Discuter, échanger, mettre des thèmes ardus mais essentiels en débat sur la place publique, c’est la vocation du Forum européen de bioéthique (Febs), prévu à Strasbourg du lundi 25 au samedi 30 janvier. Cette manifestation, qui rappelle une nouvelle fois qu’elle n’est pas un colloque de santé restreint aux professionnels, a pris pour thème « le normal et le pathologique » cette année, après la fin de vie, l’argent, le cerveau…
Et chaque année, des centaines de personnes se pressent à l’Aubette et à la librairie Kléber pour écouter les conférences de spécialistes et poser leurs questions. Ces conférences pourront d’ailleurs être suivies en direct et en vidéo sur Rue89 Strasbourg.
« S’interroger sur les limites, les frontières et les définitions »
Cofondateur du Febs, le Pr Israël Nisand, chef du pôle obstétrique des Hôpitaux de Strasbourg, détaille les raisons qui ont abouti au choix du thème 2016 :
« Avec “Le normal et le pathologique”, le Forum revient à l’essence même de sa raison d’exister : s’interroger sur les limites, sur les frontières, sur les définitions. Qu’est-ce qui relève de la maladie et qui donc se soigne ou doit être traité, et qu’est-ce qui doit être laissé en l’état ? Ainsi, on diagnostique en vingt ans cinq fois plus de troubles bipolaires. Mais où est la limite pour diagnostiquer cette affection psychologique, qui nécessite des traitements lourds, par rapport à quelqu’un dont le caractère est parfois dépressif, parfois exalté ? »
Pour le Pr Nisand, « il ne se déroule pas une année sans que je ne change d’avis sur un thème » en participant aux conférences du Febs. Car c’est bien là l’objectif du Forum de bioéthique, que les avis soit entendus et confrontés sur des sujets souvent tabous, parce qu’ils touchent à l’intimité du corps ou des pratiques. Ainsi, deux conférences du samedi sont consacrées aux questions de genre et de sexe, avec des thèmes comme « qui décide et définit le genre ? » et « rencontre du 3e sexe » pour évoquer le sort des « indéterminés »…
Nouveauté de cette année, des événements appelés « vis à vis » mettront côte à côte des orateurs dont les pensées sont opposées sur certaines thématiques : « L’acharnement procréatif, est-ce bien normal ? » ou encore « connaître ses gênes : rêve ou cauchemar ? »
Une chaîne YouTube documentaire
L’ensemble des échanges sont filmés, et reproduits sur la chaîne YouTube du Febs. Pour Nadia Aubin, directrice du Febs, cette collection constitue désormais une encyclopédie sur la bioéthique, interrogée tout au long de l’année par tous ceux que ces sujets intéressent :
« Nous sommes le seul espace d’échanges grand public sur ces questions. Il existe des cénacles où des professionnels devisent, mais les citoyens n’y sont pas invités. C’est d’autant plus dommage qu’ensuite, les lois sont rédigées en fonction de leurs avis. Au Forum de bioéthique, nous proposons justement aux experts de rencontrer les gens et vice-versa. Il est essentiel que chacun d’entre eux s’empare de ces questions et se forge une opinion. »
Le Forum organise tout au long de l’année des rencontres dans les lycées et cette année, des lycéens de Barr sont invités à participer et à poser des questions qu’ils auront préparé en classe. Les sujets peuvent sembler éloignés des préoccupations des jeunes, mais pour Israël Nisand, leur participation est essentielle puisque ce dont il est question au Febs, « c’est du monde de demain ». En 2017, le thème du forum portera sur l’hybridation de l’homme par la machine.
L’accès aux quelques 50 conférences est gratuit. Le Febs est soutenu par la Ville, l’Eurométropole de Strasbourg et la Région Alsace à hauteur de 230 000€.
Note : Rue89 Strasbourg est partenaire du Forum européen de bioéthique.
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