« Il n’y a pas de grève chez nous ». Christophe Gautier, le directeur général des hôpitaux universitaires de Strasbourg veut être très clair lorsqu’il évoque les services d’urgences hospitaliers. « En tout et pour tout, il n’y a eu qu’une seule journée de grève », résume-t-il. Un préavis de grève sur des revendications locale avait été déposé début avril par les syndicats Force Ouvrière (FO), CGT et l’Association des médecins urgentistes de France (Amuf). Mais des négociations engagées avec la direction ont rapidement mené à la signature d’un protocole d’accord.
Le nombre de lits au cœur des revendications
L’accord inclut la promesse d’une réouverture de 50 lits, fermés l’an dernier dans les deux centres hospitaliers « faute de médecins et d’infirmiers », selon Christian Prud’homme, responsable régional du syndicat FO. La remise en service de ces lits est l’une des principales revendications syndicales au sein des hôpitaux Strasbourgeois. « Le 1er juillet, [l’intersyndicale FO, CGT, et Amuf ndlr] se réunira avec la direction pour vérifier que le protocole d’accord est respecté », indique Syamak Agha Babaei, responsable de l’Amuf au niveau des hôpitaux universitaires de Strasbourg et vice-président de l’Eurométropole. « Si la promesse de réouverture de lits n’est pas tenue, nous reposerons un préavis de grève », prévient de son côté Christian Prud’homme.
« Certains patients attendent plus de 15 heures aux urgences »
« Le manque de lits est un problème à Strasbourg comme dans les autres hôpitaux en France », souligne Florian Brunet, infirmier urgentiste à l’hôpital d’Hautepierre et représentant de l’Alsace au sein du Collectif national Inter-Urgence.
« À partir du moment où l’hôpital est plein et qu’il n’y a plus de lits de disponibles, des patients qui nécessiteraient pourtant d’être hospitalisés peuvent parfois rester plus de 15h à attendre sur un brancard… »
En parallèle, le nombre de passages aux urgences de Strasbourg a augmenté de 15% en quatre ans. L’insuffisance de lits entraîne donc des conséquences importantes sur le temps d’attente des patients et le personnel hospitalier. Selon Florian Brunet :
« Certains jours, dès le matin, les urgences ressemblent à un hall de gare ! Les brancards sont entassés en file les uns à côté des autres parce que le service est saturé. Cela entraîne une surcharge de travail et une fatigue physique et psychologique pour les infirmiers, les aides-soignants, les médecins… Certains patients ne comprennent pas pourquoi ils attendent aussi longtemps. La violence verbale et physique augmente. Les insultes, les menaces, les crachats au visage… ça arrive de plus en plus souvent. »
Pour remédier au « sentiment d’insécurité » enregistré au sein des services d’urgence, la direction de l’hôpital a embauché un vigile, présent de 20h à minuit et un avocat assure une permanence téléphonique 24h sur 24h.
Solidarité avec les urgentistes en France
L’arrêt des fermetures de lits est également une demande portée au niveau national par Inter-Urgence. Le collectif, qui recense les services hospitaliers en grève dans toute la France, plaide pour que du personnel soit recruté et pour une augmentation salariale de 300 euros nets pour tous les employés paramédicaux (infirmiers, aides-soignants…). À Strasbourg, la « prime d’insalubrité » a été revalorisée dès la mise en place du protocole d’accord, de 25 euros nets à 70 euros.
« Au niveau de notre direction, on a obtenu tout ce qu’on pouvait. C’est bien mais ce n’est pas suffisant. Maintenant, c’est auprès de l’Agence régionale de la santé et du ministère que l’on pourra obtenir le reste », explique Florian Brunet. Du côté des syndicats, « la lutte continue » même si la grève est suspendue localement au sein des hôpitaux strasbourgeois.
« Nous soutenons les urgentistes en grève ou qui mènent des actions régulières comme à Lons-le Saunier. Le 6 juin dernier, nous sommes allés manifester à Paris. Si une nouvelle date de mobilisation nationale est décidée, nous serons de la partie », affirme Christian Prud’homme.
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