Jeudi 7 juillet, le soleil tape fort sur Haguenau. Le concert de Johnny Hallyday ne débutera que dans six heures. Pourtant, ils sont bien là. Ils attendent. Quelques-uns ont planté la tente à proximité, la veille, mais la plupart patientent depuis l’aurore. Pour sûr, les fans de Johnny sont fidèles : beaucoup expliquent suivre ses tournées depuis plus de dix ans. Ce sont les fans irréductibles, la garde rapprochée et joyeuse de l’incontournable rocker français.
Pour le concert de Johnny Hallyday, la mairie de Haguenau et la société organisatrice, M4K-Event, n’ont pas fait les choses à moitié : une scène de quarante tonnes, plus de deux cent projecteurs, près de 70 techniciens et un service de sécurité de 80 personnes. Près de 10 000 fans étaient attendus, mais il restait encore des places à vendre le jour-même. Au final, 8 800 personnes ont assisté au concert.
En début d’après-midi, ils ne sont qu’une cinquantaine à patienter aux trois points d’entrées autour de l’espace Vieille Île. Il y a des jeunes, des moins jeunes, tous amoureux du chanteur. Tee-shirts, tatouages, bandanas à l’effigie de Johnny, banderoles ou peintures : tout est bon pour montrer sa passion pour le musicien. Même une Laguna customisée.
Amoureux de Johnny un jour, fan toujours
Marco, lui, n’est pas tatoué à l’effigie de Johnny. Originaire d’un village près de Strasbourg, il n’a pas de voiture fantasque ou de Harley. Devant la buvette, accompagné de quelques amis, il montre son antiquité favorite, un tee-shirt :
« Ça fait trente ans que j’écoute Johnny. Ce tee-shirt là, je l’ai acheté lors de ma première venue au Stade de France, il y a un peu plus de quinze ans. Depuis, j’en achète un tous les ans ! »
De nombreux alsaciens ont fait le déplacement. Jacky, lui, est ouvrier. Il est fan depuis 20 ans et est originaire de Ittenheim :
« Pour suivre les tournées, je prends mes congés en même temps. Ce soir, j’ai un peu hésité à cause du match. Mais bon, c’est Johnny. Le concert à Haguenau, c’était un peu un match à domicile ! »
Certains ont quand même pensé à l’étouffante chaleur alsacienne. Paul, fan depuis 22 ans, est un des rares à avoir pris un parasol. Machiniste à proximité de Strasbourg, il est arrivé à 9h du matin. Son meilleur Johnny-souvenir ? Il en a deux :
« Mon premier concert était au Stade de France, à Paris. Il avait plu des torrents toute la journée et on attendait, trempé jusqu’aux os. Puis finalement, le concert a été annulé. L’horreur ! Du coup, dès le lendemain, j’ai pu rentrer à Strasbourg et assister au concert. C’était un coup de folie, mais c’était génial. C’est ça, une passion. Sinon, quand il a fait l’Olympia parce que… c’est l’Olympia ! »
La Bible du Biker
Certains ont une histoire particulière avec le chanteur et sa musique. En écoutant Johnny à un moment précis de leur vie ou dans une situation particulière, quelque chose s’est créé. Cyril explique qu’en 2009, lors du décès de son frère, il a découvert Johnny. C’est devenu un repère pour lui, « un moyen d’évacuer l’angoisse ». Depuis, il ne lâche plus : pour la tournée actuelle de « Rester Vivant », il en est à son deuxième concert.
Pour Gurida, la quarantaine, c’est une histoire d’enfance. Gamine, elle était déjà amoureuse du chanteur. Lorsqu’elle a quitté l’école primaire, elle avait demandé à ses copains de lui écrire un petit mot sur son carnet intime. Et ça ne manque pas : ils lui ont tous souhaité de rencontrer Johnny.
« Si je le rencontre, il est pour lui. Je lui ai aussi pris la « Bible du Biker », au cas où. »
Sa grande crainte ? Le décès de sa légende. « Mais bon, je préférerais qu’il meurt sur scène ! », explique-t-elle. Ce qui n’est pas du goût de tout le monde autour d’elle. « Ah non, il a une famille, il vaut mieux qu’ils soient ensemble », lui rétorque-t-on.
De 250 à 39 euros : la chute des prix !
Pourtant, pas sûr que Johnny revienne à Haguenau. En cause : le nombre de places vendues. Près de 4 000 places n’auraient pas été écoulées. Probablement à cause d’un prix très élevé (entre 180 et 250 euros), subitement réduit durant les derniers jours précédents le concert (jusqu’à 39 euros). Du côté des commerçants, l’enthousiasme n’est pas franchement au rendez-vous. Sur la place d’Armes, le responsable de l’Ancienne Douane explique :
« Il y a un peu plus de monde, mais pas tant que ça. Le problème, c’est le jour : les gens regardent le match ! Puis le prix exorbitant. Ce soir, on sera complet. Mais cet après-midi, la terrasse n’est pas du tout remplie. »
Mais les quelques amateurs de Johnny Hallyday installés en terrasse sont repérables de loin. Motos et blousons de cuirs se promènent dans les rues, alors que les principaux tubes du chanteur sont entonnés à tue-tête. En attendant d’entendre l’artiste.
Chargement des commentaires…