de Gaza, ainsi que la fin des partenariats avec les universités israéliennes. À trois reprises, les 13, 17 et 22 mai, ces derniers ont été délogés par la police nationale à la demande de la présidence de l’Université.
Le comité Palestine Unistras estime que « la répression policière administrée par la présidence de l’Université a largement contribué à l’instauration d’un climat suffisamment anxiogène pour que des néonazis se permettent » cette attaque. « Le problème ne vient pas de nous, poursuivent les étudiants, mais du fait que militer pour une cause juste fasse l’objet d’attaques et de répression. […] Malgré les intimidations, nous ne lâcherons pas le combat. »
Le président de l’Université a annoncé après à l’agression qu’il « souhaite qu’un dialogue apaisé s’installe » : « Je proposerai une rencontre aux étudiants du comité Palestine Unistras dans les jours à venir. »
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