François Ruffin (La France insoumise) a fait l’aller-retour à Strasbourg mercredi 19 septembre et en particulier sur les collines de Kolbsheim, en surplomb de l’ancienne forêt et Zad du Moulin, désormais rasée. Pour la première fois un député non-alsacien, s’est intéressé au dossier du Grand contournement ouest (GCO – voir tous nos articles) de Strasbourg, ce projet d’autoroute payante de 24 kilomètres, dont les travaux ont débuté ce mois-ci.
Prise de connaissance récente
Vers 10h, il est arrivé devant le tribunal administratif au moment où débutait un double recours en référé. Avenue de la Paix, il a encouragé la centaine de manifestants restés devant les grilles : « Ne baissez pas les bras. Parfois, les victoires surgissent au moment où on s’y attend le moins. Cette bataille, vous pouvez la gagner. »
L’élu picard a appris l’existence du GCO avec l’évacuation de la zone à défendre : « Je l’ai appris à la radio, je ne suis ni plus bête, ni plus malin qu’un autre. Et on m’a écrit sur mon adresse e-mail à l’Assemblée. Je n’ai pas une cartographie de tout ce qui passe en France. Je peux intervenir plus en amont sur des dossiers plus près de chez moi, car je suis plus vite informé », a-t-il répondu à Rue89 Strasbourg plus tard dans la journée.
Au-delà de ce mot d’ordre général, il a salué, une fois n’est pas coutume, l’action d’une députée de la majorité, Martine Wonner (LREM), qui s’oppose fortement au projet d’autoroute payante.
À l’écoute d’opposants dans les champs
Il est ensuite allé à Kolbsheim, village symbole de la résistance au projet. Le journaliste fondateur de Fakir a le sens de l’événement. Assis sur un banc dans un champ et avec une table, il a écouté un à un les opposants qui souhaitaient s’exprimer. Ce qu’il a appelé « commission d’enquête officieuse et décentralisée » est filmé et diffusé en direct sur sa page Facebook. Pendant plus d’une heure, il a pris des notes et écouté des opposants et non les promoteurs et concepteurs du projet.
« Mes petits enfants l’appelaient la forêt des dinosaures », lui raconte avec émotion une habitante de 65 ans, « choquée » par l’intervention policière. En contrebas, on entend les tronçonneuses. « Venir sur place permet de faire la différence entre des mots écrits sur une feuille, et des visages et paysages », commente par la suite le député.
L’Europe des camions
D’un point de vue plus politique, le dossier est selon lui un symptôme de la question du transport des marchandises dans « l’Europe des camions ». Un débat que doit avoir tout le continent selon lui, en prenant en compte les contraintes écologiques :
« Je dis parfois qu’il faudrait mettre un camion au milieu des étoiles du drapeau européen. Les camions sont un mode de transport pas cher qui éloignent les lieux de production des lieux de consommation. Au train, on fait payer le prix du rail, c’est pour cela qu’il n’est pas compétitif. Le prix de la route est externalisé, pourtant un camion abîme la chaussée des milliers de fois plus qu’une voiture. »
François Ruffin a indiqué qu’il reviendra peut-être, « si je peux être utile ». « C’est moi qui compte sur vous. Quand vous manifestez, cela nous donne un porte-voix dans l’hémicycle », a conclu celui qui compte désormais sensibiliser les 16 autres députés de La France insoumise au GCO.
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