« Qu’est-ce qu’on veut ? Des logements ! Pour qui ? Pour tous ! » Devant un bâtiment du Crous de Strasbourg, quai Dietrich à Strasbourg, des étudiants se sont donnés rendez-vous en début d’après midi ce mercredi 13 mars. À l’initiative de deux syndicats étudiants, Communauté Solidaire des Terres de l’Est (CSTE) et l’Alternative étudiante de Strasbourg (AES), la manifestation dénonce l’augmentation des loyers des résidences du Crous, gelés depuis cinq ans.
Cette mesure a été annoncée le 28 février par Bénédicte Durand, nommée 13 jours plus tôt à la tête du Centre national des œuvres universitaires et scolaires (Cnous). Dans un entretien accordé au Parisien, l’ex-rectrice de l’enseignement supérieur en Île-de-France et conseillère d’Élisabeth Borne à Matignon, détaille :
« Il s’agit d’une hausse générale de 3,5% des loyers après cinq ans de gel. Un coût très modéré, entre 2 et 6 euros par mois par étudiant, une fois les aides personnalisées (APL) prises en compte. Les politiques sociales de ces dernières années, comme les repas à 1 euro, ont mis sous tension notre modèle économique. »
Extrait de l’entretien accordé au Parisien
Interrogée par France Bleu Alsace, la directrice du Crous de Strasbourg a justifié la mesure par la nécessité d’investir dans la rénovation et la construction de logements étudiants, dont la nouvelle résidence de 500 appartements place d’Islande qui devrait être livrée en 2027.
96 euros de loyer en plus par an
« Huit euros en plus par mois ça parait rien pour certains, mais pour moi ça change tout. » Alexandre, 20 ans, drapeau du syndicat Alternative étudiante de Strasbourg (AES) sous le bras, est venu pour « réclamer ses droits ». Logé à la cité universitaire de la Robertsau depuis trois ans où il dépense 191 euros par mois pour une chambre de 10 mètres carrés, l’augmentation l’amènera a payer 96 euros supplémentaires sur l’année. Un accroissement qu’il juge « d’autant plus injuste » au regard d’une résidence « particulièrement délabrée » dans laquelle ses amis ont eu des punaises de lit et ont croisé des cafards :
« La bourse est ma seule source de revenu. Alors chaque été quand je ne la reçois plus, c’est difficile. Avec presque une centaine d’euros en plus par an, ça va être compliqué. »
Également membre du syndicat étudiant, Lilian paye 301 euros pour un logement de 9 mètres carrés au sein de la résidence Paul Appell. Le jeune homme de 18 ans préfère ironiser : « Les seules dépenses que je fais sont alimentaires, et essentiellement pour faire des tartines. Un loyer plus élevé ne va pas augmenter mon niveau en cuisine. »
« J’ai l’impression qu’il y a un contexte général de dégradation de la précarité étudiante avec la fin du tarif boursier pour le Vélhop et le prix du transport qui a augmenté », observe Rayyan, lui aussi membre de l’UES. Son loyer devrait augmenter de 15 euros pour son 24 mètres carrés dans la résidence Les Flamboyants à l’Esplanade.
« Revenir à un service public des étudiants »
Mathieu Bellegeulle, secrétaire générale à la Communauté Solidaire des Terres de l’Est, siège le 13 mars au conseil d’administration du Crous qui doit entériner l’augmentation des loyers du Crous à Strasbourg : « Nous sommes ici pour interpeller l’ensemble des administrateurs du Crous et, peut-être, les convaincre. » Sans surprise, l’augmentation sera finalement votée le soir même, malgré l’opposition de l’étudiant de 22 ans et celle de Florian Kobryn (EE-LV), membre du conseil d’administration, conseiller départemental à la Collectivité européenne d’Alsace (CeA) et seul élu présent au rassemblement.
Au mégaphone, ce dernier clame son soutien aux mobilisés : « Cette mesure enlève le pain de la bouche des étudiants. Il faut revenir à la naissance du projet du Crous, qui doit être un service public qui les aide dans une situation de crise. »
En janvier, la Fédération des associations générales étudiantes (FAGE) a rendu les conclusions alarmantes de son étude sur la précarité étudiante. En France, sur les 2,93 millions d’étudiants, 665 000 sont boursiers et un étudiant sur cinq ne mange pas à sa faim.
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