La préfecture du Bas-Rhin avait activé, le vendredi 26 novembre, le plan grand froid. Elle avait réquisitionné, auprès de la Ville de Strasbourg, le gymnase Branly, pour y accueillir des personnes sans-abri. Environ 80 personnes, dont des familles avec une vingtaine d’enfants, y étaient abritées. La quasi-totalité demande l’asile en France, à des degrés divers de procédure (voir notre article dédié). Selon des membres d’associations de solidarité, le gymnase devait rester ouvert jusqu’au 19 décembre. Mais tôt dans la matinée du jeudi 16 décembre, les forces de l’ordre ont encerclé le bâtiment. Les services de la préfecture, notamment la police aux frontières, ont réveillé les personnes hébergées pour évacuer le site.
Jointe par Rue89 Strasbourg, la préfecture du Bas-Rhin ne souhaite pas communiquer sur l’opération. Floriane Varieras, adjointe à la maire de Strasbourg en charge des Solidarités, indique que la Ville n’a pas été tenue informée. Difficile de comprendre où ont été redirigées les personnes. Vers 9h, au compte goutte, des sans-abris sortaient du gymnase leurs sacs à la main, avec des solutions de relogement. Par exemple, une jeune femme et son père expliquaient qu’ils avaient reçu pour consigne de se rendre par leurs propres moyens dans un hôtel à Eckbolsheim, où ils sont censés être hébergés. La police aux frontières a aussi emmené deux familles dans des minibus.
Une adjointe à la maire dénonce le manque de transparence de la préfecture
Plus tôt dans la matinée, un bus chargé de personnes majoritairement albanaises et tchétchènes est parti vers un foyer à Bouxwiller, selon les DNA. La préfecture avait déjà placé des personnes dans cette structure après l’évacuation d’un campement de demandeurs d’asile à Montagne Verte, en septembre. Sabine Carriou, présidente de l’association Les Petites Roues, craint des expulsions :
« Certaines personnes déboutées du droit d’asile, avec qui nous sommes en contact, ont été reconduites dans leurs pays d’origine après la dernière évacuation. Avant cela, elles avaient été emmenées dans ce foyer de Bouxwiller. Cette situation est donc très anxiogène aujourd’hui. Surtout qu’on n’a aucune visibilité sur ce qu’il se passe comme la préfecture ne communique pas. C’est indigne pour ces familles. »
L’adjointe à la maire Floriane Varieras dénonce aussi « un manque de transparence » :
« Je me demande où l’intérêt des personnes concernées a été placé dans leur décision de faire de la sorte, sans prévenir personne. »
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