La Haute autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP) et les parlementaires auront tout fait pour que les informations contenues dans les déclarations d’intérêts et d’activités soient aussi inaccessibles que possible. Plutôt que de publier ces données dans des formats numériques exploitables, la HATVP s’est contenté de fournir des centaines de fichiers PDF, directement produits à partir des déclarations manuscrites des députés et sénateurs ! Résultat : certains expriment leurs rémunérations annexes en brut annuel, d’autres en net mensuel, etc. Pour y mettre un peu d’ordre, le site Regards Citoyens a mis en ligne une application pour numériser toutes ses données mais il faudra probablement des semaines avant que ces informations puissent être exploitées.
Voici néanmoins ce qu’on peut retenir des déclarations fournies par les parlementaires alsaciens. Si vous détectez dans les déclarations publiées une information qui mériterait qu’on s’y intéresse de plus près, n’hésitez pas à nous la signaler.
Comme prévu, Philippe Bies, député PS du Bas-Rhin, a déclaré ses multiples activités au sein des conseils d’administration de divers organismes du logement social. Seule Habitation Moderne le rémunérait en sus de ses indemnités d’adjoint au maire de Strasbourg avant son élection en juin 2012, pour 2 477€ nets par mois. Philippe Bies a tenu son engagement de démissionner de ses mandats de conseiller général et d’adjoint au maire lorsqu’il est devenu député, il a eu plus de mal à se séparer de sa fonction de vice-président de la CUS, indemnisé 1 195€ par mois car il a attendu décembre pour la quitter.
Les cumuls des députés-maires UMP
Député UMP du Bas-Rhin, Laurent Furst est un cumulard à l’ancienne : il est en outre maire de Molsheim, président de la communauté de commune Molsheim – Mutzig et conseiller général ! Il recevait avant son élection en 2012 7 293€ nets par mois pour ces trois derniers mandats. Dans sa déclaration, le député-maire-président-conseiller note que ces revenus sont écrêtés dans la limite du plafond légal (8 272,02€).
Autre cumularde parmi les députés du Bas-Rhin, Sophie Rohrfritsch, maire (UMP) de Lampertheim, conseillère à la CUS et vice-présidente à la Région Alsace ! Ses revenus sont évidemment au maximum légal. Quant à Claude Sturni, il cumule les mandats de député (UMP) du Bas-Rhin, maire de Haguenau, 4e ville d’Alsace et président de la communauté de communes.
Antoine Herth, député UMP du Bas-Rhin, est le seul agriculteur parmi les parlementaires alsaciens. Il déclare 16 572€ de revenu en 2011 issu de sa participation de 50,1% dans son exploitation agricole. Il est également vice-président de la Région Alsace, 31 977€ d’indemnités par an.
Le député UMP du Bas-Rhin Patrick Hetzel a été élu en juin 2012 mais il n’a pas l’intention d’abandonner son autre métier, professeur à l’université Panthéon-Assas Paris-2, poste pour lequel il est toujours rémunéré 5 200€ par mois.
Les conseils d’administration de Roland Ries et Fabienne Keller
Parmi les sénateurs du Bas-Rhin, Fabienne Keller (UMP) détaille la liste de ses conseils d’administration, non rémunérés : la CTS, l’Association française de développement, l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs et Réseau ferré de France. Elle précise qu’elle détient une part de la coopérative Citiz, anciennement Autotrement.
De son côté, Roland Ries, sénateur (PS) du Bas-Rhin, rappelle qu’il est retraité de l’Éducation nationale et membre du conseil d’administration de la CTS, de la Sers, et des conseils de surveillance de la Caisse d’Epargne d’Alsace et des hôpitaux universitaires de Strasbourg. Côté rémunérations, Roland Ries indique son indemnité de conseiller municipal de Strasbourg (450€ par mois), son indemnité de conseiller communautaire (1 000€ par mois) mais n’indique pas celle attachée à sa fonction de maire…
Président de l’agglomération de Mulhouse avant mars 2014, le sénateur (UDI) du Haut-Rhin Jean-Marie Bockel, avocat, a demandé à être « omis du barreau » de 2007 à décembre 2010, puis à nouveau en 2012, un retrait qui permet d’éviter bien des conflits d’intérêts et une précaution que peu d’avocats devenus députés et sénateurs ont pris. Il a également déclaré ses participations dans diverses caisses du Crédit Mutuel (voir ci-dessus).
Dans le Haut-Rhin, on embauche en famille
Député (UMP) du Haut-Rhin, Michel Sordi emploie sa femme comme assistante parlementaire, Francis Hillmeyer, député UMP du Haut-Rhin dispose des compétences de sa fille, et Jean-Luc Reitzer, député UMP du Haut-Rhin emploie aussi son fils. Mais son site internet présentait jusqu’à ce vendredi matin la dernière collaboratrice à avoir rejoint le député comme étant… Élise Reitzer. La fille du député a été embauchée par Jean-Luc Reitzer en mars 2008 mais elle a quitté ses fonctions en janvier 2013 pour rejoindre le cabinet de Philippe Richert à la Région. Maire d’Altkirch et président de la communauté de communes, Jean-Luc Reitzer a en outre tenu à préciser dans sa déclaration qu’il est président, bénévole, de l’association des routes de la carpe frite, spécialité du Sundgau.
Autres petites informations insolites glanées dans ces déclarations : le conjoint de la sénatrice UMP du Haut-Rhin Catherine Troendlé est professeur de yoga, tandis que celui de François Boog, sénatrice UMP du Haut-Rhin, est « autoentrepreneur dans la mécanique moto ».
(Mis à jour à 10h50 pour préciser le parcours d’Élise Reitzer)
Aller plus loin
Sur Rue89 : Aidez-nous à fouiller dans les déclarations d’intérêts de nos élus
Sur Le Monde : ce que dévoilent les déclarations d’intérêt des parlementaires
Sur Le Monde : quand la transparence dans la vie politique vire à la mauvaise blague
Sur HATVP.fr : accéder aux déclarations d’intérêt des députés et sénateurs alsaciens
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