« La préfecture nous a convoqués, les agents nous ont informés que nous devions quitter l’hébergement sinon la police nous ferait sortir », relate Vazgen, grâce à un traducteur sur son téléphone. Avec ses six enfants et sa femme Narine, ce père de famille arménien vit dans un appartement de trois pièces à Strasbourg depuis août 2023. Quatre enfants sont dans une chambre, l’aîné, lycéen, dort dans le salon et le cadet, qui n’a même pas un an, passe ses nuits dans le lit de ses parents. « C’est dangereux d’être dehors avec autant d’enfants, ce n’est pas humain », répète t-il. Narine, visiblement exténuée, cache sa tête dans ses mains pendant que son mari, vêtu d’un vieux maillot siglé de l’équipe de France de football, fait visiter le petit logement.
Selon nos informations, la préfecture du Bas-Rhin a lancé en août une opération visant à supprimer des places d’hébergement pour les « ménages à droits incomplets ». Il s’agit par exemple de personnes dont le renouvellement du titre de séjour pour raison de santé n’est pas assuré ou de familles ayant été déboutées de l’asile mais dont les enfants sont scolarisés… Vazgen et Narine sont dans ce cas de figure. Leur recours contre le refus de leur accorder l’asile est en cours de traitement.
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Des visages et des témoignages d’habitants et d’habitantes du camp Eugène Imbs. Un chiffre pour donner la réalité au-delà de la communication préfectorale sur le plan Grand froid. Un reportage dans le centre d’aide pour le retour, passage obligé de nombreuses personnes sans-abri et en situation irrégulière… L’engagement de Rue89 Strasbourg sur le sans-abrisme, c’est de vous donner accès à toutes ces informations qui font rarement la Une des médias traditionnels.
Ces enquêtes et ces reportages ont un prix. C’est le temps de travail de Thibault Vetter et de Camille Balzinger, qui suivent de près, depuis plusieurs années, la problématique du manque d’hébergements d’urgence à Strasbourg et la précarité des personnes sans papier.
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