La Pigeonne est un squat dans une maison de trois étages au centre de Cronenbourg. Ce lieu est « en mixité choisie », c’est à dire ouvert à tous sauf aux hommes dont le genre est masculin depuis la naissance. Depuis février 2020, des femmes isolées, des personnes queers, des femmes avec enfants et des personnes réfugiées y sont hébergées et vivent en collectif.
Mercredi 9 février vers 10h, les services de l’Eurométropole (EMS) ont soudainement coupé l’accès à l’eau courante de la maison. Une habitante témoigne : « Ils l’ont fait sans prévenir, c’est complètement abusif. » Elle relate que les services de l’EMS ont laissé une brève notification sur la valve d’eau, à l’extérieur de la maison, indiquant que leur branchement était fermé à la demande du propriétaire.
Les distributeurs n’ont pas le droit d’empêcher l’accès à l’eau courante des occupants d’un squat
Dans un communiqué publié samedi 12 février, les occupantes dénoncent :
« Quelles sont donc ces manœuvres ? Couper l’accès à l’eau est un acte non seulement vicieux mais illégal. Cela revient à mettre en danger la vie d’autrui, nous empêcher de boire, de nous laver, de cuisiner, d’éteindre un feu, donc de maintenir des conditions d’hygiène et de sécurité essentielles dans un contexte sanitaire compliqué, avec des personnes malades. Nous n’acceptons pas cela ! L’accès à l’eau est un droit que nous allons reprendre ! »
Effectivement, depuis 2013, les distributeurs n’ont pas le droit de couper l’eau courante d’un squat, puisqu’il s’agit d’une ressource vitale. En début d’après-midi lundi 14 février, les services de l’Eurométropole ont d’ailleurs rétabli l’accès à l’eau courante.
Pas d’explication sur les raisons du débranchement
Contactée par Rue89 Strasbourg, l’Eurométropole ne souhaite pas donner d’explications sur les raisons du débranchement initial de l’accès à l’eau. Dans leur communiqué, les occupantes rappellent :
« Depuis deux ans, nous, Pigeonnes, prenons soin de la maison qui nous a accueillies, en créant un espace pour les femmes et les personnes queers précaires, qu’on veut pérenne et solidaire, un lieu de vie et d’activité qui nous est vital. Cela nous demande énormément de temps, d’énergie et de moyens. […]
Dès notre arrivée, nous avons envoyé un long courrier de présentation de notre projet au propriétaire, sans réponse de sa part depuis deux ans. Nous savons qu’il possède des domaines et d’autres maisons, celle-ci qu’il a abandonnée et délaissée depuis des années ne semble donc pas lui manquer. »
Avant l’installation de La Pigeonne, la maison était inoccupée depuis au moins 5 ans.
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