Les plombiers aimeraient savoir où se situent les arrivées d’eau, parce qu’il faut brancher l’arrivée pour la tireuse à bières de l’Espace K, le nouveau nom du Hall des Chars, en face de la Laiterie à Strasbourg. Aucun problème pour Jean-Luc Falbriard, le nouveau directeur artistique, aussi à l’aise dans le costume du Capitaine Sprütz que dans des habits de concierge. Monter un théâtre de toutes pièces, il l’a déjà fait, il y a 23 ans, avec le Kafteur.
À l’époque, c’était avec une poignée de comédiens volontaires, une brassée de bénévoles déterminés et beaucoup, beaucoup de bonnes volontés. Aujourd’hui, Jean-Luc Falbriard dispose de l’aide de la Ville : 70 000€ d’investissements en matériels et travaux et 85 000€ de subventions de fonctionnement annuelles. Ce sera donc plus simple, même si les missions attendues par la Ville sont plus nombreuses.
« Le Kafteur, avec quelque chose en plus »
Le spectateur habitué du Kafteur ne sera pas dépaysé : toutes les icônes du petit théâtre de la rue Thiergarten ont été déménagées : les affiches vintage du Capitaine Sprütz, les gargouilles-lampadaires, la « Kaisse » et diverses créations kitsch-do-it-yourself… Il ne manque que la décoration particulière des toilettes et les fauteuils de cinéma recyclés, si resserrés qu’ils offraient de véritables défis yogi aux personnes de plus d’1m60. Ils ont été remplacés par les 151 places, au confort grand luxe en comparaison, de la salle de spectacle, soit une augmentation de la jauge de 50%.
Pour autant, Jean-Luc Falbriard assure que l’esprit d’intimité qui régnait au Kafteur sera présent à l’espace K :
« C’est une scène très intéressante, on est à un mètre des premières personnes du public. Rien ne nous sera interdit, on sera même plus proches qu’au Kafteur. C’est vrai que les gens seront mieux installés mais il était grand temps d’évoluer. »
Enfin des loges pour les artistes
Les améliorations seront aussi sensibles pour les artistes. Terminées les descentes à la cave pour chercher un costume à la lampe-torche, et la gestion millimétrée, façon station spatiale, des coulisses et de la loge ! Autre amélioration notable : les spectacles pourront faire plus de bruit, sans risque de heurter un voisinage qui était immédiat rue Thiergarten et qui montrait des signes de nervosité.
Mais dans ce grand hall qu’est l’Espace K, tout reste encore à construire. Difficile d’imaginer qu’un spectacle doit s’y produire jeudi. Jean-Luc Falbriard reconnaît « avoir peut-être été un peu optimiste ». Mais de toutes façons, le lieu a vocation à être un chantier permanent :
« Il y a deux espaces de 500 m² chacun, la salle de spectacle et l’autre qu’on a appelé “espace de curiosités”. On y proposera des expositions, des spectacles jeune public, des essais avec plusieurs scènes, etc. C’est un endroit très modulaire qu’on peut segmenter avec de grands rideaux. On va le garder ainsi pour qu’il puisse être différent à chaque fois, et réserver des surprises aux spectateurs. »
Un lieu proche du quartier pour la Ville
De son côté, la Ville de Strasbourg attend de l’équipe de l’Espace K qu’elle attire de nouveaux publics vers la culture, une exigence formulée auprès de toutes les structures culturelle qu’elle finance. En outre, selon Alain Fontanel, adjoint (PS) au maire de Strasbourg en charge de la culture, l’Espace K ne doit pas seulement être un nouveau Kafteur mais il devra nouer des liens avec le quartier de la Laiterie et de la gare.
Un chargé de médiation culturelle a été recruté en ce sens, à lui de s’assurer que les écoles soient associées, que les associations puissent proposer leurs spectacles voire participer à des créations, etc. Comme première mesure, Jean-Luc Falbriard annonce qu’un tarif de 3€ par spectacle sera proposé aux habitants issus du quartier Laiterie et sujets aux minima sociaux.
Comme pour l’espace culturel Django Reinhardt, un « comité de suivi » est mis en place. Il se réunira tous les six mois pour évaluer la réalisation des « objectifs » assignés à l’équipe du Kafteur.
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