Lundi sur le campus de l’Esplanade de l’Université de Strasbourg, Maxime, étudiant en master de droit, est assez direct lorsqu’il est interrogé sur le bénéfice de sa semaine de vacances supplémentaire forcée : « Je ne vais pas tergiverser. L’université ne nous a pas demandé notre avis et ce sera pareil l’année prochaine ! » Il est l’un des quelque 60 000 étudiants à avoir repris les cours à Strasbourg lundi 9 janvier, après une fermeture des locaux étendue à la première semaine de janvier, dans l’objectif de réduire la consommation énergétique.
Devant le parvis de la fac de droit, tout le monde n’est pas du même avis. Émeline, en L2 de droit, a passé plus de temps en famille. À côté d’elle, son amie Paciane grimace en essuyant les gouttes de pluie qui lui tombent sur le visage :
« Oui, quand on peut rentrer chez ses parents, c’est sûr, c’est agréable. Ça n’a pas été mon cas, je n’ai pas eu les moyens de rentrer. J’étais juste seule dans mon appartement pendant toute la période des fêtes. Sans compter le chauffage en plus, j’ai eu trop froid pour le laisser à 18 degrés. »
Rizlaine descend les marches de la faculté de droit, replaçant son écharpe pailletée. La décision de l’université de fermer une semaine de plus ? « Déplorable », confie-t-elle. « Il est fondamental que l’État maintienne les services universitaires. » Habituée à travailler à la bibliothèque universitaire, elle n’a même pas essayé cette fois : « J’ai passé la semaine chez moi. Bibliothèques de sciences, de droit, aucun accès n’était possible », explique-t-elle.
Une heure d’attente pour entrer à la bibliothèque
Seules les bibliothèques Alinéa et Studium sont restées ouvertes sur le campus de l’Esplanade pendant cette période. Au Studium, la quasi-totalité des 600 places ont en permanence été occupées du 3 au 8 janvier.
La Bibliothèque nationale universitaire (BNU) qui ne dépend pas de l’Université de Strasbourg mais de l’État a également connu une fréquentation importante sur cette période indique un agent de la BNU :
« Nous étions à plus de 90% de fréquentation tous les jours, avec un pic à 99% vendredi 6 janvier à 15h30 par exemple et à d’autres moments, nous étions à 105% de notre capacité d’accueil. Nous avons dû refuser du monde. »
En temps normal, la BNU reçoit 2 000 à 2 400 personnes par jour. Durant la première semaine de janvier, l’édifice a accueilli plus de 4 000 étudiants par jour.
Charlaine a préféré rester chez ses parents après avoir reçu des témoignages de ses proches : « Ils m’ont dit qu’il n’y avait pas une seule place dans les bibliothèques. À l’Alinéa, comme à la BNU, ce n’était juste pas possible. C’est décourageant, vraiment. »
La queue à 8h30 chaque matin
Julien, étudiant en fac de chimie, a fait la queue devant la BNU tous les jours à 8h30, avant la fermeture pour trouver une place :
« C’était de l’abus complet. J’ai passé plus de temps dans les queues à attendre d’avoir une place qu’autre chose. Certains jours, j’ai attendu plus d’une heure pour avoir une place ! Rien n’a été pensé pour que les mesures de fermetures ne pénalisent pas les étudiants en révisions. »
Dimanche, Julien a même abandonné l’idée de se rendre à la BNU, en constatant un taux d’occupation sur internet de plus de 90%.
Jake, un peu plus loin, allume une cigarette roulée devant le bâtiment de chimie :
« Pour ma part, j’avais réservé des salles à la BNU chaque fois mais c’était la galère. Cette semaine de fermeture a décalé le planning pour tout le reste de l’année : nous aurons à peine terminé les examens, que nous allons commencer les travaux pratiques. La charge de travail va être immense. »
Vacances supplémentaires en famille
Sur la vingtaine d’étudiants interrogés, la moitié a apprécié cette semaine en l’utilisant comme une extension de leurs vacances. Gabriella, en deuxième année de master de sociologie, en a profité pour rentrer en Slovaquie, ce qu’elle n’avait pas pu faire depuis cinq ans. Idem pour Maëva, en master de biologie, qui a pu rentrer à Lille et couper le chauffage dans son logement étudiant.
Mais malgré le bon temps passé, ces mêmes étudiantes font la moue quand on leur parle d’une mesure qui pourrait se renouveler chaque année. Dans ce cas, disent-elles, elles souhaitent une meilleure organisation : « Nous avons dû mener l’enquête pour savoir si oui ou non, nous aurions des cours en visio. Et c’est pareil pour février, encore maintenant, on ne sait rien du tout ».
Le nouveau calendrier des cours encourage les composantes, laboratoires et services de l’Université de Strasbourg à programmer une semaine de congés universitaires supplémentaires en février, du lundi 13 au vendredi 17 février avant la semaine habituellement prévue à partir du 20 février. Mais la plupart des étudiants rencontrés, pour le moment, n’en savent rien.
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