Un nuage de sable qui teint le ciel en jaune et recouvre les voitures de boue. Ce phénomène météorologique courant en hiver est causé par un vigoureux flux de vent du sud, appelé Sirocco, qui s’élève du Sahara et transporte avec lui des poussières désertiques.
Le nuage a d’abord traversé le sud et le sud-ouest de la France mardi 15 mars au matin avant de s’étendre dans tout le nord du pays. Il peut provoquer une augmentation des particules PM10 (de diamètre inférieur à 10 µm, NDLR) dans l’air, comme ce fut le cas lors du dernier épisode de nuage de sable en février 2021.
Moins de particules dans l’air grâce à la pluie
À Strasbourg, après une baisse significative à 6 µm/m3 lundi, le taux de particules est remonté à 20,6 µm/m3 mardi. Mais cette augmentation n’est pas due aux vents du Sahara, il s’agit de particules liées au trafic routier ou au chauffage, comme l’explique Mélodie Chatain, ingénieure à l’observatoire Atmo Grand-Est :
« Nos analyseurs n’ont observé aucun dépassement des valeurs limites de particules liées aux sables dans le Grand-Est et à Strasbourg. Les niveaux mesurés restent similaires voire plus faibles à ceux observés depuis début mars, où des épisodes de pollution par les particules locales ont eu lieu sur la région les 3, 11 et 12 mars 2022. Ce type de résultat est cohérent compte tenu des conditions météorologiques : la pluie a lessivé l’atmosphère et déposé le sable sur le sol avant que les concentrations ne soient importantes. Ce sont les traces que l’on observe sur les voitures. »
Une composition normale pour du sable
En parcourant de longues distances, les particules de sable peuvent transporter des polluants. C’est ce que montre une étude publiée en 2008 par la revue Epidemiology. Les chercheurs ont détecté la présence d’une cinquantaine de substances néfastes dans les sables du Sahara, dont du sulfate, du nitrate ou encore de l’ammonium.
Plus inquiétant encore, après la précédente vague de sable du Sahara en France en février 2021, une analyse des échantillons effectués par l’ACRO (l’Association pour le contrôle de la radioactivité dans l’Ouest) avait démontré la présence de résidus de pollution radioactive datant des essais de la bombe atomique pratiqués en Algérie dans les années 60. Ceux-ci étaient présents en concentration faible et ne représentaient pas de risque pour la santé.
Renaud Toussaint, directeur de l’institut terre et environnement de Strasbourg, affirme que ce nuage ne provient pas cette fois-ci de zone où les sables sont chargés en polluants :
« À priori, à l’endroit ou le vent a soufflé assez fort dans le Sahara, il n’y a pas de stock de particules polluantes dans le sable. Celui qui est arrivé chez nous a une composition minérale naturelle et normale pour du sable, donc on n’a pas de danger particulier pour l’air et les sols. De plus, le déplacement du nuage du nord de l’Afrique jusqu’à chez nous se fait dans la haute atmosphère, il n’y a donc pas non plus de risque qu’il se mélange avec des particules polluées. »
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