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Klajdi Mirashi, étudiant étranger : « C’est dur de vivre dans un pays qui ne vous accepte pas »

Étudiant albanais à l’Université de Strasbourg, Klajdi Mirashi s’est vu refusé sa demande d’asile. Espérant un titre de séjour étudiant, son quotidien est constamment menacé par la possibilité d’une expulsion.

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Klajdi Mirashi, étudiant étranger : « C’est dur de vivre dans un pays qui ne vous accepte pas »

« Depuis le début, c’est compliqué… » Au dernier étage d’un immeuble de Cronenbourg, Klajdi Mirashi raconte son quotidien d’étudiant étranger, sans papier, à Strasbourg. Arrivé d’Albanie en 2015 avec ses parents et ses deux frères d’Albanie, ils se sont vus refuser le statut de réfugiés en 2018 et en 2021. Mais entre temps, Klajdi a appris le français, langue qu’il maîtrise parfaitement. Il a passé son bac et a obtenu une place au sein de la filière Sciences et techniques des activités physiques et sportives (Staps), très sélective, de l’Université de Strasbourg. Il se destine au métier de préparateur physique pour une équipe sportive.

Derrière le jeune homme au physique athlétique, ses parents sont assis sur un canapé en coin. Ils ont tous les deux le regard dans le vide. Ainé d’une fratrie de trois garçons, le jeune homme de 21 ans reste optimiste. Rester droit, garder espoir, c’est aussi une façon de protéger ses petits frères de 10 et 18 ans : « On essaye de les épargner mais ils sentent bien l’ambiance lourde à chaque rejet de la préfecture… »

Klajdi Mirashi, étudiant sans papier. Au second plan, ses parents. Photo : Guillaume Krempp / Rue89 Strasbourg / cc

« Je n’ai aucun droit »

Étudiant en deuxième année, Klajdi Mirashi a toujours voulu « mettre les chances de [s]on côté et montrer [s]a bonne volonté ». Il dispose déjà d’un brevet d’aptitude aux fonctions d’animateur (Bafa) et se forme pour devenir directeur de centre aéré ou de colonie de vacances. Footballeur, Kladji entrainait en 2021 l’équipe de foot U9 d’Illkirch-Graffenstaden. Dès la rentrée, il s’occupera de l’équipe des jeunes de moins de 13 ans.

En tant qu’étudiant, Klajdi pourrait obtenir un titre de séjour, lié à la poursuite de ses études. Dans sa demande, le jeune homme a joint une lettre de soutien de l’association Caritas, qui décrit son engagement au sein de la structure.

Bien occupé, Kladji Mirashi en oublie presque sa situation, « surtout quand je travaille comme bénévole en colonie de vacances. » Mais la vie quotidienne d’un étudiant sans papier le rappelle vite à la réalité :

« Même ma pièce d’identité albanaise est périmée. Je n’ai pas de statut donc je n’ai pas le droit de travailler, tout comme mes parents. Je ne peux pas passer le permis de conduire. À chaque fois que je dois me déplacer, c’est un stress… Je ne peux pas demander de bourse non plus. En fait, je n’ai aucun droit. C’est dur de se dire que le pays où je me forme et où je passe tout mon temps ne veut pas de moi. »

Le soutien d’un professeur et de la cellule dédiée

Pour son avenir, Klajdi Mirashi ne se voit pas ailleurs qu’en France : « Je suis ici depuis que j’ai 15 ans… C’est ici que j’ai mes amis, mes habitudes, mon réseau. C’est pour ça que l’on aimerait rester ici. » L’étudiant ne préfère pas s’étendre sur son pays d’origine. Il évoque simplement « une justice corrompue » et des menaces : « Ma famille était en danger en Albanie. »

Dans ce quotidien difficile, Klajdi peut compter sur l’aide de son professeur de sociologie, Michel Koebel, également coordinateur de la cellule de veille et d’alerte pour les étudiants internationaux. Pendant le confinement, l’enseignant s’est enquis des besoins de ses étudiants. Le jeune d’origine albanaise a alors envoyé un mail, pour lui faire part de sa situation. Il se souvient avoir reçu une réponse dans la journée. Depuis, Michel Koebel sert d’intermédiaire auprès de la préfecture, à chaque étape du processus de régularisation.

Doublement des dossiers en attente

En 2021, la cellule de soutien aux étudiants étrangers croule sous les appels à l’aide. Membre de ce groupe depuis 10 ans, Michel Koebel se souvient des années précédentes, « on avait six ou sept cas à suivre et on obtenait la régularisation de deux à quatre personnes. » Mais en 2021, le professeur de sociologie estime que 20 étudiants étrangers sont dans une situation similaire à celle de Klajdi, soit en tant que demandeurs d’asile, soit en attente d’un titre de séjour.

Deux étudiantes seulement ont obtenu satisfaction en 2021. Michel Koebel décrit leur profil :

« Il y a d’abord, une femme originaire du Tchad, que sa famille a voulu marier de force et qui a fui le mariage forcé. L’autre personne a été régularisée avec ses enfants en bas-âge et son mari qui était meneur d’une organisation d’opposition dans son pays. »

« Tous les dossiers que l’on porte auprès de la préfecture sont aussi défendables (que les deux cas cités plus haut, ndlr), à la fois sur le plan humanitaire comme sur le plan de la réussite », avance Michel Koebel.

Rapport de force délicat avec la préfecture

Mais selon le professeur de sociologie, et d’autres personnels de l’Université impliqués dans le soutien aux étudiants étrangers, la préfecture est de plus en plus sourde à leurs revendications :

« On a l’impression d’être dans un rapport de force du type “syndicat / patronat”, où la préfète nous donnerait satisfaction sur deux dossiers pour nous calmer. On ne comprend pas leur logique. Ils ne prennent plus en compte le côté humanitaire des situations présentées. »

Dans une lettre ouverte datée du 5 juillet, le syndicat des enseignants du supérieur (Snesup-FSU) de l’Université de Strasbourg a dénoncé :

« Le Snesup-FSU invite l’administration préfectorale à faire preuve de plus de diligence dans le traitement des demandes de cartes de séjour étudiant, à plus d’attention au soutien pédagogique manifesté par la communauté universitaire et à plus de discernement dans la prise en compte des situations humanitaires. La politique du chiffre dans la délivrance des OQTF (Obligation de quitter le territoire français) n’est pas compatible avec nos traditions universitaires et les valeurs d’accueil et de protection des étudiants étrangers. »

Contactée, la préfecture n’a pas donné suite à notre demande d’informations complémentaires.


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