Dans un communiqué publié sur les réseaux sociaux, les cinémas Star de Strasbourg indiquent annuler « la tenue du festival Shalom Europa qui devait se dérouler au cinéma Star du 8 au 10 septembre ». Le directeur des cinémas Star, Stéphane Libs, affirme à Rue89 Strasbourg avoir pris cette décision à cause de menaces proférées contre son personnel.
Il évoque par ailleurs un contexte de « pression relayée par le Comité Palestine-Unistras, AES-Alternative Étudiante Strasbourg, Marches Palestine 67, Jeune garde Strasbourg, le collectif Palestine 67 et le Collectif Judéo-Arabe et citoyen pour la Palestine » qui demandaient tous l’annulation du festival.
Le festival Shalom Europa se tient depuis 16 ans au cinéma Star. « La décision d’annuler a été prise pour ne pas ajouter de la violence au contexte sous tension et préserver les salariés et les publics », précise Stéphane Libs :
« Nous avons essayé de discuter avec certaines personnes qui appellent au boycott, par exemple en indiquant que des films projetés par le festival sont très critiques de la politique d’Israël mais il n’y a aucun dialogue possible. Au vu de l’ampleur que les appels prennent sur les réseaux sociaux, on se doit de protéger le personnel. On a reçu des appels téléphoniques depuis plusieurs jours avec des gens qui menaçaient de s’en prendre aux employés. »
« A aucun moment nous appelons à une quelconque forme de violence ou de menace », déclare Inaya, du Comité Palestine Unistras à Rue89 Strasbourg :
« Notre ligne, ça a été le recours au boycott en proposant un mail type à envoyer au cinéma. Nous sommes tout à fait d’accord de souligner l’importance de l’art dans la critique politique. Mais ce n’est pas vrai de dire que ce festival est critique d’Israël. La plupart des films qui étaient programmés cette année sont des comédies. Le label “cinéma israélien” lui donne une dimension politique en lien avec l’État d’Israël. Certains acteurs soutiennent ouvertement Benyamin Netanyahou (premier ministre israélien, NDLR) ou l’armée israélienne. »
Accusés de « cautionner un génocide », dans les commentaires sous une publication du Comité Palestine Unistras « likée » plus de 1 500 fois, Stéphane Libs s’avoue dépassé par l’ampleur de la campagne sur les réseaux sociaux :
« Le festival avait déjà été reporté et on avait décidé de proposer une petite version avec seulement trois films familiaux sur trois jours. Nous étions bien conscients du contexte international et nous ne voulions pas faire de vagues. Donc quand des gens nous menacent de boycotter le cinéma, de venir pour nous “expliquer” ce qu’il se passe à Gaza, ou nous accusent d’être complices des massacres en Israël, ça va trop loin. »
Dans le communiqué, Stéphane Libs rappelle d’ailleurs que « les cinémas Star s’opposent au « génocide qualifié » à Gaza et appellent à la libération des otages retenus par le Hamas ». Il précise que les cinémas Star ont une tradition d’accueil de publics variés, qui permet de programmer « le festival du film palestinien et le festival du film israélien ».
Dans la soirée de vendredi, Shalom Europa a publié un communiqué rappelant que « le message « Israël, on ne peut pas vous l’expliquer, on peut vous le montrer » est celui que Shalom Europa cherche à transmettre depuis toujours. À travers ses programmations et ses débats, l’initiative vise à illustrer la richesse et la complexité d’Israël, en offrant une expérience immersive par le cinéma. »
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