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Économie du partage à Strasbourg : comment se débrouiller grâce à Internet

La consommation collaborative est utile, conviviale et en plus elle permet quelques économies. On ne va pas se mentir, entre aller laver son linge chez son voisin et aller poireauter à la laverie du coin, ce n’est pas le même tarif. Dans le Bas-Rhin, l’économie du partage se développe. Rue89 Strasbourg vous livre les bonnes adresses.

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Économie du partage à Strasbourg : comment se débrouiller grâce à Internet

Strasbourg est riche de possibilités pour le partage de services ou de biens. (Photo Sharon & Nikki McCutcheon / Flickr / cc)
Strasbourg est riche de possibilités pour le partage de services ou de biens. (Photo Sharon & Nikki McCutcheon / Flickr / cc)

Et si au lieu d’acheter une perceuse, on empruntait celle du voisin ? Internet n’a pas inventé la consommation collaborative, mais l’ère des réseaux sociaux se marie bien avec cette économie du partage et des échanges. À Strasbourg, plusieurs réseaux encore hésitants se structurent, certains sont fonctionnels et proposent des alternatives crédibles à la consommation classique.

Des services et des savoirs, échange de bons procédés

Tout se troque, même le temps. C’est d’ailleurs la seule monnaie utilisée par les « accorderies ». Dans ce réseau né au Québec en 2002, une heure de service peut s’échanger contre une heure d’autre chose. Le concept a été importé en France en 2011, à la suite d’un partenariat avec la Fondation Macif. Il y a un an et demi, Céline Sin, qui a réalisé un voyage d’études au Québec, et Julie Mulot ont décidé de lancer l’Accorderie de Strasbourg porté par l’association Zamma d’acc (« zamma » signifie « ensemble » en alsacien).

Vincent Thomas, chargé de la communication à l’Accorderie, précise que son objectif est de lutter contre la précarité :

« Sans forcément parler de revenus, sur les 100 membres qu’on appelle « accordeurs », on a 55% de familles monoparentales, de personnes qui vivent seules, ou en colocation, mais qui, dans tous les cas, ne sont pas en couple. En ce qui concerne les revenus, un quart des membres ont moins de 10 000€ par foyer et par an, 20% se situent entre 10 000€ et 20 000€ et 19% gagnent de 20 000€ à 30 000€ à l’année. »

L’Accorderie doit encore progresser. L’association tente de cibler les Strasbourgeois en difficulté, avec 55% d’accordeurs qui sont non-salariés, non-rémunérés ou étudiants. Pour soutenir ce projet, la Ville s’est engagée à verser une subvention à l’organisme pendant trois ans, qui s’ajoute au soutien de la Fondation Macif et d’Emmaüs. Après une année d’existence, l’Accorderie de Strasbourg totalise 30 000€ d’aides qui servent essentiellement à financer le poste de la coordinatrice locale.

Voici quelques exemples parmi les 50 talents proposés à l’échange :

  • Fabrication de bijoux
  • Tricot, crochet, broderie
  • Initiation aux langues (chinois, arabe, espagnol, italien, français)
  • Jardinage
  • Balade de chiens
  • Initiation photo
  • Apprentissage des rollers
  • Conseil sur le look
  • Initiation yoga
  • Initiation harmonica ou accordéon
  • Visite de Strasbourg, etc.

Encore à ses débuts, l’Accorderie de Strasbourg est aussi à la recherche d’une vingtaine de talents, dont les ballades en forêt et… la garde d’enfants.

Accorderie de Strasbourg, 13A Rue du Hohwald 67000 Strasbourg, site web, 07 50 90 70 07.

Il y a une vingtaine d’années, le SEL (système d’échange local) de Strasbourg est arrivé en ville avec le même principe : inviter les Strasbourgeois à l’échange. La nouveauté, c’est sa numérisation. Qu’il s’agisse de cours, d’ateliers ou d’objets à emprunter, il suffit de s’inscrire sur le site pour accéder au catalogue des services. Là aussi, la monnaie c’est le temps selon Marie-Paule Schwartz, responsable du SEL de Strasbourg :

« L’argent n’entre pas en compte puisque nous avons des unités appelés grains de sel qui sont attribués en fonction du temps estimé nécessaire. Ainsi, une heure de service équivaut à 60 grains de sel que l’on peut ensuite utiliser pour demander un service à quelqu’un d’autre. »

SEL de Strasbourg, Maison des associations – 1a place des Orphelins à Strasbourg, site web, 06 06 49 95 12.

Le Réseau d’échanges réciproques de savoirs dispose d’une antenne à Strasbourg depuis plus de six ans. Troc savoirs, c’est de l’échange, de l’échange, ah, et encore de l’échange. Mais ses membres se concentrent sur le partage de savoirs. Mireille Desplats, présidente de l’organisme, espère favoriser les échanges entre les générations :

« Un enfant peut très bien enseigner une autre langue à quelqu’un de plus âgé. En retour, la personne lui apprendra un autre savoir, écrire ou lire par exemple. On reste toujours dans cette philosophie du savoir où tout le monde peut apporter sa pierre à l’édifice. »

Troc Savoirs, 32 rue du Docteur Schaffner à Strasbourg, site web, 03 67 07 00 65 ou 06 23 69 33 19.

Mon p’ti voisinage profite d’un système de géolocalisation de ses utilisateurs pour qu’ils trouvent les personnes les plus proches de chez eux. Le site se rapproche plus d’un « réseau social » avec une trentaine de membres localisés à Strasbourg. On peut donc demander les services de la voisine qui adore les chiens et qui gardera volontiers les vôtres pendant votre journée de farniente au bord de l’eau.

La choucroute du voisin

S’inviter à la table du voisin, c’est tout à fait possible. Moyennant un peu d’argent, il suffit d’aller se balader le ventre vide sur les sites Cookening ou VoulezVousDîner pour trouver un petit plat qui bouleverse un peu les habitudes. Ainsi pour 22 € par personne, Julien propose un « 12h-14h » léger à base de gaspacho vert pour l’apéro suivi par des échalotes confites, un réduit périgourdin, des galettes de pomme de terre et une « folle salade ». En guise de dessert, un granité melon et menthe glacial. Le tout servi sur sa terrasse, chez lui. Autre exemple, André propose une choucroute traditionnelle, 15 € l’assiette. D’autres plats sont disponibles sur Strasbourg, dont deux sur Cookening et neuf sur VoulezVousDîner.

Rappelons aussi l’existence de la Ruche qui dit oui ! qui favorise les circuits courts à Strasbourg. Le principe consiste à rejoindre une ruche via le site et commander ses produits avant le jour de la distribution. On y trouve des produits frais tels que des fruits, des légumes, des confitures, des pâtés, des cakes ou de la viande. Du sucré comme du salé, du bio ou pas, mais toujours sans passer par les grandes chaînes de production et de distribution habituelles.

• À ce jour, trois Ruches qui disent oui sont installées dans la ville. Rendez-vous 10 rue d’Ankara, sur le parvis de l’ARES, pour profiter des fruits et légumes bio des Jardins du Giessen ou des produits du dernier maraîcher de la Robertsau. La distribution se fait entre 18h et 19h30. Depuis deux ans, une autre ruche a élu domicile au centre-ville, au foyer de l’église Saint Guillaume, 1 rue Munch. La plage horaire pour récupérer ses produits s’étend de 18h à 19h. Une troisième ruche se situe à l’EHPAD Emmaüs-Diaconesses, au 33 rue de la Tour à Koenigshoffen, où il est possible de remplir son panier entre 17h et 18h30.

L’auto-partage, très utilisé pour les voyages, moins pour les déplacements

Avec Blablacar, les internautes peuvent partager la route et les frais du déplacement. Doublant son nombre d’utilisateurs chaque année, le site affiche plus de 20 millions de membres au compteur. Au départ de Strasbourg, plus de 1 400 trajets sont disponibles sans entrer de date ni de destination sont proposés. En revanche, seuls 34 voyages proposent comme destination la capitale alsacienne.

Laure Wagner, porte-parole de Blablacar, ajoute que le co-voiturage concerne toutes les générations :

« En fait l’auto-partage ça concerne tous les âges. Contrairement à ce qu’on pourrait penser, il n’y a pas que les étudiants qui font du co-voiturage, même si les jeunes aident à démocratiser le concept en encourageant leurs parents par exemple. L’âge moyen est de 34 ans. »

Outre le car, le covoiturage est souvent la solution la moins chère pour voyager. Par exemple, pour un aller simple Strasbourg-Paris, les prix varient entre 20 et 30€. Par comparaison, en entrant la même date de voyage, le site de la SNCF vend son billet TGV à une soixantaine d’euros, atteignant même les 96 € sur certains trajets.

Drivy permet aux particuliers de louer leur véhicule parmi les 360 proposés à Strasbourg. Les usagers peuvent laisser un commentaire agrémenté de petites étoiles pour indiquer leur degré de satisfaction, ou d’insatisfaction, face à la voiture qu’on leur a prêté. Pratique pour se repérer et choisir le tacot d’emprunt qui convient. Sur le même principe, OuiCar compte plus de 300 véhicules disponibles à la location entre Strasbourgeois.

Citons également le service précurseur, Citiz Alsace, dont l’ambition est de réduire le nombre de voitures utilisées par les Strasbourgeois en leur permettant de se les prêter. Citiz Alsace propose plus de 90 véhicules dans l’agglomération de Strasbourg, répartis sur plus de 40 stations. Plus de 2 500 Strasbourgeois utilisent ce service.

Dormir au sec pour pas un rond

Concept élaboré en 2004, le Couchsurfing consiste à héberger son prochain à titre gratuit. Plutôt apprécié par les globe-trotters, le site offre un service de personnalisation assez complet avec des questions ciblées sur la description de soi, les goûts et ce qu’on attend du couchsurfing en général. Les utilisateurs peuvent aussi laisser un avis sur leurs hôtes et leurs invités.

Les expériences positives ne manquent pas dans le Bas-Rhin, avec un peu plus de 2 500 hôtes disponibles à Strasbourg. Il se fait appeler Gobgis_Khan sur Couchsurfing, et pour lui, l’avantage qui en ressort c’est le contact humain :

« Étant plutôt misanthrope et ermite artistique, cela me semblait la parfaite idée que d’ouvrir ma porte à des étrangers souhaitant partager. Si tu ne peux aller vers le monde, fais venir le monde à toi, c’est un peu mon mantra. »

Matthieu, lui, revient sur la gratuité du service qui s’apparente surtout à un échange de bons procédés :

« C’est gratuit, mais il y a une sorte de compromis. Les voyageurs compensent leur hébergement. Ils cuisinent, invitent l’hôte à sortir, amènent un cadeau etc… Il s’agit pas de rembourser, plutôt de faire un geste sympa pour dire merci. »

Dans un registre plus commercial, AirBnB propose plus de 1 000 logements à louer à Strasbourg, même si certains sont bien loin du bon plan entre particuliers.

Moins cher que les soldes, la seconde vie des vêtements

Dans le même style que Videdressing mais en bien plus ciblé, il y a Vinted, le rendez-vous des fashionistas. Sur ce site, on peut choisir sa ville et faire un échange en mains propres. Les prix sont très attractifs, comme par exemple une robe à imprimé animal à 12€ ou des escarpins bleus à 15€. Cela dit, pas de chance pour les hommes, le site concerne exclusivement les vêtements pour femmes.

Et pour laver ces vêtements, là encore, inutile d’acheter une machine, ni même compter les minutes passer à la laverie du coin : Internet propose La Machine du Voisin. Pas moins d’une trentaine de Strasbourgeois y proposent un accès à leur machine à laver, leur sèche linge, voire leur fer à repasser ou leur machine à café. Les prix vont de 3€ à 10€ l’usage.

Tout se loue…

Costockage répertorie les garages, box et entrepôts qui n’ont pas d’utilité pour leur propriétaire. On peut y voir la surface en mètre cube ainsi que le prix demandé à la semaine. Il ne reste plus qu’à choisir parmi les 14 boxes libres à Strasbourg.

Il existe également des sites de consommation collaborative comme E-loue, mais qui ne compte que 45 membres à Strasbourg. Le site de la Grande Débrouille comptabilise quant à lui 137 annonces dans l’agglomération. Ces deux sites proposent aux particuliers de vendre, louer voire troquer leurs affaires. On y trouve un peu de tout : de la voiture aux appareils photo en passant par une horloge vintage.


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