Changement de génération chez Europe Écologie Les Verts (EELV) en Alsace ! Les six nouveaux membres du bureaux exécutif ont tous moins de 36 ans, ne sont pas élus et débutent en politique. L’équipe est complétée par Philippe Aullen, 61 ans, militant depuis les années 1990 et membre des instances pendant 6 ans par le passé. Élu à Guebwiller, il s’occupera des élections et de la refondation régionale.
Seule liste en compétition, la troupe a pris les rênes pour 3 ans, ce qui inclura les élections européennes de 2019 et peut-être les municipales 2020 (ou pas). Souvent dotés d’expériences professionnelles et associatives, ils disent avoir pris conscience que c’est au niveau politique que la cause environnementale avance (ou pas).
Climat de recomposition à gauche
Cette jeune équipe arrive aux manettes à un moment difficile pour le parti écologiste. EELV a perdu des adhérents, n’a plus de député et doit trouver sa place dans un espace restreint à gauche que se disputent La France insoumise, le mouvement du 1er juillet par Benoît Hamon (et son pendant strasbourgeois La Coopérative), le parti communiste, le parti socialiste, voire « En Marche » qui a séduit plusieurs cadres et militants historiques.
Au niveau alsacien, le parti n’a plus de conseiller départemental, régional ou de parlementaire. Pour exister, il ne peut plus que compter sur ses les élus municipaux. Aucun candidat n’était allé au deuxième tour des élections législatives, mais l’équipe se satisfait néanmoins de ces résultats (souvent autour de 5%), un peu plus forts qu’ailleurs en France. Le dynamisme de la nouvelle équipe sera donc primordial pour peser sur l’échiquier alsacien.
Dans ce brouahaha, EELV fait pour le moment le pari de l’écologie politique et de l’autonomie, afin que « l’écologie soit le fondement politique et pas une variable d’ajustement », résume Alexandre Gonçalves, délégué à la vie associative.
Un tandem, Cécile Germain-Ecuer, professeur en collège à Mulhouse, et le doctorant strasbourgeois Mickaël Kugler se partagent le secrétariat général, ce qui assure une double parité de genre et géographique.
Les gros dossiers mais aussi les petits du quotidien
Parmi les gros dossiers régionaux que va suivre le parti : le Grand Contournement Ouest (GCO) de Strasbourg, l’enfouissement des déchets toxiques à Stocamine, la fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim, mais aussi des « plus petits dossiers », explique Cécile Germain-Ecuer, qui cite « la fermeture d’un bureau de Poste à Mulhouse » (qui rappelle furieusement le sort de celui de la Krutenau, et d’autres à venir dans l’Eurométropole). « L’état du service public pose question », ajoute-t-elle en évoquant aussi les lignes de train qui ferment, la radio publique FIP menacée à Strasbourg, la Culture qui se concentre dans les métropoles ou, dans un autre registre, la fusion progressive des journaux L’Alsace et les DNA.
L’équipe veut aussi casser l’image d’un parti « contre », en étant force de proposition. « Ce qui coince c’est pas “comment faire”, mais “le faire”, la volonté politique », estime Mickaël Kugler. EELV Alsace souhaite proposer des solutions sur la réduction des déchets, le logement, l’égalité. Problème, avec peu d’élus dans les instances politiques, en dehors des communes, qui pourra les relayer ?
Un format Alsace, la proximité plutôt que le « retour » institutionnel
Le parti en est d’ailleurs resté à une organisation « Alsace » et non départementale, comme tous les autres partis et mouvements politiques. Il n’est pas non plus passé à une échelle Grand Est.
Et d’ailleurs, quelle est la position sur une sortie de l’Alsace du Grand Est, ou du moins un statut renforcé en fusionnant ses départements ? C’est Cécile Germain-Ecuer qui répond :
« On ne va pas forcément se battre pour le mot Alsace, mais on est pour le principe de subsidiarité, c’est-à-dire que les décisions soient prises à l’échelle du territoire pertinent. De voir l’État qui décide du sort des habitants avec les déchets à Stocamine est inacceptable. Si c’est pour avoir Alsace sur une plaque et que tout soit décidé à Strasbourg, c’est non. »
« Statu-quo » à Strasbourg
D’un point de vue plus partisan, la nouvelle équipe estime qu’il y a d’abord un travail à faire sur le rassemblement des partis écologistes (« il y avait jusqu’à 4 partis écologistes sur certaines circonscriptions », avec les animalistes, le MEI, l’alliance écologiste indépendante et EELV), mais aussi « d’ouverture » aux syndicats et aux associations alsaciennes.
Les discussions avec d’autres formations plus en vue viendraient dans un second temps, en rappelant que « le microcosme strasbourgeois est très différent du reste de l’Alsace », où « le statu-quo » est pour le moment de mise.
Du point de vue des finances, cette fédération sera en mesure de garder sa permanence et une salariée, grâce à ses résultats légèrement supérieurs à la moyenne du parti lors des élections législatives.
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