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L’entreprise de géothermie Fonroche reconnaît une responsabilité dans les séismes de la nuit du 27 au 28 octobre

Cinq mini-séismes ont été relevés près de Strasbourg en l’espace de sept heures. Ces événements sismiques interviennent alors que l’entreprise Fonroche a repris ses tests de forages géothermiques depuis le 1er octobre.

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L’entreprise de géothermie Fonroche reconnaît une responsabilité dans les séismes de la nuit du 27 au 28 octobre

Entre mardi 27 octobre à 23h33 et mercredi 28 octobre à 6h17, le Réseau National de Surveillance Sismique (RéNaSS) a relevé 5 séismes d’une valeur de 1,1 à 2,7 sur l’échelle de Richter.

Pour Jérôme Vergne, sismologue au sein de l’Ecole et de l’Observatoire des Sciences et de la Terre de l’Université de Strasbourg (EOST), « le lien entre ces événements et les tests géothermiques à Vendenheim est très probable. Ils sont tous localisés dans la zone de forage. »

Jean-Philippe Soulé (à gauche), directeur général de Fonroche Géothermie, a reconnu la responsabilité de son entreprise dans les séismes de la nuit du 28 octobre. (JFG / Rue89 Strasbourg)

Des tests pour expliquer les secousses de novembre 2019

L’entreprise Fonroche, qui mène les activités de forage, a d’ailleurs reconnu sa responsabilité par la voix de son directeur général, Jean-Philippe Soulé. Dans une réaction aux DNA, il indique, « ces secousses sont une mauvaise nouvelle, mais [sont pleines] de renseignements ». Les deux séismes sont « induits par une des séquences de tests d’interférences et de traçage, actuellement en cours sur demande de la Préfecture », complète par écrit la société auprès de Rue89 Strasbourg.

Deux séismes d’amplitude comparable avaient déjà secoué Strasbourg en novembre 2019. Pour ces secousses, l’entreprise et l’État estiment qu’il n’y a pas de conclusion définitive quant à leur lien avec l’activité de géothermie profonde, à savoir faire remonter de la chaleur des eaux souterraines. Ces activités-là, à 5 000 mètres sous la croûte terrestre, sont toujours bel et bien à l’arrêt depuis.

La préfecture du Bas-Rhin, qui encadre ces opérations minières, a autorisé le 1er octobre l’entreprise à réaliser des tests pour justement tenter d’expliquer les secousses de novembre 2019 et vérifier la viabilité économique du projet. « Fonroche fait des tests de connectivité entre les deux puits, pour savoir si on est bien entre deux failles qui communiquent avec un débit suffisamment important », précise Pascal Lajugie, directeur de l’unité départemental de la Direction régionale de l’Environnement, de l’aménagement et du Logement (Dreal).

Dans le cadre de ces tests, Fonroche injecte de la fluorescéine, un produit « inerte et coloré » qui permet de suivre les courants d’eau chaude, avec une montée en pression. Ce protocole établi avec un comité d’experts, composé de la Dreal, l’Institut national de l’environnement industriel et des risques (Ineris) et le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) est imposé par la préfecture. Ce sont ces injections qui ont été réalisées entre le 1er et le 27 octobre qui génèrent de la sismicité, selon l’entreprise, l’État et le sismologue Jérôme Vergne.

Nouvelle phase de test à partir de la fin de semaine

Selon Jean-Philippe Soulé, ces séismes pourraient provenir d’un arrêt trop rapide des injections et donc d’une « rétractation naturelle de la roche ». « On y va tout doucement, justement pour éviter la sismicité. Là, on a arrêté en 18 heures, il faut peut-être plutôt arrêter cette centrale en quinze jours », explique-t-il. Les conclusions que le comité d’experts tirera des évènements des 27 et 28 octobre doivent permettre d’adapter le protocole d’arrêt. Mais la terre alsacienne avait déjà tremblé à quatre autres reprises depuis le 14 octobre (entre 1 et 1.4 sur l’échelle de Richter), à proximité du lieu de forage avant les séismes des 27 et 28 octobre.

Contactée dans la matinée, la Préfecture a diffusé un communiqué à 20h30. Elle indique que les mesures de traçages « seront achevées le 29 octobre à 12h » et surtout que la « poursuite du test de traçage est suspendue », en attendant les résultats d’une « analyse des événements sismiques de ce jour ». Cette nouvelle phase, avec l’ajout d’un produit de traçage, devait débuter en fin de semaine et durer jusqu’à la fin de l’année 2020.


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