Pas de débat sur la rénovation du quartier
Évictions de deux membres trop actifs
Fin octobre, Michel Witasse a été démis de ses fonctions de vice-président de l’Arel. Le retraité, très impliqué dans la vie du quartier, ne représente plus l’Arel au sein du conseil citoyen, une organisation de représentation des habitants, obligatoire dans tout « quartier prioritaire de la ville. » Son tort ? Dans une synthèse rédigée par ses soins, il propose la construction d’une « maison de la République » sur la place Nicolas Poussin. Il espère ainsi « réunir différents services publics dans un seul bâtiment où les habitants de l’Elsau pourraient à nouveau se rencontrer. »
Contacté, le président de l’Arel critique cette idée : « Nos adhérents ne sont absolument pas d’accord avec le remplacement de l’espace vert de la place Nicolas Poussin (par un bâtiment, ndlr) ». Et concernant l’éviction de deux adhérents, il se refuse à tout commentaire.
Marc Ferrante a fait une expérience tout aussi amère. L’artiste-plasticien a été écarté de l’association au début du mois d’octobre, alors qu’il était en phase de cooptation. « Je pensais que cela faisait partie des missions de base de l’Arel que d’informer les Elsauviens autour de la rénovation de leur quartier », lâche-t-il. Daniel Vidot lui reproche d’avoir utilisé la liste des e-mails de l’association pour informer de la tenue d’une réunion d’information mi-octobre organisée par l’urbaniste Laurent Garczynski, habitant d’un quartier voisin et très intéressé par le projet. Le but était de compiler des idées d’habitants pour les faire remonter ensuite aux décideurs.
Le président de l’Arel craint au contraire que formaliser des revendications complique les plans des décideurs :
« Nous soutenons tous les acteurs de la rénovation urbaine […] mais dans toute la réflexion qui est menée, il ne doit y avoir aucun frein à la rénovation urbaine. Par frein, j’entends tout ce qui pourrait retarder la rénovation, comme des études complémentaires et onéreuses, et qui diminueraient le budget par ailleurs. L’intérêt, c’est d’aller à l’essentiel, en prenant en compte l’écologie mais en restant pragmatique. »
Des opérations « en-dessous des ambitions »
Dans son avis daté du 24 octobre, le conseil citoyen de l’Elsau dresse un constat critique sur la rénovation : « Les opérations envisagées restent dans le flou et (sont) bien en-dessous de ce que laissaient espérer les ambitions premières. » Les membres de cet organe de démocratie locale se posent la question de leur rôle et de leur pouvoir réel. Depuis un mois, la concertation publique est ouverte autour de la rénovation de l’Elsau, sans pour autant figurer sur le site « Participer » de la Ville et de l’Eurométropole. Peu d’habitants connaissent les intentions de la Ville et de l’Eurométropole de Strasbourg. Ils sont encore moins nombreux à savoir qu’ils pouvaient participer à l’élaboration du projet… Les trois réunions publiques sont maintenant passées.
En parallèle, Laurent Garczynski continue de se démener pour intégrer des projets concrets dans le plan de rénovation :
« La ville ne dit rien sur des axes fondamentaux comme l’écologie et la jeunesse. Cet avant-projet doit être complété pour répondre aux attentes des habitants. Face au fort taux de chômage chez les jeunes, la communauté que j’ai réunie a un projet de centre de formation pour les nouvelles techniques de construction écologique. D’autres habitants ont proposé de mettre en place un atelier de réparation de vélos, des jardins partagés, un groupe multiconfessionnel de scouts, etc. »
Sur le site internet du conseil citoyen, cet architecte de formation est hyperactif. Il a publié des analyses des besoins de l’Elsau, le projet de rénovation de l’Eurométropole et des dates de réunions qu’il a organisées lui-même pour une réflexion collective. Jeudi 15 novembre, ils étaient une trentaine au Centre socioculturel du quartier. Après deux heures de discussions, aucune création de groupes de travail, comme l’espérait Laurent Garczynski. À 22h, le meneur du projet « Elsau idéale » range la salle. L’air inquiet, il se demande comment continuer le combat pour un plan urbanistique plus en phase avec les besoins réels des habitants.
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