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Festival : éclectisme jazz à La Petite-Pierre

Pour sa onzième édition, du 9 au 18 août prochains, le festival Au Grès du Jazz à La Petite-Pierre rassemblera enchanteurs et magnétiseurs du jazz dont les notes conduiront tant en Europe qu’en Afrique, en Asie, au Proche-Orient, dans les Caraïbes et sur le continent américain.

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Le Trio Joubran

Le Trio Joubran
Le Trio Joubran, en concert le 14 août à La Petite Pïerre (Doc. remis)

Comme tous les ans, durant une dizaine de jours, La Petite-Pierre va frémir, bouillonner, bouillir, exploser pour accueillir quelques dizaines de musiciens, chanteurs, mélodistes et compositeurs hors pair dans le cadre d’une programmation faisant la part belle à l’évasion, teintée de mystère et d’excitation. Pour son lever de rideau, Au Grès du Jazz se met à l’heure transatlantique en offrant sa scène au Californien Joshua Redman (9 août), digne héritier saxophoniste de son illustre père Dewey. Et forcément, lorsque l’on côtoie les plus grands dès sa prime jeunesse, on ne peut que verser dans le génie musical, baigné d’épure, de vigueur, de prouesses techniques et d’inspiration par le groove du funk, d’une soul pulsionnelle et d’un rock électrisant qui rendent son jazz unique. Taj Mahal, en bon vétéran du blues, saura entretenir et attiser le foyer avec son style inimitable et fédérateur (10 août), dans la foulée de la ronde ébouriffante que feront tourner ce même jour Noëmi Waysfeld & Blik, curieux attelage russo-méditerranéen qui construit et déconstruit allégrement les thèmes yiddish et klezmer dans un blues-jazz du shtetl chargé de révolte juvénile et d’espoir iconoclaste :

Pour encore mieux s’élever à l’occasion de l’Assomption, la légende, en ce 15 août, s’écrira en double : les tablâs téméraires du grand percussionniste de Bombay, devenu Hambourgeois d’adoption, Trilok Gurtu, succéderont au magnétique ghanéen Ebo Taylor dont la puissante guitare jammait déjà avec Fela dans les studios d’Accra et les clubs du golfe du Bénin dans les années 1950 et 60, quand le highlife passait à l’afrobeat avec cuivres et guitares amplifiés à l’orée des seventies :

C’est à cette époque que Ron Carter (17 août) commença à se faire un nom aux côtés des Wayne Shorter, Herbie Hancock et Tony Williams dans le quintette de Miles Davis avant de se faire remplacer par Dave Holland et d’apparaître ensuite chez les plus grands comme sideman mercenaire de la basse et de la contrebasse, de Stan Getz à McCoy Tyner en passant par Roberta Flack, Grace Slick, Wes Montgomery, Eddie Harris et les plus inattendus A Tribe Called Quest. Lui aussi collaborateur multicarte incontournable de la scène française et d’illustres signatures internationales de la pop-rock, ex-icône télévisuelle de La Nouvelle Star, le batteur Manu Katché (16 août) activera la fibre bleue bien ancrée dans son ADN en venant aérer peaux, fûts, toms, cymbales et caisse claire. Dans un style moins décoiffant, le Trio Joubran (14 août) distillera le souffle mystique des frères oudistes palestiniens Samir, Wissam et Adnan, pacifistes artistes militants d’une cause qu’ils habillent des atours de leur poésie magique et engagée :

La veille, eux aussi auront promu la richesse agile de leur culture, ces quasi-locaux de l’étape venus en voisins haguenoviens : Yorgui et Marcel Loeffler (13 août), virtuoses tsiganes de la guitare et de l’accordéon, signent le retour à La Petite Pierre de cette touche manouche qui compte tant pour le jazz que pour l’Alsace des enfants de Django. D’autres héritiers marqueront également une halte à La Petite-Pierre : les deux pianistes pétris de classique et de jazz, l’Italien Giovanni Mirabassi (11 août) et le Français Édouard Ferlet (12 août), ou encore Vinicius Cantuaria (17 août), ambassadeur vocal depuis quelques décennies d’un jazz brésilien piqué de bossa nova. Elles aussi tracent leur sillon grâce au vibrato fougueux de leurs cordes vocales : Sandra Nkaké dont la pop-rock mate et le timbre voilé pimenteront le festival de théâtre de Phalsbourg le 4 août puis Rokia Traoré (11 août) qui défendra Beautiful Africa, son tout récent cinquième album studio.

Le pianiste cubain Omar Sosa (18 août) dévoilera le programme de son dernier album Eggun, entre jazz, électro, rythmiques afro-caribéennes et yoruba et santeria plus traditionnels. Il chauffera la scène au duo germano-sénégalais qui refermera cette onzième édition de Au Grès du Jazz. Ablaye Cissoko & Volker Goetze présenteront leur second projet commun autour du disque Amanké Dionti, scellant l’alliance de la kora à la trompette aérienne de cet improvisateur allemand dans une conversation transcendantale cheminant vers la spiritualité.

Y aller

Le festival Au Grès du Jazz, à La Petite-Pierre, du 9 au 18 août. Infos et programme détaillé sur le site internet du festival.

Aller plus loin

Sur Rue89 Starsbourg : le pitch de l’édition 2012


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