Du vendredi 10 au dimanche 19 septembre, quatre salles de cinéma se partagent la programmation du Festival fantastique de Strasbourg (FEFFS) : le Star, le Star Saint-Exupéry, l’UGC Ciné-Cité et le Vox. Comme à l’accoutumée, le festival mélange une programmation de films en compétition et des rétrospectives thématiques.
Cette édition « quasi-normale » a pesé sur la petite équipe, qui a dû évoluer au gré des annonces sanitaires comme le résume Daniel Cohen, le directeur artistique des Films du spectre :
« Cette dernière année a été assez chaotique. Faire, défaire, refaire, c’est éreintant. Surtout sans visibilité. L’année dernière le festival commençait à se mettre en place et puis finalement on a été coupé dans notre élan. C’est une sensation de sol qui se dérobe sous vos pieds, c’est assez désagréable. »
Horreur, fantastique, contemporain et rétrospectives
Le festival démarre avec Last Night in Soho, un thriller psychologique réalisé par Edgar Wright, à quoi les amateurs du cinéma de genre doivent Hot Fuzz, Baby Driver ou Shawn of The Dead. Dans Last Night In Soho, une jeune femme voyage dans le temps pour atterrir dans le Londres des années 60… La cérémonie d’ouverture est prévue vendredi 10 septembre à partir de 19h au cinéma Vox.
Six compétitions constituent l’essentiel de la programmation du FEFFS. Côté longs métrages : la compétition internationale de films fantastiques aligne les meilleurs films européens pour le Méliès d’Argent, la compétition « crossover » mélange les genres et la compétition de films d’animations. Pour les courts métrages : il y aura une compétition internationale, une de films d’animation et une de films francophones. Selon Daniel Cohen, le FEFFS a reçu « plus de 500 soumissions de films pour les compétitions », le festival a sélectionné 43 longs et 23 courts métrages.
En outre, le Festival propose plusieurs projections hors-compétitions, des rétrospectives ou alors des films en lien avec le thème de l’année, la fête foraine comme le détaille Daniel Cohen :
« C’est un thème qu’on avait toujours dans nos tiroirs. Le cinéma est intimement lié au monde forain. Certaines des premières projections publiques étaient dans les fêtes foraines. Évidemment ça a inspiré pas mal de réalisateurs, des années 30 avec Freaks de Tom Browning jusqu’à aujourd’hui. »
Entre « effroi, extraordinaire et illusions », l’une de ces rétrospectives explore les inspirations du monde forain dans le cinéma fantastique, notamment avec le célèbre Freaks de Tod Browning, ou encore Marée Nocturne de Curtis Harrington et Massacre dans le Train Fantôme de Tobe Hooper, qui fut l’invité du FEFFS en 2014. Une autre rétrospective est concentrée sur les studios Hammer et leurs productions des années 70 directement inspirées des créatures mythiques de la littérature fantastique comme Dracula, Dr. Jekyll ou Frankenstein. Pour clore le festival, un film d’animation suivra la cérémonie de remise de prix des compétitions, Belle de Mamoru Hosoda, reprenant le conte de la Belle et la Bête à l’ère des réseaux sociaux.
Alex de la Iglesia comme invité d’honneur
L’un des temps forts du festival est la rétrospective de l’invité d’honneur : Alex de la Iglesia. Ce cinéaste espagnol aux multiples Goyas (récompense cinématographique espagnole) s’est lancé avec son premier long métrage Action Mutante, produit entre autres par Pedro Almodovar en 1993. Projeté le samedi 11 septembre au Star, le film décrit comment une équipe de personnes handicapées décide de se lancer dans le terrorisme, dans un monde post-apocalyptique où les gens valides règnent en maîtres.
Plutôt monstres que superhéros
« Alex de la Iglesia disait que dans le cinéma, il aimait plutôt le monstre et détestait les héros. Comme nous, il préfère Dracula et Joe Pesci, » explique Daniel Cohen :
« Le cinéma fantastique met souvent en avant les personnages marginaux. Ces “monstres” sont souvent les personnages les plus touchants, auxquels on s’attache plutôt qu’aux humains “normaux” qui ont le mauvais rôle. C’est intéressant de montrer le regard de la société sur les personnes qui sont différentes, qu’on exclut, qu’on laisse à la marge… Le cinéma fantastique a souvent dénoncé ces mécanismes. »
Daniel Cohen voit en Alex de la Iglesia un réalisateur irrévérencieux :
« Il fait un cinéma intelligent et divertissant avec un discours politique et un regard critique sur la société et l’histoire de son pays. Il joue merveilleusement bien avec l’humour, c’est quelqu’un dont on adore le cinéma. »
Les autres films de ce réalisateur abordent par exemple la guerre civile espagnole, le catholicisme ou la pauvreté, toujours avec une bonne dose de satire et de comédie trash, sombre ou absurde. La master class avec Alex de la Iglesia est prévue dimanche 12 septembre au Star Saint-Exupéry suivie d’une projection d’une version remasterisée de son classique Le Jour de la Bête.
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