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Echolalies, bric à brac scénique des étudiants, à la Manufacture du 30 juin au 2 juillet

Réunis au sein de l’association Echos, les douze étudiants en dernière année de scénographie à la Haute Ecole des Arts du Rhin (HEAR) ont décidé de passer leurs diplômes, en public. L’ancienne manufacture des tabacs à Strasbourg accueillera le festival « Les Echolalies » du vendredi 30 juin au dimanche 2 juillet.

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Echolalies, bric à brac scénique des étudiants, à la Manufacture du 30 juin au 2 juillet

Traditionnellement, les étudiants de la Haute Ecole des Arts du Rhin (HEAR) passent leurs diplômes dans l’enceinte de l’ancienne école des arts décoratifs à Strasbourg. Cependant, cette habitude commence à être ébranlée par une des section, celle des scénographes. S’il est aisé pour les étudiants en art, objet ou en illustration de préparer et de monter leurs projets de fin d’études au sein des locaux de l’école, il en va tout autrement des étudiants en scénographie qui ont besoin de grands espaces pour monter leurs projets.

Déjà en 2015, la promotion sortante de la section scénographie avait investit le Hall des chars au quartier gare, avant qu’il ne devienne l’Espace K. Ses étudiants avaient à cette occasion créé le collectif Scenopolis. Deux ans plus tard, les sortants réitèrent l’aventure avec une nouvelle association, baptisée Echos. Ses douze membres ont, eux, choisit d’investir l’ancienne manufacture des tabacs avant le début de sa rénovation pour un mini-festival, baptisé « Les Echolalies », du vendredi 30 juin au dimanche 2 juillet.

En plein cœur de la Krutneau, cet espace de 21 500 m² accueillera bientôt une partie de la HEAR et de la fac de médecine, le pôle Géosciences Eau Environnement et Ingénierie (G2EI), une auberge de jeunesse et encore d’autres projets locaux dont les dossiers doivent être arbitrés d’ici le début de l’autonome.

Les locaux désaffectés, des espaces esthétiquement très chargés qui impactent directement les projets des élèves scénographes (photo Zoé Mary/ étudiante à la HEAR)

Redonner vie à un espace immobile

La manufacture des tabacs, de 1852 à sa fermeture définitive en 2010, c’est plus de 480 millions de cigares réalisés par des générations d’ouvriers. Le lieu, en cours de protection au titre des monuments historiques, est emprunt d’une histoire forte que chacun des douze étudiants ont tenté d’appréhender de manière particulière avant le début des rénovations.

Sauf deux groupes qui se partagent à trois deux grands espaces, tous investissent un lieu chacun, dans l’îlot central de l’usine. La diversité des locaux de la manufacture, de la cave investit par Marc, à la suite de petits bureaux qu’occupe Maialen en passant par les 150 m² épurés de Zoé a fait de festival un grand bric-à-brac scénique éphémère et unique.

Elise : « même les murs peuvent parler » 

Une installation sonore présentée par Elise s’insère dans ce lieu parce qu’elle a souhaité, avant la rénovation, le raconter par des voix qui se feront écho dans une pièce de 100 m². La particularité de l’installation sonore, au delà de son contenu, est qu’elle s’activera selon les mouvements des spectateurs, une manière d’intégrer le public dans l’oeuvre :

« On a pensé le récit par l’écho, des vagues de récits de la manufacture sur trois plans : ce qu’elle était, ce qu’elle est et ce qu’elle sera en mêlant aux souvenirs des anciens ouvriers et des habitants de la Krutenau des récits spéculatifs. C’est toujours une nouvelle manière de raconter le lieu, avec différents tempos, du slam, au texte littéraire en passant par des parties beaucoup plus orales mais aussi différents temps et différentes narrations laissant parfois place à la voix de la manufacture, qui parle d’elle-même. »

Les textes qui seront diffusés ont été écrits par d’anciens ouvriers, des habitants de la Krutenau mais aussi par des amis, des étrangers qui donnent chacun une narration différente (photo Elise Villatte/ étudiante à la HEAR)

Zoé : « la fille »

« La fille » est une adaptation du texte de Jean Luc Lagarce, Music Hall. Le texte écrit pour une voix sera interprété par cinq voix enregistrées et cinq performeuses. La jeune scénographe veut, par ce biais, interroger le rapport entre le réel palpable des corps, l’intangibilité des voix enregistrées et l’histoire d’un lieu « à l’esthétique super chargée » :

« Le lieu influence énormément le projet, mettre une fille en robe rouge dans une boite noire de théâtre classique ou dans ce grand lieu vide et désaffecté, ça n’a plus du tout le même sens. J’ai essayé de négocier avec l’espace pour faire en sorte que mon installation s’intègre au lieu, sans se faire bouffer et sans devenir ridicule par rapport à la grandeur du lieu (150 m² quand même, ndlr). »

Zoé imagine son installation préformée comme un lieu où chacun déambulera librement entre les voix et les récits (photo Zoé Mary/ étudiante à la HEAR)

Maialen : « Présents composés »

« Présents composés » est une suite d’œuvres qui se manipulent et qui existent en écho avec leurs lieux d’exposition, les petits bureaux de la manufacture. Sur les dessins de Murielle Andrès, réalisés pour le festival, sont parsemées de légères références au lieu. Pour son diplôme, Maialen a décidé de réaliser un projet plus proche de la muséographie que de la scénographie car c’est un domaine dans lequel elle aimerait évoluer après ses cinq années passées à la HEAR :

« La thématique qui nous intéressait, c’était celle reliée au fait d’habiter dans un endroit, le rapport entre l’identité, l’individu et l’espace. J’ai eu un coup de cœur pour ces trois petites salles, des bureaux où l’on sent bien que ça a été des lieux habités et vivants. C’est beaucoup plus intime, ça me plaisait beaucoup et ça collait bien avec notre projet. »

La muséographie est l’art de mettre l’art en lumière (photo Maialen Imirizaldu/ étudiante à la HEAR)

Fanny : Les conquérants de l’inutile 

Dans un espace complètement noir de 150 m², Fanny tentera de reproduire un parcours immersif en montagne, une grande expédition dans une boite de théâtre avec quelques références au milieu du cirque. Avec plus de 8 comédiens-improvisés-improvisateurs, la jeune metteuse en scène s’inspire du théâtre de l’absurde et déplace une part du quotidien en montagne dans une salle de la manufacture qui accueillera une montagne dans une petite boîte :

« Ce qui est intéressant dans cet exercice c’est aussi de l’ouvrir au public. Par contre, tout le monde doit garder à l’esprit qu’on est jeunes, qu’on est encore inexpérimentés, on essaye encore. »

Le cirque, le théâtre de l’absurde, « l’extraordinaire du quotidien » sont tout autant d’inspirations pour la scénographie de Fanny (photo Fanny Clouzeau/ étudiante à la HEAR)

Lisa : L’émancipation du lemming

Dans le diplôme de Lisa, le public fait partie de l’oeuvre. Une part d’aléatoire que l’étudiante en scénographie revendique. À chaque spectateur, l’oeuvre évoluera un petit peu même si elle tient quand même à laisser quelques consignes sur le mur. Son exposition préformée prendra part dans plusieurs salles de la manufacture et impliquera complètement le spectateur car il marchera dans l’oeuvre au milieu de pions qui évolueront eux même dans l’espace. Boxeuse amatrice et scénographe de formation, Lisa se questionne beaucoup sur l’esthétique du geste :

« Je suis allé au musée du sport à Nice et ça m’a beaucoup déplu parce que je trouvais tout ça très figé alors que pour moi, la réalité esthétique du geste est beaucoup plus riche, elle est en mouvement et ça ouvre plein de possibilités. Quand je boxe, je suis autant dans l’effort que dans la contemplation, je boxe et je regarde la boxe. C’est ça aussi que j’ai voulu questionner dans mon projet, le rapport entre le geste et l’espace. J’ai essayé de sublimer la marche quotidienne et de casser les codes de la déambulation dans une exposition de musée qui est une institution très codée. »

A la lumière du jour puis dans une boite noire de théâtre, le spectateur sera invité à participer pleinement à la scénographie par ses mouvements (photo Lisa Scalvo/ étudiante à la HEAR)

#Haute école des Arts du Rhin

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