Les opposants au Grand Contournement Ouest (GCO) l’appellent « le procès de la butte ». Il aura lieu dans la matinée du mercredi 25 septembre au tribunal de grande instance de Strasbourg. Treize personnes seront jugées pour « vol en réunion » suite à une action qui date du samedi 20 avril, en plein week-end de Pâques. Ce jour-là en se réveillant, les habitants de Pfettisheim et de Pfulgriesheim, riverains du chantier, s’étonnent de la présence d’une cabane installée sur une butte à proximité des travaux. L’installation a été réalisée par un groupe d’une trentaine d’activistes au petit matin. Leur action et le slogan « ZAD PARTOUT » apparaissent sur plusieurs vidéos réalisées par des militants et relayées sur les réseaux sociaux.
Bilbo, l’un d’entre eux, explique l’objectif de l’action :
« L’idée était de réoccuper symboliquement le chantier pour montrer que nous ne baissions pas les bras. On voulait faire un coup médiatique pour attirer du monde dans la lutte. C’était évident qu’on allait se faire expulser mais on ne pensait pas que ça allait arriver aussi rapidement. »
Les chefs d’accusation contestés
Au cours de la même matinée, entre 60 et 80 gendarmes, dont certains font partie d’unités d’élites comme le PSIG (Pelotons de surveillance et d’intervention de la gendarmerie) convergent sur place. Une dizaine de personnes sont dans la cabane, le reste est devant. Peu avant 12h, alors que des habitants des villages alentours sont venus soutenir les militants écologistes, l’évacuation a lieu. Celle-ci est critiquée par les activistes qui jugent l’intervention policière « violente ». Treize d’entre eux sont placés en garde à vue.
Les militants anti-GCO sortent 48 heures plus tard, avec une convocation devant le tribunal correctionnel pour le 25 septembre. Le chef d’accusation est le même pour tout le monde: « vol » avec deux circonstances aggravantes : commis en réunion et des dégradations. Deux militants sont aussi accusés de violences envers des personnes dépositaires de l’autorité publique. Colin sera jugé mercredi, il témoigne :
« Déjà, il n’y a certainement pas eu de violence de notre part et ça les vidéos en attestent. Moi je suis accusé d’avoir volé du matériel de chantier. Mais la cabane a été construite avec du matériel que nous avons amené. Rien n’a été emmené hors du tracé de l’autoroute. Cette accusation est totalement absurde. Moi, j’étais dans la cabane au moment de l’intervention des gendarmes. Sans sommation, ils nous ont gazés depuis l’extérieur, nous étions totalement asphyxiés. Certains d’entre nous qui étaient dans la cabane et qui ont fait exactement la même chose que moi ont pu partir tout de suite. »
« Ils ne savaient pas ce qu’ils faisaient »
Maurine, qui était dans la cabane avec Colin, abonde à cette version des faits :
« J’ai eu de la chance, ils m’ont mis dans le bon groupe… L’un d’entre nous était en dehors du cordon des gendarmes, il était censé être tiré d’affaire. Il nous a ramené à manger et comme il s’est approché de nous, il a été emmené en garde à vue. Les gendarmes ne se souvenaient sûrement plus de qui il s’agissait. Il est maintenant accusé des mêmes faits. Ça démontre bien qu’ils choisissaient au hasard. »
La gendarmerie n’a pas souhaité répondre à nos questions au sujet de l’intervention. Jean-Luc Fournier, chargé de communication pour Vinci, justifie la plainte :
« Il y a eu intrusion sur le chantier et notre matériel a été déplacé. Au vu de ce vol nous avons porté plainte, c’est normal. Il y a eu de multiples événements de ce type sur le chantier. »
Les militants écologistes ont organisé un événement de soutien avec notamment des prises de paroles, de la musique et de la petite restauration. Celui-ci commencera à 8h devant le tribunal de grande instance. Le soir, un concert de soutien est également organisé au Molodoï avec l’artiste Kalune.
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