Au milieu des drapeaux de l’UNEF (syndicat étudiant de gauche) ou du MJS (Mouvement des jeunes socialistes), quelques banderoles, sur lesquelles on peut lire des messages du type : « Solidarité pour nos étudiants étrangers », « En France, un étudiant sur 10 est exclu du système social (…), il faut plus de 7000€ sur son compte en banque pour étudier (…), si l’on redouble on est arrêté, on doit montrer ses notes à la préfecture (…) ».
Le cortège des manifestants, après s’être rassemblé sur le parvis de la fac de droit, avance ensuite boulevard de la Victoire. Avec en ligne de mire, le Crous en face de la station Gallia, puis la préfecture. Quelques professeurs sont présents, mais le président de l’UdS, qui vient de publier une lettre de soutien aux étudiants étrangers, n’est pas dans le cortège. A l’approche du Crous, les slogans se font plus agressifs : « A ceux qui veulent virer les étrangers, les jeunes répondent résistance ! C’est Claude Guéant qu’il faut virer ! » Et le traditionnel : « Nous sommes tous des enfants d’immigrés à la première, à la deuxième, à la troisième génération ! »
Le but de cette matinée de manifestation, apprend-t-on, est de « faire prendre conscience aux gens de ce que peuvent vivre les étudiants étrangers » au quotidien, et « du fait que ce n’est pas l’université qui décide de leur avenir mais la préfecture ». Pour Dilara Hatipoglu, militante à l’UDEES, association qui existe depuis dix ans et qui vient en aide à ses étudiants étrangers en difficulté :
» On a un scénario catastrophique où le gouvernement s’acharne sur les étudiants étrangers pour remplir leurs quotas. La circulaire Guéant c’est une chose, mais il y a aussi les ressources financières que les étudiants doivent justifier chaque année en renouvelant leurs titres de séjour qui ont augmenté cette année pour atteindre 7680€. De plus, un étudiant étranger n’a le droit de travailler que 21h par semaine, donc il y a impossibilité à obtenir cette somme-là à moins de bénéficier d’une aide extérieure. »
Plus le cortège s’approche du centre-ville, plus les policiers sont visibles. De nombreux médias sont également présents.
« La mairie fait des efforts pour accueillir ses étudiants quelques soient leurs origines et en parallèle, on a un gouvernement avec son représentant territorial qui est le préfet, qui expulse des étudiants qui sont dans un cursus, ceci tout simplement pour respecter des quotas et une circulaire inepte. »
Ces étudiants tiennent à « la diversité culturelle et à la richesse » des étudiants étrangers apportés à la ville de Strasbourg, ceci d’autant plus que l’université représente pour eux « un lieu d’émancipation et de rencontre » et la France « une terre d’accueil et d’humanité » qui ne devrait se priver de diplômés qu’elle a elle-même formés.
Après le sit-in sous les fenêtres du Crous, même combat place de la République, devant la préfecture. Alors que les manifestants réclament l’abrogation de la circulaire Guéant, leurs rangs se sont nettement éclaircis. Sur la fin, la manifestation se radicalise, au sons des « Pétain, reviens, t’as oublié tes chiens »… Treize heures : la manifestation prend fin.
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