L’Hôtel de la rue va bientôt disparaître. Fin septembre, les 86 habitants du squat de Koenigshoffen devront quitter l’immeuble qu’ils occupent depuis juillet 2019 (voir tous nos articles). Le 25 janvier, l’association La Roue Tourne Strasbourg, qui gère cette structure d’hébergement de sans-abri au 91 route des Romains, a signé une convention d’occupation précaire avec la Ville de Strasbourg. Cet accord, qui sort le squat de l’illégalité, stipule que le bâtiment devra être vidé le 1er octobre, date du début des travaux qui doivent transformer cette maison bourgeoise en pôle de services publics de proximité.
Une douzaine de personnes déjà relogée
« La convention comprend l’accompagnement vers l’hébergement d’ici septembre, pour ne laisser personne à la rue quand on rendra les lieux », explique Anne-Véronique Auzet, présidente de La Roue Tourne. Depuis avril, l’Hôtel de la rue n’accueille plus de nouveaux habitants, une douzaine d’occupants a déjà été relogée. L’association a bon espoir que les autres résidents trouvent un logement avant l’expiration de la convention d’occupation.
Ancien colistier de Jeanne Barseghian et candidat écologiste aux élections départementales, Germain Mignot, chargé de mission logement pour Caritas, s’occupe depuis décembre des dossiers de demandes de logement des occupants de l’Hôtel :
« La Ville de Strasbourg, l’association La Roue Tourne et surtout les habitants de l’Hôtel de la rue, chacun a pris conscience que l’on est passé d’un statut de squat, illégal, à une structure d’hébergement et que le dialogue s’est apaisé avec la nouvelle municipalité (l’ancienne municipalité avait porté plainte, ndlr). Tout le monde fait des efforts pour que le relogement de tous les habitants réussisse. »
Germain Mignot oriente les habitants vers des services sociaux, tels que le centre médico-social (CMS) ou le Centre communal d’action sociale (CCAS).
« Il y a des solutions »
La diversité des profils des occupants de l’Hôtel de la rue demande une adaptation des mesures d’accompagnement au cas par cas. « Il y a des demandeurs d’asile, des gens qui ont un travail régulier mais pas les moyens d’avoir un logement, des familles et des personnes isolées… », énumère Anne-Véronique Auzet. Chez certains, des expériences difficiles liées à la précarité ont entraîné un rapport compliqué à l’accompagnement. « Un migrant qui s’est vu refuser sa demande d’asile par exemple entre facilement dans une spirale d’échec. Il lui est très compliqué d’imaginer que des solutions existent, » explique Germain Mignot.
Ainsi, des projets de colocations se mettent en place, entre plusieurs occupants de l’Hôtel de la rue. « C’est une manière de mutualiser des coûts et les expériences des uns et des autres, notamment vis-à-vis de certaines démarches administratives, que certains connaissent mieux que d’autres », ajoute le chargé de mission.
Les habitats intercalaires, des « tremplins » vers le logement
La Roue Tourne semble avoir trouvé un modèle qui fonctionne face au problèmes d’hébergement. « L’Hôtel de la rue, c’est l’illustration d’un mouvement militant qui a mené à la construction de projets de politiques publiques », se réjouit Germain Mignot. D’après lui, utiliser des habitats intercalaires, c’est-à-dire des logements inoccupés mobilisés temporairement, le temps d’accompagner les habitants vers une solution pérenne, « à la manière d’un tremplin », est une solution « innovante » et efficace pour l’hébergement des personnes sans-abri.
Anne-Véronique Auzet est catégorique : les besoins en hébergement d’urgence « ne vont pas se tarir » avec la disparition de l’Hôtel de la rue. L’association La Roue Tourne réfléchit à d’autres solutions d’accueil pour les personnes sans-abri à partir de septembre, sans avoir pour l’instant de projet clairement défini.
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