« Avec le festival Opération Quartiers Populaires (OQP), on veut montrer une autre réalité que celle des médias, qui décrivent ces territoires comme conservateurs et rétrogrades. OQP, c’est pour montrer que ça rigole en bas, ça rigole autant d’islam que de sexualité. » Directeur artistique des Fabriques Artistiques Culturelles et Citoyennes (FACC), Yan Gilg enchaîne les punchlines lorsqu’il décrit l’intention du festival OQP, qui se déroulera du 27 septembre au 2 octobre pour sa 7e édition, entre l’espace culturel Le Point d’Eau à Ostwald et le bâtiment Junckers, plaine des Bouchers, à Strasbourg.
Premier stand up pour le festival OQP
Nouveauté de cette édition 2022, le festival commencera avec une carte blanche donnée à Sihame Hamsi pour une soirée stand up. Originaire de Wissembourg, l’artiste a commencé par travailler la danse avec la compagnie Mémoires Vives, aussi organisatrice d’OQP. Aujourd’hui, Sihame Hamsi prend la parole : « Je voulais m’exprimer pour dénoncer par le rire, pointer les choses qui ne vont pas dans notre société, sans agressivité. » La maîtresse de cérémonie a invité d’autres humoristes locaux, comme Margaux Lagleize, Najim ZIani ou encore Matthieu Bartosz.
Le festival OQP doit aussi offrir un « endroit des dialogues interculturels, des mémoires collectives, des luttes sociales et des solidarités à construire ». Mercredi 28 septembre, le court-métrage « Conte à rebours » du sociologue et cinéaste Saïd Bahij sera projeté au bâtiment Junckers (33 Rue du Maréchal Lefebvre, à Strasbourg) à partir de 19h. La projection sera suivie d’une table-ronde autour des questions de citoyenneté dans les quartiers populaires.
La rage de dire 2 : un mélange de rap et de théâtre
Vendredi 30 septembre, à 20 heures, le théâtre du Point d’Eau accueillera un récital, « entre le concert de rap et la pièce de théâtre ». Directeur artistique du projet, Mouss a accueilli de nombreux jeunes dans le local de la FACC dans le quartier de l’Elsau :
« Ce sont des jeunes des quartiers venus nous rencontrer pour développer leur rap ou leurs projets. Puis, au fur et à mesure, certains ont accepté le défi d’un spectacle. La rage de dire, ce sont donc 15 tableaux de jeunes filles ou de garçons, sortis de prison ou en rupture familiale, qui racontent souvent l’envie de s’en sortir et de s’évader du quartier. »
Ce sera sans doute le spectacle phare de cette édition 2022 d’OQP, Les Autres, dernière pièce de l’ancien directeur du Centre chorégraphique national de La Rochelle et chorégraphe, Kader Attou. « C’est une grosse création, commente Yan Gilg, autour de l’étrange et de l’étrangeté. » À voir le samedi 1er octobre, au théâtre du Point d’Eau.
À l’origine de cette pièce, la rencontre de Kader Attou avec des « musiciens remarquables qui jouent des instruments rares et atypiques (…) Loup Barrow est parmi les grands spécialistes du Cristal Baschet, « l’orgue de cristal » et Grégoire Blanc, l’un des rares utilisateurs de thérémine au monde (l’un des plus anciens instruments de musique électronique, NDLR). » C’est le seul événement payant du festival (billet à acheter ici).
« On existe depuis 30 ans, mais on reste fragile »
Le festival prendra fin avec une « Olympic cup battle ». Cette compétition de danse break est calée sur la discipline olympique qui sera inaugurée lors des Jeux Olympiques de Paris en 2024. Le danseur et entraîneur de la FACCrew Sebastien Vela Lopez tient à rappeler son amour de la discipline :
« Si on est tous ici depuis 30 ans, si la rage nous habite encore, c’est parce qu’on est des passionnés, on est corps et âme attaché à ce travail. »
Les danseurs s’affronteront au rythme d’un dj set et sous le regard d’un jury professionnel. L’événement a lieu samedi 2 octobre à 15h30 au théâtre du Point d’Eau.
C’est sur ce spectacle de clôture que le directeur artistique de la FACC choisit de rebondir pour déplorer le soutien insuffisant des pouvoirs publics et autres collectivités territoriales à l’égard des quartiers populaires. Car Yan Gilg aimerait simplement pouvoir organiser OQP toute l’année. Ce serait non plus un festival, mais un lieu dédié aux cultures des quartiers populaires :
« On œuvre pour la création d’un lieu avec le bâtiment Juncker. On sentait un intérêt de la municipalité actuelle, mais finalement non. On arrive à peine à payer des salaires. On existe depuis 30 ans, mais on reste fragile. »
Chargement des commentaires…