Pourquoi onze et pas dix points ? Car il y a onze joueurs sur le terrain.
1 – La star du Racing joue en défense
D’habitude, les attaquants marquent le plus de buts et sont les plus connus. Les joueurs de pointe Ludovic Ajorque, Nuno Da Costa et Lebo Mothiba n’ont pas démérité cette saison. Mais celui qui attire le plus les regards s’appelle Kenny Lala, arrivé à l’été 2017, et joue arrière droit, ou « latéral » dans une défense à 5 joueurs (3 au milieu et 2 sur les côtés).
Le système de jeu de Strasbourg a notamment été imaginé pour mettre en valeur ses qualités offensives. Résultat : 4 buts et surtout 11 passes décisives (les passe avant les buts) toutes compétitions confondues cette année pour Kenny Lala. Vous le verrez sûrement courir à toute allure en bas de votre écran (vers la droite) ou en haut (vers la gauche) puis centrer la balle vers le milieu.
📊 Kenny Lala a délivré 1️⃣1️⃣ passes décisives cette saison, toutes compétitions confondues. C'est plus que Pavard, Sidibé, Malcuit et Dubois réunis (5 au total) 🤞🇫🇷 ! pic.twitter.com/EIrz2KWxr0
— Racing Database 🥨 (@1RacingDatabase) March 14, 2019
Pré-sélectionné en équipe de France en mars, il n’a finalement pas été retenu dans le groupe de Didier Deschamps pour les premiers matches de qualification de l’euro, mais cet intérêt témoigne de la progression du joueur de 28 ans. Restera, restera pas au Racing cet été ? Le président Marc Keller a indiqué au micro de RMC que seule une grosse offre pourrait le faire réfléchir. Le joueur, qui vient de prolonger son contrat, a dit qu’il n’irait pas dans un club qui « offrira moins » que Strasbourg. Comprendre, en temps de jeu et peut-être une coupe d’Europe (voir au numéro 8).
#Téléfoot
Kenny Lala sur son avenir : "La Lazio ça reste un grand club. Un départ en janvier n'est pas ce que je voulais. Je ne veux pas partir dans un club qui m'offrira moins que Strasbourg". pic.twitter.com/rpRSS7gqC7— Téléfoot (@telefoot_TF1) February 24, 2019
2 – Les finales ne sont pas toujours trépidantes
Les spectateurs occasionnels de football ont sûrement le souvenir de la très spectaculaire finale de la Coupe du Monde entre la France et la Croatie (4-2). Mais toutes les finales ne sont pas de cet acabit. Elles sont parfois très fermées, pour ne pas dire ennuyeuses. Les équipes prennent peu de risques et seulement quelques moments-clés font basculer le match.
Le journaliste à BeIn Sports Jeoffrey Voltzenlogel, auteur de plusieurs livres sur le Racing à base de statistiques (dont le dernier est Racing Data Story) qu’il compile « par passion », s’est d’ailleurs plongé dans l’historique : « Avant les 5 dernières années où le PSG l’emporte, les trois dernières finales se terminent par 1-0 ». L’animateur du compte Twitter @1RacingDatabase poste régulièrement des infos historiques, comparaisons et insolites. Une bonne source pour briller en société. Samedi soir, il sera dans les gradins et ne compte pas toucher à son téléphone pour profiter de la finale : « ça arrive une fois tous les quinze ans ». Mais il promet quelques trouvailles sur ce compte pour les jours suivants.
Le Racing a aussi par le passé remporté deux autres finales (la Coupe de France 2001, la Coupe de la Ligue 1997) sur le score de 0-0, ce qui a nécessité des tirs aux buts (et même 8 tirs). Il faudra donc peut-être faire preuve de patience avant d’entamer la troisième mi-temps.
📊🏆 Les frappeurs aux tirs au but du @RCSA en finale de la @CoupeLigueBKT 1997 :
❌ Gérald Baticle
✅ @pnouma21
✅ Jan Suchoparek 🇨🇿
✅ @valerien_ismael
✅ Karim M’Ghoghi 🇲🇦
❌ Philippe Raschke
✅ Stéphane Collet
✅ Yannick Rott pic.twitter.com/Q8Ag8Ig2tf— Racing Database 🥨 (@1RacingDatabase) March 23, 2019
3 – Rhénus, bar, chez soi… Bien choisir son spot
Où regarder la finale à l’extérieur à Strasbourg ? La place Saint-Nicolas-aux-Ondes à la Krutenau est devenu un lieu prisé avec ses bars et ses grandes terrasses, notamment en cas de beau temps. Idem pour la place d’Austerlitz, plus proche du centre-ville. Mais pour être bien placé, il faut arriver plusieurs heures en avance soit vers 18h pour un coup d’envoi vers 21h. La météo annonce un beau samedi, mais les températures retombent vite pendant la nuit, ce qui nécessite aussi de s’équiper pour ne pas finir le match congelé. En cas de prolongation, voire de tirs aux but, le match se terminerait vers 23h30.
Une projection sur grand écran est prévue au Rhénus, dans le quartier du Wacken, sur inscription gratuite. La salle, dont les portes ouvriront à 19h, pourra accueillir jusqu’à 8 000 personnes et aura une petite restauration. Enfin, le match est diffusé sur France 2 ce qui permet à tout le monde de le regarder chez soi.
En cas de victoire, aucune règle existe, mais les fêtards ont l’habitude de converger vers la place Kléber. Le dimanche ou le lundi suivant, une présentation du trophée aux supporters se déroule au centre-ville, l’Hôtel de ville place Broglie ou place Kléber (comme après la montée en Ligue 1 en 2017). Le match suivant à la Meinau se joue quatre jours plus tard, le mercredi 4 avril, contre Reims et pourrait être une occasion de revoir les joueurs (et le trophée). Quelques places sont encore disponibles.
4 – À Lille, Strasbourg a déjà gagné le match des tribunes
Dans le stade Pierre Mauroy de Lille de 50 000 sièges, toutes les 11 900 places réservées au club de Strasbourg ont trouvé preneur. De surcroît, environ autant d’Alsaciens ont acheté leurs places parmi celles ouvertes au grand public, car ils craignaient de ne pas avoir accès à celles réservées au club. Et pour cause, il y en avait moins d’une par abonné (environ 19 000).
Chez les Bretons de Guingamp, ce n’est pas tout à fait le même enthousiasme. « L’En Avant » est 18ème en Ligue 1 et surtout préoccupé par son maintien. Il a retourné 3 900 places sur son quota. Comparaison n’est pas raison, il faut dire que Guingamp est moins bien relié à Lille et surtout son agglomération avec Paimpol dans les Côtes d’Armor ne compte que 73 000 habitants, soit 7 fois moins d’habitants qu’à Strasbourg.
Dans les rues de Lille, un cortège partira à 16h45 du parc Jean-Baptiste Lebas, distant de 5 kilomètres du stade. Jusqu’à 5 000 personnes sont attendues pour arriver bien en avance, chanter, manger quelques tartes flambées, avant d’encourager les Bleus et blancs dès l’échauffement. Surprise ou pas dans les tribunes avec une banderole ou un « tifo » comme au Stade de France en 2005 ? Suspense, car les Strasbourgeois auront accès aux installations que tardivement… Mais les supporters les plus impliqués savent être ingénieux.
🏟️🔥 Marc Keller dans le @LateFootClub "Le souvenir que j'ai de notre finale de 2005, c'est notre tifo "VAINCRE". Ça va rester…" #LateFC #AllezRacing #LiveRCS #RCSAEAG
( 📷 @BleuAlsace ) @gkuntzmann @EricBesnard1 pic.twitter.com/CIAHpAH1g8— AU COEUR DU RCS (@AUCOEURDURCS) March 20, 2019
Après le match, les Bretons ou les Alsaciens devraient célébrer (ou se consoler) du côté des rues Solférino et Massena, les « rues de la Soif » lilloises.
5 – Les supporters sont au top, mais tout n’est pas rose
Jeoffrey Voltzenlogel constate que « dans les médias nationaux, il y a un regard bienveillant sur le club ». Cela vient en partie de l’ambiance mise par son public à domicile, comme à l’extérieur. Mais lors du dernier match à Nîmes, un centaine de supporters des UltraBoys 90 ont voulu démontrer qu’ils n’étaient pas une menace pour la sécurité publique, en arrivant par la gare, en dépit d’un arrêté qui l’interdisait.
Attendus par les policiers, ils ont été accompagnés au poste de police et renvoyés à Strasbourg sans voir le match. Partout en France, des arrêtés successifs interdisent aux supporters de se rendre dans les rues autour des centrales et autour des stades. Le club n’a pas réagi au cas nîmois.
— Ultra Boys 90 (@UltraBoys90) March 20, 2019
6 – Les chants en tribune sont un sujet polémique
Peut-on crier « PD » ou « enculé » à l’encontre d’un adversaire, de l’arbitre, ou de la Ligue professionnelle de foot dans un stade ? Pour la ministre des Sports, l’ancienne nageuse mulhousienne Roxana Maracineau, qui a assisté PSG-OM le 17 mars, c’est non. La ministre souhaite mettre les clubs à l’amende. Dans le monde du foot, on est gêné aux entournures avec ce sujet un peu tabou. La présidente de la Ligue Nathalie Boy de la Tour a notamment expliqué que certains spectateurs assimilaient cela à un « folklore », sans pour autant rendre « acceptables » ces propos.
Plus généralement, les spécialistes estiment qu’il est difficile de sanctionner concrètement ce genre de comportements dans une tribune. Cette finale sensée célébrer « la Ligue » est le premier match professionnel français depuis cette polémique.
7 – On risque de reparler du dossier du stade de la Meinau dans les prochains mois
Refait en 1984, le stade de la Meinau à Strasbourg n’a pas connu de grande rénovation depuis. L’enceinte appartient à l’Eurométropole. Le projet de rénovation table sur l’ajout d’une tribune surélevée sur l’un des deux grands côtés. Les tribunes pourraient passer de 26 000 à 33 000 places environ, dont une part importante de loges pour sponsors. Les quatre collectivités (Ville, Eurométropole, Département et Région) vont verser 60 millions d’euros et 40 millions restent à trouver, notamment via un prêt et peut-être un sponsor qui donnerait son nom au stade.
Le détail du projet final n’est pas encore connu, si bien que le sujet pourrait s’inviter dans le débat d’ici les élections municipales de 2020. Question timing, le club et la métropole espèrent la fin des travaux avant les Jeux olympiques de 2024, où Strasbourg compte accueillir des rencontres.
8 – Une victoire samedi qualifierait le Racing pour une coupe d’Europe
Remporter la Coupe de la Ligue permet de tenter sa chance dans la compétition européenne de deuxième rang, l’Europa League. Mais pour cela le parcours est désormais semé d’embûches.
Jeoffrey Votzenlogel détaille ce qui attend peut-être le Racing, non sans risque :
« Se qualifier en Europa League après avoir gagné la Coupe de la Ligue demande de passer deux tours avec des matches aller-retour, dont le premier emmène souvent dans des pays exotiques tels la Moldavie ou l’Albanie, dès la fin juillet puis un autre tour. Et ensuite, il y a encore un tour de barrage, avec des équipes un peu plus fortes, où l’ont pourrait avoir Saint-Petersbourg, la Lazio de Rome, le FC Séville… Donc quand le championnat commence, l’équipe qui passe par là peut avoir déjà quatre matches dans les jambes et une dizaine en tout dès la fin du mois d’août, avec de longs déplacements. Bordeaux a réussi cela cette année, mais connait un trou d’air aujourd’hui. C’est une difficulté qu’il faut anticiper notamment pour composer son effectif, mais le Racing saura faire. »
S’il passe ces trois épreuves, le Racing accéderait à un tour de poule à 4, avec de meilleures équipes, ce qui garantit 3 matches à la Meinau (et 3 ailleurs en Europe) entre septembre et décembre. Voilà qui promettrait de belles affiches en Alsace.
Cette opportunité de jouer une coupe d’Europe pourrait aussi permettre au club de gagner un nouveau public. Jeoffrey Votzenlogel remarque aussi que le club a peu de fans en dehors de ceux qui ont un lien personnel avec le club. « Une étude assez documentée montrait que l’on devient fan d’un club d’une ville où l’on habite pas lorsqu’il réalise un exploit et que la personne a entre 6 et 12 ans », se rappelle le journaliste. Un nouveau défi pour le club ?
9 – La dernière fois qu’il a gagné la Coupe, l’effervescence n’était pas la même
La dernière finale de Racing remonte à 14 ans, la Coupe de la ligue (déjà), gagnée en avril 2005, au stade de France. Compte tenu de l’euphorie actuelle, difficile d’imaginer que la demi-finale s’était jouée dans une Meinau loin d’être pleine (11 307 spectateurs, 1-0 face à Saint-Étienne). Le club alors présidé par l’allemand Egon Gindorf connaissait une période d’instabilité avec des reventes, des changements d’actionnaires, des problèmes extra-sportifs, sur fond de résultats médiocres. L’affluence moyenne cette saison-là était de 17 441 spectateurs (pour une capacité à l’époque de 29 000 places). Rien à voir avec cette saison où le club enchaîne les guichets fermés (12 en 14 matches), pour sa deuxième année au plus haut niveau. Un indicateur que l’effervescence sera encore plus forte dans les rues en cas de victoire ?
L’année 2005 est d’ailleurs la dernière « bonne » saison du Racing dans l’élite (malgré un début difficile et un changement d’entraîneur), où en plus de ce titre, il se classe onzième (le Racing est actuellement dixième). L’année suivante, il descend en Ligue 2. Malgré une remontée immédiate en 2007, il redescend aussi vite, et c’est le début de la spirale négative qui entraîne le club jusqu’au niveau amateur, le cinquième échelon du foot français en 2010. On espère que l’histoire ne se répétera pas.
10 – Le Racing a trois rescapés de la troisième division
« Dire qu’il y a trois ans, ils n’étaient qu’en troisième division », c’est la phrase que l’on devrait entendre à la télé ou dans les discussions. Ce retour rapide au plus haut niveau fait partie de la cote du popularité nouvelle du club historique. Mais cette page a été tournée. Dans l’équipe actuelle, seuls Abdallah N’Dour, Jérémy Grimm et Dimitri Liénard ont connu l’échelon National.
Le Colmarien Jérémy Grimm est blessé depuis l’automne, Abdallah N’Dour joue peu. Dimitri Liénard, baladé à plusieurs postes cette année, a le plus de chances de fouler la pelouse. Joueur combatif et apprécié des fans, le héros du maintien en 2018 grâce à un but à la dernière minute de l’avant-dernier match, n’est cependant pas certain d’être titulaire, le système de jeu étant moins adapté à son profil.
11 – Le Racing n’a plus gagné depuis… sa victoire en demi-finale fin janvier
La Meinau était en effervescence le mercredi 30 janvier pour la victoire face à Bordeaux (3-2). Cette qualification avec panache couronnait un mois de janvier inespéré : 6 victoires toutes compétitions confondues, dont 5 buts à Monaco, contre une seule petite défaite prévisible en Coupe de France à Paris. Depuis, le Racing affiche un bilan de 3 défaites 4 matches nul et zéro victoire. Pas terrible en termes de points, mais de quoi quasi assurer son maintien. L’équipe a pourtant fait de bons matches sur le terrain, notamment en partageant les points avec Lyon (3è) et Lille (2è).
Avant le déplacement à Nîmes, le coach Thierry Laurey indiquait qu’il n’était pas inquiet par cette moins bonne série, car sur le terrain son équipe jouait bien contrairement à « l’an dernier à la même période, où là on pouvait se poser des questions. Cette saison, on joue beaucoup mieux, on marque plus et on encaisse moins de buts ».
Pendant la même période, son adversaire Guingamp, qui n’est pas favori, affiche un meilleur bilan (2 victoires, 2 matches nuls et 2 défaites). Toutes ces considérations statistiques ont tendance à s’estomper une fois le coup d’envoi donné. Comme l’a rappelé son entraîneur, Strasbourg n’était d’ailleurs pas le favori lors des trois tours précédents contre Lille, Marseille et Lyon.
🎙️ Thierry #Laurey : "Le classement ne veut rien dire en Coupe. C'est du 50/50. Sinon, nous n'aurions pas éliminé le @losclive, @OM_Officiel ou @OL… Il faudra être concentrés et ne pas surjouer." #FinaleCDLBKT pic.twitter.com/HO8ITA7Os1
— Racing Club de Strasbourg Alsace (@RCSA) March 29, 2019
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