C’est la première fois que l’Ensemble intercontemporain passe commande d’un conte musical à un compositeur – et la deuxième fois que Lucia Ronchetti adapte en musique le célèbre conte de Carlo Collodi : créées à Rouen en février 2017, Les aventures de Pinocchio s’appuient sur la longue expérience de la compositrice italienne en matière de théâtre musical et d’œuvres pour enfants. D’abord destiné au jeune public, ce conte musical met aux prises le personnage principal – incarné par la jeune Juliette Allen, soprano – avec cinq solistes de l’EIC, représentant ses différents interlocuteurs. Sans compter la participation active des enfants du public, prévue par la partition et la mise en espace de Matthieu Roy !
Toujours soucieuse d’enchaîner les scènes sans pause ni attente, l’adaptation du conte s’attache au voyage du héros du monde des pantins à celui des hommes : après avoir écrasé le Grillon d’un coup de maillet, tenté de cuire une omelette et s’être brûlé les pieds, Pinocchio revend son alphabet, rencontre Mangefeu au Théâtre des Marionnettes, croise le Chat, le Renard, les Assassins, suit Lumignon au Pays des jouets et est avalé par le Requin baleine dans le ventre duquel il retrouve Geppetto. Quand enfin Pinocchio accepte d’aller à l’école, il se réveille transformé en petit garçon.
Une mise en espace adaptée au jeune public
Juliette Allen n’a pas de long nez : mais elle a le grain de folie indispensable pour habiter le rôle du pantin polisson. Chacun des cinq instruments représente, quant à lui, plusieurs personnages du récit : ainsi le violon est-il tour à tour Le Renard, Le Dauphin, La Limace, Le Perroquet, Les Marionnettes et Les deux Assassins. Leur écriture doit par ailleurs beaucoup à la personnalité des solistes de l’EIC, choisis pour leur adhésion au projet. Attachée à parler à l’imaginaire du public, la partition n’hésite pas en outre à multiplier à cet effet clins d’œil et citations – de Nino Rota (pour évoquer le Pays des jouets) à Stravinsky (les courses de Pinocchio), de Lully (la marche de Mangefeu) à Pink Floyd (le Requin baleine).
La mise en espace de Matthieu Roy, familier de l’opéra et du spectacle jeune public, s’inspire de l’épure du théâtre de rue italien. Seul instrumentiste mobile, le percussionniste est invité à solliciter les réactions et la participation du public, par le chant ou le jeu sur des petits instruments. Pour s’assurer que tout le monde sera bien du voyage…
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