En avril 2019, un centre d’hébergement provisoire à destination des demandeurs d’asile a été installé dans une partie de l’ancienne clinique Sainte-Odile au Neudorf, avant sa transformation en logements, à l’initiative du promoteur, Eddy Vingatamarin.
L’accompagnement social d’environ 80 personnes a été confié à l’association L’Étage tandis qu’un accompagnement culturel et artistique a été mené par l’association Horizome. Grâce à cette expérience inédite, des artistes en résidence ont cohabité avec des familles réfugiées et des personnes qui étaient sans-abri, dans une sorte d’expérience de mixité sociale, un peu comme les Grands Voisins à Paris.
Cette cohabitation s’est officiellement terminée vendredi 30 octobre. Tous les résidents ont pu être relogés par l’État, dans le cadre de l’hébergement des demandeurs d’asile, mais très souvent dans des hôtels.
« Il nous a manqué un échelon »
Référent pour Horizome, Thomas Nussbaumer sort épuisé de cette expérience :
« Il nous a manqué un échelon intermédiaire entre L’Étage et nous. Les structures et les modes opératoires sont vraiment différents. Ça a conduit à des difficultés ou à des incohérences par exemple sur les cours de français qui étaient des passerelles avec les résidents utiles aux deux structures. »
Mais une cohabitation entre les artistes, architectes et urbanistes rêveurs d’Horizome et une association engagée sur le front de la misère sociale comme L’Étage pouvait-elle se dérouler autrement ? Thomas Nussbaumer le reconnaît :
« Pour les horaires d’ouverture des locaux partagés, nous avions des différences de principes. Nous étions pour les garder ouverts, L’Étage préférait qu’ils soient fermés, pour éviter des problèmes de squat. On a finalement trouvé un accord mais on partait de positions opposées… Il y a eu beaucoup d’allers-retours de ce type et c’était un peu usant. »
Du côté de L’Étage, Brice Mendes, directeur des services, se servira de l’expérience Odylus pour d’autres « projets intercalaires » :
« On n’a pas encore tiré tous les enseignements d’Odylus mais il est clair que ces 18 mois nous ont permis d’apprendre beaucoup sur la manière dont on peut déployer des projets temporaires de ce type. On n’a peut-être souvent péché par excès d’optimisme, compte-tenu des moyens dont nous disposions. »
Autant du côté d’Horizome que de L’Étage, on se déclare partant pour d’autres projets d’occupations temporaires, mais avec plus de moyens humains pour organiser des temps de rencontres plus fréquents entre artistes et résidents. L’accompagnement d’Horizome a coûté 40 000€, la moitié a servi à rémunérer les artistes, ce qui fait dire à Thomas Nussbaumer que leurs quatre postes ont inclus « une grosse partie de bénévolat. » L’accompagnement de L’Étage a coûté environ 200 000€. Ces frais ont été pris en charge par l’État et la Ville de Strasbourg.
Selon Thomas Nussbaumer, l’accompagnement artistique dans la résidence a permis de pacifier les relations parmi la quinzaine de nationalités présentes. Ces moments ont contribué à faire ressortir et traiter des difficultés qui auraient provoqué des conflits sans ces échanges. Les enfants ont aussi bénéficié de la pratique artistique, en participant aux activités proposées par les artistes en résidence. De nombreux rendez-vous ont été organisés, parfois ouverts sur l’extérieur comme la Fête des voisins.
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