Au centre administratif de Strasbourg, tous les agents redoutent cet instant : lorsque leur chef de service revient d’une séance de « commission de la sobriété ». Il se dit dans les couloirs qu’on peut juger de l’ampleur des sacrifices à venir rien qu’à la durée du silence qui règne dans le service lorsque le chef regagne son bureau. Depuis que cette commission, qui rassemble des élus et des responsables de l’administration, se réunit, l’Eurométropole affirme avoir débusqué « 2,5 millions d’euros d’économies pérennes ». Impressions, envois postaux, stylos, agrafeuses… Tout y passe, un sou est un sou.
C’est dire l’ambiance qui règne dans les étages du centre administratif. Mais 2,5 millions d’euros, sur un volume de 570 millions d’euros de dépenses de fonctionnement, ça ne suffira pas pour compenser les quelque 11,46 millions qui vont manquer chaque année à l’Eurométropole, dans le cadre de la baisse de la dotation générale de fonctionnement (DGF) que l’État impose à toutes les collectivités locales et territoriales.
Plus de compétences, moins d’argent
Autre problème : les compétences de l’agglomération s’accroissent, de pair avec le statut de métropole acquis l’an dernier. En 2017, l’Eurométropole s’occupera des routes sur son territoire et en 2018, elle gérera les milieux aquatiques. Pour autant, la collectivité prévoit de supprimer 500 postes de fonctionnaires sur l’ensemble du mandat (sur 7 200), pour garder la masse salariale stable. En 2015, elle ne devrait augmenter que de 0,8% et l’objectif est d’atteindre 0% de variation en 2016.
La cure est sévère. Mais la coalition gauche-droite aux commandes de l’exécutif aimerait conserver au moins un objectif de 200 millions d’euros d’investissements chaque année, contre 300 environ les années précédentes. Un montant « plancher » en dessous duquel, estime Robert Herrmann, président (PS) de l’Eurométropole, la collectivité « mettrait en péril le tissus économique local ».
Engagements passés, sobriété future
Par ailleurs, l’Eurométropole est engagée dans plusieurs programmes d’envergure : l’extension du PMC (24 M€ en 2016 pour un total de 79 M€), la 2ème phase de la LGV-Est (3,4 M€ en 2016 pour SNCF-Réseau), les extensions du tramway vers Kehl (14 M€) et Illkirch (4 M€)… En 2016, les élus tiennent à lancer la reconversion du site de la Raffinerie de Reichstett (0,4 M€ en 2016) et le projet urbain des Halles (0,3 M€ en 2016).
Dans ces conditions, il ne reste que deux leviers pour équilibrer les comptes : le recours à l’endettement et à la fiscalité. Mais l’encours de dette de l’Eurométropole s’élève déjà à 484 M€ fin 2014 et « devrait se situer autour de 520 M€ fin 2015 ». Même si le taux moyen est de 2,65% en juin 2015 et a tendance à baisser, ça commence à faire beaucoup pour une collectivité qui engrange 653 M€ de recettes.
Et donc, il reste… les impôts. Les trois scénarios proposés aux conseillers métropolitains ce vendredi prévoient 530 M€ d’investissement sur trois ans. Le premier montre les conséquences d’une stabilité fiscale, et aboutit à un endettement handicapant en 2018. Le deuxième scénario propose d’équilibrer les comptes grâce à 3% de fiscalité supplémentaire tandis que le troisième scénario propose un recours à 5% de fiscalité supplémentaire.
Suivre les débats en direct
Ces trois scénarios seront discutés dans le cadre du débat d’orientation budgétaire ce vendredi en conseil de l’Eurométropole, qui prélude le vote du budget le mois prochain. Vous pouvez suivre les débats ci-dessous à partir de 8h30.
Les commentaires sur Twitter
Tweets sur #eurométropole OR @rue89stg_live
Aller plus loin
Sur Strasbourg.eu : télécharger l'ordre du jour
Sur Rue89 Strasbourg : tous nos articles sur les conseils de l'Eurométropole de Strasbourg
Chargement des commentaires…