Si l’Université de Strasbourg propose des dizaines de DUT (diplôme universitaire de technologie) ou LMD (micence, master, doctorat), elle est surtout reconnue pour son pôle de recherche. Les budgets annuels pour la recherche tournent autour de 40 millions d’euros. Saluée par l’Agence d’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur (AERES), cette particularité a valu à l’UdS de nombreux prix, dont deux Nobel.
Excellence : math, bio et musique
Mais on ne parle là que de rares filières, labellisées « filières d’excellence » par l’Etat. On en dénombre trois : le parcours « mathématiques et physique approfondies », « l’interprétation musicale » en partenariat avec le Conservatoire de Strasbourg, et la filière de licence en biologie moléculaire et cellulaire. En partenariat avec l’Université des Saarlandes, cette licence s’inscrit dans le cadre d’une coopération franco-allemande. Créée en 2009 avec le soutien de l’Université franco-allemande, elle connaît un certain succès – 300 demandes en 2012. Pourtant, elle n’offre que 10 places en raison du « numerus clausus » à l’entrée de l’université allemande.
Attention, ces filières d’excellence n’ont pas toujours un nombre limité de places mais exigent un bon niveau dans la discipline concernée. Ces formations sont exigeantes, note-t-on à l’Université, et donnent plus de travail à l’étudiant qu’une filière classique. Elles ne s’adressent en fait qu’à une minorité des étudiants de l’UdS et sont fortement concurrencées par les classes préparatoires.
Encombrement en droit ou en médecine
Certaines filières universitaires, non sélectives, sont elles encombrées, surtout en première année. Ainsi, au 15 janvier 2013, la faculté de droit, de sciences politiques et de gestion concentre plus de 5 000 étudiants, dont 1 000 nouveaux bacheliers. Mais la filière droit a un taux d’échec élevé : 1 500 étudiants lâchent en première année, 750 en deuxième année.
Pour les filières santé, la « première année d’études de santé » (PACES) compte environ 1 870 étudiants début 2013, alors qu’il n’y a que 235 places en deuxième année de médecine. La première conséquence est bien sûr le manque de places. Les amphithéâtres doivent être démultipliés et les professeurs assurent, dans certains cas, leurs cours par vidéoconférence sur plusieurs amphis à la fois. Un étudiant de première année en médecine a intérêt à se lever très tôt et être devant les portes bien avant le début du cours pour espérer avoir une bonne place assise…
Socio ou psycho, fort taux d’échec
Ces engorgements ont bien sûr des conséquences négatives, notamment sur la qualité du travail ou l’encadrement des étudiants. Si certains montrent un réelle motivation, d’autres sont là sous la pression de leur entourage ou parce qu’ils ne savent pas vraiment vers où s’orienter. D’ailleurs, ils sont un quart à abandonner en cours ou à l’issue de la première année, pas forcément en cas d’échec, mais par manque de motivation ou d’encadrement, ou suite à une prise de conscience de l’erreur d’aiguillage.
Les sciences sociales (sociologie, psychologie…) sont parmi les filières avec le plus grand taux d’échec en première année de licence. Pas de sélection à l’entrée, tout titulaire d’un baccalauréat peut s’y inscrire. Pourtant, c’est une filière exigeante. Il faut notamment savoir manipuler les statistiques.
Un désintérêt pour les sciences expérimentales
Aux antipodes, certains filières de l’UdS comme les sciences expérimentales connaissent un relatif désintérêt. Par exemple, la faculté de physique et d’ingéniérie a vu ses inscriptions baisser, avec 19 néobacheliers au 15 janvier 2013 contre 37 un an auparavant. Objectif de l’université : changer la « réputation » de ce type de filières et faire en sorte que les jeunes retrouvent le goût des sciences expérimentales en menant des actions dans les collèges et lycées.
Interdisciplinarité, réorientation et information
Pistes de travail pour l’UdS : l’interdisciplinarité et la lutte contre l’échec. D’autant que l’université ne veut « négliger » aucune filière. Différents dispositifs, tels que les filières « contingentées », les tutorats et les passerelles, sont à l’étude ou mis en place. Et ce malgré un manque de moyens logistiques et financiers, argue la présidence. Celle-ci explore différentes pistes : l’enseignement numérique pour contrer le manque de place dans certains amphithéâtres, une meilleure information en amont (élèves, parents, enseignants du secondaire…) ou une « remédiation », comme la formation « Tremplin réussite » qui permet de réorienter les étudiants et les remettre « à niveau ».
Alain Beretz, président de l’Université de Strasbourg, souligne l’importance de l’implication de l’étudiant et l’élaboration d’un projet professionnel :
« Il n’y a pas de filière à fuir. Les problèmes liés à la sociologie ne viennent pas de la discipline, qui est excellente. Il faut que les étudiants qui s’y inscrivent le fassent en connaissance de cause, qu’ils aient un projet. Les étudiants doivent apprendre à moins subir, ils sont trop consommateurs, pas assez acteurs. Ils ne doivent pas attendre. Et l’université doit travailler là-dessus. »
En d’autres termes, les étudiants doivent pouvoir faire face au manque d’encadrement – et travailler seuls leur projet professionnel – faute de mieux pour l’instant. Malgré la conjoncture économique morose, l’insertion des étudiants de l’UDS sur le marché du travail se passe néanmoins plutôt bien, constate-t-on à l’étude des enquêtes de l’Oresipe (Observatoire régional de l’enseignement supérieur et de l’insertion professionnelle des étudiants), dans la région, qui reste dynamique, mais aussi outre-Rhin.
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