Tous les cinq ans, les derniers jours du mandat présidentiel sont propices aux coups fourrés. Le dossier des déchets toxiques de Stocamine n’y fait pas exception, malgré les négociations tentées par Frédéric Bierry (LR), le président de la Collectivité d’Alsace (CeA).
La ministre de la transition écologique Barabra Pompili a signé le 15 avril un décret qui dispense les installations classées de constituer des garanties financières si elles ont une garantie de l’État. Un texte sur-mesure pour la société des Mines de Potasse d’Alsace (MDPA) qui exploite l’activité de stockage dans l’ancienne mine de Wittelsheim, près de Mulhouse.
En novembre, le gouvernement avait déjà préparé le terrain en faisant voter en catimini un amendement pour que l’État se porte garant de la société, sans en préciser la raison. Ces manœuvres font suite à une décision de la cour administrative d’appel de Nancy qui avait empêché le confinement des déchets dans les galeries à cause de l’absence de ces garanties financières.
Une enquête judiciaire pour dissimulations
Ce décret est vu comme la levée du « dernier obstacle » pour permettre l’enfouissement définitif de 42 000 tonnes de déchets industriels qui à terme entreront en contact avec la nappe phréatique d’Alsace. Ce stockage devait être temporaire quand le projet a été accepté dans les années 1990.
Sur le front judiciaire, le dossier Stocamine a pourtant suscité l’ouverture d’une enquête de la gendarmerie nationale spécialisée dans les atteintes à l’environnement pour vérifier la nature des déchets entreposés. D’importants soupçons de dissimulation ont entrainé une plainte suite à des témoignages publiés sur Rue89 Strasbourg et la Badische Zeitung. L’association Alsace Nature espère que des enquêteurs puissent descendre au fond de la mine afin d’inspecter le contenu des sacs et barils avant les premiers barrages en béton, irréversibles, et programmés en juin. Un temps de la justice que le gouvernement n’a visiblement pas envie de respecter.
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