Mohammed El Ouariachi est cuisinier et il a une passion : le raï et l’histoire de cette musique, née à Oran en Algérie, au début du XXe siècle. Employé à L’Orée 85, tiers-lieu culturel sur les rives du canal de la Meinau, c’est à la suite d’une discussion avec ses collègues qu’est née l’idée de créer un festival dédié à ce courant de la musique berbère et maghrébine.
Car cette musique vibrante et populaire se transforme. Elle a connu un âge d’or en France dans les années 90, portée par des artistes comme Cheb Mami, Khaled ou Rachid Taha. Aujourd’hui, elle se mêle aux musiques électroniques et produit toujours les plus gros succès de la musique pop au sud de la Méditerranée.
Mais pour Mohammed El Ouariachi, le raï d’aujourd’hui est porteur d’une invisibilisation, celles des femmes, qui ont pourtant été à l’origine de ce courant musical :
« Je me suis aperçu de la sous-représentation des femmes dans le raï tel qu’il est présenté de nos jours et on s’est dit avec l’équipe de L’Orée qu’il faudrait faire quelque chose. Et c’est ainsi qu’est née l’idée du festival. Retrouver les origines du raï, rendre hommage aux femmes qui l’ont porté, comme la grande diva du raï qu’était Cheikha Rimitti. »
Né à Sainte-Marie-aux-Mines, Mohammed El Ouariachi a navigué dans le périmètre de la bande à Rodolphe Burger et Rachid Taha. Au fil des ans, il s’est constitué un carnet d’adresses qui lui a permis de rapidement proposer à L’Orée une série de grands noms du raï.
C’est ainsi que L’Orée accueillera Cheba Fadela, 62 ans, une légende du raï qui a commencé sa carrière à huit ans. Elle a été la première à braver l’interdiction faite aux femmes de chanter dans les clubs.
Elle a épousé Cheb Sahraoui et le couple a enregistré des tubes en duo dès 1983, notamment N’sel Fik, considéré comme le premier titre international du raï. Devenue rare sur les scènes, l’apparition de Cheba Fadela devant les quelques 400 personnes maximum de L’Orée est en elle-même un événement.
DJs de Marseille et de Strasbourg
La soirée se poursuivra avec Mama Ace, une DJ marseillaise qui fait autorité dans le domaine, pour un set de raï plus actuel.
Le lendemain, le festival se poursuivra avec une conférence sur Cheikha Rimitti, un portrait de la « mamie du raï » préparée par Mohammed El Ouariachi, qui s’est beaucoup documenté au fil des années sur cette grande dame. Puis la scène sera laissée à Mounira Zerkine, une collectionneuse de disques de musique algérienne et qui se produit sous le blaze de Algerian Vinyl. « Mounira est une nana extraordinaire, elle a la plus grosse collection de raï des années 70 », assure Mohammed El Ouariachi.
La soirée se poursuivra avec deux autres DJs : Mystique, de Marseille et Zhar, de Strasbourg, qui propose des sets d’electro rythmés, imprégnés de hip-hop et de breakdance.
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