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Flamme olympique à Strasbourg, une parenthèse qui rassemble

Des milliers de personnes sont venues assister au passage de la flamme olympique à Strasbourg mercredi 26 juin. Nombre d’entre elles décrivent avec joie une parenthèse rassembleuse, loin des tensions politiques intérieures et internationales.

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Flamme olympique à Strasbourg, une parenthèse qui rassemble
Le jeune Colmarien est soupçonné de vouloir s’en prendre à des porteurs de la flamme olympique.

L’été aura débuté avec un peu de retard. Ce mercredi 26 juin à Strasbourg la flamme olympique a suscité une ferveur estivale, à l’inverse d’une fête de la Musique pluvieuse. Sur la Grande-Île en fin d’après-midi, la foule commence à s’agglutiner derrière les barrières de métal. Couples, familles ou groupes d’amis attendent patiemment le passage de la flamme olympique. Sur toutes les lèvres, la sensation de vivre un « moment unique », « l’occasion d’une vie ». En prolongeant la discussion, une autre motivation se dessine : le besoin d’un moment festif et rassembleur, autour de valeurs de paix et de solidarité.

Un moment loin des élections

À deux pas du pont du Corbeau, Isabelle et sa petite fille Charlotte sont venues d’Ostwald pour apercevoir les chanteurs alsaciens : Matt Pokora et Martin Léon. La conseillère en vente de 47 ans se sent rassurée par le bon déroulement de l’événement :

« Ça me fait peur depuis la dissolution : est-ce que les législatives vont perturber l’organisation des Jeux olympiques ? J’imagine qu’au niveau du ministère des Sports ou de l’Intérieur, ce sera compliqué de se passer un tel dossier, au beau milieu de l’événement. Mais ça fait du bien de se changer les idées avec un moment de partage où l’on ne pense pas aux élections. « 

Isabelle et sa petite fille Charlotte, venues d’Ostwald pour voir la flamme et le chanteur Matt Pokora.Photo : Mathilde Cybulski / Rue89 Strasbourg

En face de la cathédrale, bien abrité à l’ombre, un petit groupe d’Ukrainiens patiente. Nathalia, Irene, Mykhailo et deux Anne ont trouvé refuge en Suisse après le début de la guerre en Ukraine. Ils vivent à Bâle et sont venus à Strasbourg pour voir la flamme olympique. Dans un allemand encore balbutiant, Anne évoque un événement « que nous vivons peut-être pour la première et dernière fois ». À ses côtés, Nathalia tend son téléphone après avoir enregistré quelques mots ukrainiens sur Google : « Quand les Jeux olympiques commencent, c’est un peu comme si les guerres prenaient fin. Nous souhaitons tant la fin de la guerre entre la Russie et l’Ukraine… »

Nathalia, Irene, Mykhailo, Anne et Anne ont trouvé refuge en Suisse après le début de la guerre en Ukraine.Photo : Mathilde Cybulski / Rue89 Strasbourg

« Un peu d’oxygène, ça fait du bien »

Marie

Marie et Furio profitent aussi d’un arbre sur la place des Tripiers pour éviter la chaleur. Le couple est venu de Saint-Dizier et profitera d’un second passage de flamme chez eux dans quelques jours. Pour Marie, il n’était pas question de manquer une seule opportunité de vivre ce moment des jeux olympiques :

« Je fais du soutien scolaire avec des jeunes de la communauté des gens du voyage. Les JO ont été le thème de l’année. C’est un bon support pour travailler sur les pays du monde et les disciplines sportives. La persévérance nécessaire pour obtenir une médaille est aussi un bel exemple. On a même écrit à Teddy Riner. Pour des élèves qui ne savent pas bien lire ou écrire, c’est un super exercice. »

Furio et Marie : « Avec tous ces problèmes qu’on a aujourd’hui, un peu d’oxygène, ça fait du bien. »Photo : Mathilde Cybulski / Rue89 Strasbourg

« Et puis si on peut avoir un peu de cohésion dans ce pays, ce n’est pas de refus », ajoute Furio. Marie acquiesce à ses côtés : « Avec tous ces problèmes qu’on a aujourd’hui, un peu d’oxygène, ça fait du bien. Rien que pour un moment, une parenthèse dans cette période difficile. »

Du « grandiose » pour « apaiser les choses »

Accoudé à l’une des milliers de rambardes qui quadrillent la ville, Martin cherche aussi l’occasion d’une vie. Le militaire allemand au sein de l’Eurocorps a quitté la ville d’Erfurt il y a deux mois pour faire de « nouvelles expériences et apprendre aux côtés des militaires de toute l’Europe ». Pour lui, les Jeux symbolisent une valeur essentielle, celle de l’abnégation. Mais ils constituent surtout un moment suffisamment « grandiose » pour « apaiser un peu les choses ». Et le militaire de citer « les guerres en Israël et en Ukraine. Il faut qu’elles prennent fin… »

Le mercredi, Margot va « chez papi et mamie ». Michel, 71 ans, a voulu faire plaisir à sa petite fille de 10 ans. Gymnaste dans l’équipe de La Strasbourgeoise, Margot tenait à voir passer la flamme olympique pour deux raisons. Elle décrit la première en sortant de sa poche une feuille titrée : « Flamme olympique à Strasbourg mercredi 26 juin ». Le reste de la page doit accueillir l’autographe de Matt Pokora. Mais Margot cherche aussi à se consoler ici : « On n’a pas réussi à avoir de billets pour voir les épreuves de gymnastique. Quand on a voulu en acheter, toutes les places étaient déjà prises, sauf les plus chères… »

Michel et sa petite fille Margot qui cherche aussi à se consoler ici : « On a pas réussi à avoir de billets pour voir la gymnastique aux JO. » Photo : Mathilde Cybulski / Rue89 Strasbourg

Unité, entraide et espoir

Deux glaces dans les mains, Hervé et Anouk n’accordent pas la même importance à la flamme olympique. L’une se serait volontiers passée d’attendre son passage. L’autre tient à rester, « pour les symboles autour des Jeux, l’entraide, l’humilité, l’inclusion ». « À un moment où la situation politique se tend, le sport peut permettre à tout le monde de se retrouver. Les valeurs du sport sont universelles, elles peuvent permettre de dépasser la situation politique », espère Hervé.

« Les valeurs du sport sont universelles, elles peuvent permettre de dépasser la situation politique », espère Hervé.Photo : Mathilde Cybulski / Rue89 Strasbourg

18h30. Le moment tant attendu approche. Roxane habite à deux pas. Elle vient de descendre pour cette flamme olympique qu’elle voit « comme quelque chose qui se perpétue depuis la Grèce antique ». Puis l’ingénieure en vient à des considérations plus actuelles :

« En tant que personne de couleur, forcément, je suis mal à l’aise avec l’extrême droite aux portes du pouvoir. Ils attisent des peurs quand un événement comme les jeux olympiques pousse à sortir, à découvrir le monde. Pour moi la flamme représente l’unité et c’est un signe d’espoir. »

Roxanne : « Pour moi la flamme représente l’unité et c’est un signe d’espoir. »Photo : Mathilde Cybulski / Rue89 Strasbourg

« On dirait le Tour de France avec toutes ces pubs… »

Marie

19h. Les gens se pressent pour être au premier rang derrière les barrières métalliques. L’impatience grandit à mesure que les véhicules se succèdent entre la Librairie Kléber et les Galeries Lafayette. Des motos, des scooters et des camionnettes de police, puis des véhicules publicitaires, de la Caisse d’épargne, de la Banque populaire puis de Coca-Cola, tous partenaires des jeux olympiques. Puis le passage de flamme se fait. Trop occupé à filmer avec leur téléphone, les spectateurs n’ont plus de mains disponibles pour applaudir. Après une pause, la flamme repart. Marie quitte les lieux en s’étonnant : « On dirait le Tour de France avec toutes ces pubs… »

À 19h30, l’événement atteint son climax. Arsène Wenger, ancien entraineur du club d’Arsenal en Angleterre et strasbourgeois, allume le chaudron sous les applaudissements. Derrière la foule en liesse, Warda (le prénom a été modifié) se tient à l’écart avec sa poussette. Elle est parvenue à entr’apercevoir la flamme, qui lui rappelle le décès de son père, avec lequel elle regardait, petite, les Jeux olympiques à la télé. L’espace d’un instant, Warda a « oublié les infos, Bardella et ses propos sur la binationalité. »

Arsène Wenger avant d’allumer le chaudron.Photo : Mathilde Cybulski / Rue89 Strasbourg

Retour à la réalité

Une foule importante suit l’idole de nombreux footeux. Dans la poussette, un petit enfant se met à crier. Retour à la dure réalité pour Warda. Elle raconte ce rendez-vous à la préfecture il y a quelques jours, « pour une demande de naturalisation ». Elle fait une pause en voyant la place se vider progressivement autour d’elle : « J’espère que le Rassemblement national ne prendra pas le pouvoir… »

L’espace d’un instant, Warda a « oublié les infos, Bardella et ses propos sur la binationalité. »Photo : Mathilde Cybulski / Rue89 Strasbourg

#jeux olympiques

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