« Si je sors et que j’attrape le virus, c’est le cimetière direct pour moi. » Mohamed Belhout a 80 ans, dont 20 passés à l’Elsau. Ancien « gros fumeur », aujourd’hui asthmatique, il évite à tout prix de sortir depuis le début du confinement. Heureusement, l’ancien peintre en bâtiment recevra ses courses à domicile dans la journée du 26 mars. A l’initiative de l’association de locataires Alis-Unli et de l’Association Sport et Loisirs Elsau (ASLE), les personnes isolées et fragiles peuvent commander leurs courses sur simple commande téléphonique.
Un service de livraison bénévole
Dans ce quartier où les aînés sont nombreux, la solidarité s’est rapidement organisée. Dès lundi 16 mars, les associations Alis-Unli et l’ASLE proposaient leurs services bénévoles aux personnes âgées, fragiles, en situation de handicap ou à un parent isolé avec plusieurs enfants. Deux jours plus tard, Azzedine Naji, président de l’ASLE, livrait plusieurs Elsauviens, ainsi qu’une personne âgée de Schitligheim. Par ailleurs animateur au centre socioculturel, cette figure du quartier apprécie la mobilisation de jeunes Elsauviens :
« Suite à l’appel sur les réseaux, de nombreux jeunes ont voulu nous aider, en faisant les courses ou en nous prêtant leur voiture. Ça ne m’étonne même pas, ici, dans les moments difficiles, on sait être solidaire. »
L’entraide familiale, ciment du quartier
À l’Elsau, l’entraide n’a pas attendu le coronavirus. Dans ce quartier où les personnes âgées d’origines étrangères sont nombreuses, les enfants ne sont jamais loin.
Dans son immeuble situé rue Martin Schongauer, Josiane Sattler connaît de nombreuses femmes seules : « Leurs courses sont faites par des voisines ou de la famille. » Cette retraitée de 71 ans peut compter sur son gendre pour quelques courses.
De même, Hanane est rassurée depuis que sa sœur a décidé de rester auprès de ses parents à l’Elsau, de 70 et 71 ans. L’informaticienne ne vit pas dans le quartier. Selon elle, le couple aurait été en danger s’il était resté seul. « C’est d’abord une question de surveillance de leur état de santé, les personnes âgées ont tendance à minimiser leur maladie », explique-t-elle. Mais l’aide familial est aussi administrative : « Mes parents seraient incapables de reporter le texte de l’attestation dérogatoire de déplacement… »
Le confinement est difficile à vivre pour Isham (le prénom a été modifié). Le jeune Elsauvien profite alors des quelques commissions à faire pour prendre l’air. Si sa grand-mère a besoin de pain, il n’est pas rare que ses voisines en profitent pour passer commande. Ce simple geste prend une autre dimension en période de pandémie :
« Quand je vois une vieille dame avec le dos cassé, elle fait 10 mètres en 42 minutes, je l’aide à porter ses courses. Je peux pas voir nos aînés galérer, c’est plus fort que moi, faut que je fasse quelque chose. Aujourd’hui, c’est pareil. On a la chance d’avoir un quartier où les enfants des vieux sont toujours là. Ils vont faire les courses pour la daronne, c’est de l’entraide, c’est juste humain. »
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