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François, résistant-déporté, à gauche depuis la guerre, ne votera pas socialiste

En juin 1940, le jeune François rejoint les Éclaireurs de France puis la résistance en 1942. Déporté en Allemagne, il se fonde une conscience politique de gauche. Mais pour la première fois depuis 40 ans, il ne votera pas socialiste.

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François, ancien résistant, déporté en Allemagne, ne votera pas pour Benoit Hamon (Photo Baptiste Cogitore / Rue89 Strasbourg / cc)

Né en 1926 dans une famille bourgeoise de Savoie, dont les deux parents sont des fonctionnaires socialistes, « très IIIe République », François grandit auprès de deux sœurs qui deviendront des militantes communistes après avoir épousé des figures politiques de l’après-guerre.

Lui s’est toujours senti étranger à toutes les « chapelles », et trop épris de liberté pour suivre la ligne d’un parti. Mais violemment « antinazi » en juin 1940, il rejoint les Éclaireurs de France alors qu’il est encore au lycée de Clermont-Ferrand. Il suit son groupe lorsque ce dernier rejoint le maquis. En octobre 1943, son chef scout est arrêté après une attaque manquée contre le chef de la milice. François est alors étudiant en droit à l’université de Strasbourg, repliée à Clermont-Ferrand. Le 25 novembre, il est pris dans une rafle qui le conduira avec 130 personnes dans les camps nazis. Après un séjour en prison, il est envoyé à Buchenwald puis à Flossenbürg.

« Ma conscience politique a largement été formée à travers ma déportation et les discussions que j’ai pu avoir avec mes camarades. »

François, ancien résistant, déporté en Allemagne, ne votera pas pour Benoit Hamon (Photo Baptiste Cogitore / Rue89 Strasbourg / cc)
François, ancien résistant, déporté en Allemagne, ne votera pas pour Benoit Hamon (Photo Baptiste Cogitore / Rue89 Strasbourg / cc)

Avocat de gauche dans les années 50

Si François affirme n’avoir jamais manqué une élection, il ne se souvient pas pour autant de son premier bulletin de vote.

« En tant qu’homme de gauche, j’ai dû voter pour la SFIO, mais je ne m’en souviens pas. Je sortais des camps, j’ai eu une convalescence longue et difficile et en 1951, j’entrais comme jeune avocat au barreau de Strasbourg : ma carrière commençait en même temps que ma vie de famille. J’avais d’autres choses en tête que la politique. »

Dans les années 1960, séduit par François Mitterrand pour qui il éprouve une véritable « fascination », François rejoint la Convention des Institutions républicaines (CIR), un rassemblement des clubs de gauche qui portera la candidature de François Mitterrand à la présidentielle de 1965. « Le premier meeting de Mitterrand à Strasbourg a dû rassembler 200 personnes », se souvient François qui, à l’époque, accueille le candidat de gauche lors de ses passages en Alsace, rassemble des intellectuels strasbourgeois dans son salon.

En 1971, la CIR se dissout dans le nouveau Parti socialiste, créé deux ans plus tôt. Lors du congrès d’Épinay, François Mitterrand est investi premier secrétaire général. Il doit rapprocher Socialistes et Communistes en vue des élections législatives de 1973, puis de la présidentielle de 1981. François, lui, adhère alors au PS.

« Pendant les campagnes, on collait des affiches, on militait vraiment avec ma femme. À ce moment-là, François Mitterrand incarnait pour moi l’intelligence et la pédagogie. Les idées qu’il exprimait correspondaient exactement avec ce que je ressentais. Et lorsqu’il est revenu en mars 1981 faire un meeting de campagne à Strasbourg au Wacken, il m’a demandé si on n’avait pas vu un peu grand pour la salle… En fait, il y avait 5 000 personnes : c’était bondé ! »

En 2017, toujours socialiste, mais inquiet

François ne milite plus, mais il est toujours socialiste et adhérent au PS.

« J’avoue que je ne me reconnais plus aujourd’hui dans le PS. Je suis extrêmement inquiet parce que ce parti part en morceaux, sans qu’il y ait une figure de la trempe de Mitterrand pour rassembler la gauche, alors que tout le monde s’attend à voir Marine Le Pen au second tour. »

Aux deux tours de la primaire de la gauche, François a voté pour Manuel Valls, « un homme de conviction et émouvant, qui n’est pas né français mais qui l’est devenu. » Il votera peut-être pour Emmanuel Macron mais certainement pas pour le candidat du Parti :

« Benoit Hamon est très intelligent, mais il porte des idées irréalisables. Je ne me vois pas voter pour quelqu’un qui n’a pas les pieds sur terre ! Malheureusement, aucun candidat de gauche ne me semble capable de diriger la France aujourd’hui. »


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