“On a dormi douze nuits dans le combo”, confie en anglais Nino Damenia, les mains emmitouflées dans son manteau. Sur son téléphone, elle montre une photo prise au flash. Dans l’obscurité, ses quatre enfants sont lovés les uns contre les autres pour pallier le froid mordant qui règne à l’arrière de leur camionnette. Rencontrés devant l’école Saint-Jean, mardi 7 janvier, ils expliquent être désormais logés temporairement grâce à la Ville de Strasbourg et l’association Accueil sans frontière 67.
Des solutions temporaires
Avant d’en arriver là, Nino Damenia et Kakhaber Tskhakaia avaient un toit. Venus en France en 2022, ce couple de Géorgiens s’est installé à Strasbourg en mai 2024, dans l’appartement d’un ami. Une situation qu’ils ont dû quitter le 22 décembre en raison du départ de celui-ci à l’étranger. “Les enfants pleuraient toute la nuit. Ils ne pouvaient ni dormir, ni se laver, ni se brosser les dents. Et c’est compliqué de faire à manger dans une voiture”, relate la mère de famille, un peu émue.
Les parents attendent d’avoir des papiers et ne peuvent donc pas travailler. Sans revenu et seuls face à cette situation, ils se sont tournés vers l’école de leurs enfants pour demander de l’aide, avec succès. “Grâce à eux, nous avons un appartement pour dix jours, du 3 au 13 janvier.” Ce logement est financé avec une partie des 4 275 euros récoltés par la cagnotte lancée avant les vacances de Noël par le collectif. Reconnaissante, Nino Damenia ne sait pas ce qu’il adviendra après : « Nous retournerons peut-être dans la camionnette. »
L’école comme seul repère
“S’ils avaient des papiers, ils pourraient faire une demande de logement social”, note Elphège Tignel, membre du collectif “Solidarité des Bonnes Gens” et représentante des parents d’élèves de l’école Saint-Jean. Souvent en France depuis plusieurs années, ces familles sont en procédure de demande d’asile ou en attente de régularisation.
L’école devient alors le seul interlocuteur en mesure d’apporter des solutions concrètes et immédiates. À l’école Saint-Jean, la liste des signalements s’allonge régulièrement. “Hier, une maman seule m’a annoncé en pleurant qu’elle dormait avec ses deux enfants dans sa voiture depuis le 2 janvier”, rapporte la représentante. Elle précise qu’une autre mère célibataire se trouve dans une situation similaire.
Une situation connue à Strasbourg
Lors d’un point presse du 7 janvier, le collectif a dressé un bilan de la situation de leurs élèves. “À ce jour, neuf enfants de l’école dorment encore dehors”, déclare Elphège Tignel face à l’assemblée de journalistes. Âgés de 3 à 10 ans, ces enfants ont fait l’objet de signalements « informations préoccupantes » et sont connus des services de la Ville.
« On essaie de trouver des solutions », assure Floriane Varieras, adjointe à la maire chargée de la solidarité, qui a fait le déplacement. Elle est consciente que les 300 places d’hébergement d’urgence créées par la municipalité, ne suffisent pas.
Elle rappelle qu’en février 2024, la mairie de Strasbourg s’est unie à celles de Rennes, Bordeaux et Lyon pour poursuivre l’État devant la justice administrative et dénoncer ses carences en matière d’hébergement d’urgence.
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