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Une forêt sensationnelle au TJP, où tout-petits et grands expérimentent ensemble

Benoît Sicat présente Le son de la sève au TJP petite scène du 13 au 19 octobre. Une occasion unique pour chacun d’éveiller ses talents de musicien et de sentir les innombrables bienfaits de l’appel de la forêt, très à propos en ce début d’automne. Pour tous publics à partir de 2 ans.

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Nicolas Camus et Benoît Sicat (à droite) au milieu de leurs instruments forestiers.

Nicolas Camus et Benoît Sicat (à droite) au milieu de leurs instruments forestiers.
Nicolas Camus et Benoît Sicat (à droite) au milieu de leurs instruments forestiers.

Un spectacle le lundi matin à 9h15, ce n’est pas commun. Dès l’arrivée dans la salle d’accueil du TJP petite scène, on prend un bain de jouvence : des rangées de tout-petits, entre 2 et 3 ans, ainsi que leurs accompagnatrices, attendent le début du spectacle en entonnant force comptines et chansonnettes. L’enfance revient, avec son cortège de sourires et de lunettes improbables, de regards curieux et de vêtements multicolores. Mais quel contraste alors lorsqu’on rentre dans la salle de spectacle ! Nous pénétrons à la queue leu leu, comme des mineurs, dans une salle obscure et sans bruit. Le silence se fait compact et presque inquiétant. Les enfants sont à l’affût.

Émergeant alors de l’obscurité et du silence, Benoît Sicat (qui est aussi le metteur en scène) et son acolyte Nicolas Camus avancent vers les spectateurs avec d’étranges instruments de musique, taillés dans le bois brut. Des sons forestiers, craquements de bois et autres cris d’oiseaux, commencent à emplir l’atmosphère sous les yeux attentifs et les oreilles suspendues des petits. C’est une invitation, une étrangeté familière que cet appel de la forêt.

Certains enfants, les plus curieux, s’approchent et commencent à participer à la création de ces sons avec les musiciens – improvisateurs, tandis que les autres, timides encore, admirent avec une pointe d’envie la témérité de leurs congénères.

Une vidéo de présentation

Petit à petit des rais lumineux révèlent une forêt d’arbres-trognes, qui sortent de l’abîme pour se donner à voir, à visiter. Les spectateurs sont invités à se mouvoir à travers une installation de troncs d’arbres creusés, transformés en instruments de musiques uniques et robustes, produisant des sons au plus près des bois. Chacun est invité à toucher, sentir, produire des sons, explorer et découvrir l’identité spécifique de chaque arbre, ce qu’il raconte et ce qu’il produit.

Expérience sensorielle

 

C’est une expérience sensorielle qui trouve tout son sens à travers cette façon brute d’appréhender le monde qu’ont les enfants, les tout-petits en particulier. Le petit Victor expérimente à tout crin, battant le rythme et chantant, tandis que l’à peine plus grande Blanche danse, comme emportée par une transe joyeuse.

La beauté de cette improvisation sonore et collective touche aussi bien les grands, et chacun y va de sa contribution. Les membres de l’équipe du TJP, enthousiastes, ne sont d’ailleurs pas en reste ! Cette apparente cacophonie, guidée avec brio par les deux interprètes, forme un ensemble cohérent qui confère parfois à une mélodie. En retrouvant quelque chose d’un peu primal, certains instants donnent à percevoir des réminiscences de fête païenne ou de transe chamanique, tandis que d’autres évoquent plutôt le zen des jardins japonais.

En tous les cas, l’invite au voyage imaginaire est là. Et, le temps du voyage, tout le monde fait partie de la même tribu, car tous partagent cette expérience à la fois collective et profondément intime.

Un artiste jardinier

Benoît Sicat se présente comme un « artiste en chemin, qui voudrait toujours être là où on ne l’attend pas ». Artiste multiple, plasticien, peintre, photographe, metteur en scène, mais aussi, et c’est plus rare, créateur de « terriers » et de « lutherie bocagère », Benoît Sicat expérimente comme un jardinier crée son domaine : avec constance et audace.

Le son de la sève lui permet de poursuivre son questionnement artistique par rapport au monde végétal, dans la lignée du Jardin des possibles, autre spectacle créé en 2002 et déjà présenté au TJP la saison dernière.

Il semblerait que Renaud Herbin, le directeur du TJP, veuille accompagner ces expérimentations en offrant aux Strasbourgeois une occasion de plus de les partager, puisque Benoît Sicat sera en résidence de création au TJP en janvier et février 2015 pour la création de son prochain spectacle Comment ça marche. Que l’on soit grand ou tout petit, seul ou en famille, l’on ne peut que se réjouir d’avance de pouvoir à nouveau explorer ces voies sensationnelles au plus vite.

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