Le café Brant pourrait fermer dès le 15 octobre

L’avenir du café Brant est en suspens. La semaine dernière, le personnel de l’établissement s’est entendu dire par le gérant, Jean-François Horn, que les contrats de travail pourraient s’arrêter au 15 octobre. M. Horn refuse de confirmer cette date, ni aucune autre, ni même que le café pourrait cesser son activité. Il a interdit au personnel de s’adresser aux journalistes. C’est tout juste s’il n’a pas interdit aux serveuses de parler tout court…

Car l’éventuelle fermeture de cette adresse emblématique de Strasbourg provoque un certain émoi en ville, depuis que Rue89 Strasbourg l’a évoquée en mars 2012. Avec sa salle richement décorée, ses colonnes en fonte, ses larges baies vitrées, ses platanes et sa terrasse ouverte sur le bâtiment historique de l’université, le café Brant est un lieu de vie auquel beaucoup de Strasbourgeois sont attachés. Une page Facebook, créée par Axelle Benamran, par ailleurs engagée auprès de l’UDI, réunit déjà près de 1 500 fans et selon les informations de Mme Benamran, le mobilier du café est déjà en vente :

« On s’est dit qu’il serait extrêmement dommage que cet endroit chargé d’histoire culturelle disparaisse. On est en train de mobiliser pour proposer au futur propriétaire du fonds de commerce de reprendre une activité de brasserie. »

Plus de logements, moins de bruit

Beaucoup craignent qu’une banale agence bancaire ne s’installe dans ces murs historiques depuis que leur propriétaire, Nicolas Berst, a pris la décision de ne pas renouveler le bail commercial de la société gérant l’activité du café Brant. Jean-François Horn conteste les conditions du congé donné par Nicolas Berst, et notamment le montant de l’indemnité d’éviction. Pour ce dernier, la fin du bail du café est un impératif pour boucler la rénovation de l’édifice :

« L’immeuble n’est pas à vendre. J’ai déposé un permis de construire pour séparer des logements en deux, proposer des appartements de 120 m² au lieu de 240 m² et installer un ascenseur. Pour que ces appartements soient agréables, nous ne voulons pas qu’un bar reste ouvert tard le soir au rez-de-chaussée, nous souhaitons modifier les conditions d’occupation d’où le congé donné à M. Horn, avec qui nous sommes en train de régler cette question par l’intermédiaire de nos avocats. L’emplacement est exceptionnel et nous avons déjà reçu plusieurs offres de personnes intéressées pour proposer une activité au rez-de-chaussée. »

En d’autres termes, si le café Brant, ouvert 365 jours par an de 7h30 à 19h était amené à disparaître, un autre café, fermant plus tôt, pourrait peut-être le remplacer. Mais les offres en cours peuvent tout aussi bien provenir d’une banque, d’une supérette ou d’une grande marque de vêtements. Strasbourg se souvient de la fermeture d’un autre bar emblématique il y a quelques années, le café « A la chambre des métiers » avenue des Vosges. La mobilisation d’alors n’avait pas empêché sa fermeture.

Du côté de la municipalité, les moyens d’agir manquent. Si l’adjoint au maire en charge du quartier centre, Robert Herrmann, est attentif à ce changement d’enseigne, il ne peut pas faire grand chose, s’agissant d’une négociation entre deux parties privées. Même les Monuments historiques, qui ont engagé une procédure de classement qui pourrait aboutir d’ici la fin de l’année, seront impuissants à empêcher l’installation d’une banque ou d’un opticien. Tout juste pourront-ils exiger, alors que l’on se trouve dans le périmètre de la future extension du secteur sauvegardé de la Neustadt, que soit respecté l’aspect d’ensemble extérieur, et que soit conservé l’aménagement centenaire intérieur, comme les colonnes et les boiseries.