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Dans un documentaire, Hamid Derrouiche dévoile le Neuhof

Neuhof au-delà des clichés est le dernier documentaire du réalisateur strasbourgeois Hamid Derrouiche. Porté par le centre socio-culturel du Neuhof, le film sera présenté aux habitants du quartier dans les semaines à venir, et peut-être dans d’autres salles. Une immersion d’une heure dans l’histoire et les espoirs de cette mosaïque de quartiers, à ne pas manquer.

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Dans un documentaire, Hamid Derrouiche dévoile le Neuhof

(photo Facebook)
Hamid Derrouiche a filmé le Neuhof pendant 9 mois (photo Facebook)

Voitures brûlées, interventions policières musclées… Le film commence par un défilé d’images de journaux télévisés qui cataloguent le Neuhof, ce quartier au sud de Strasbourg, au rayon faits divers et délinquance.

Et si l’on allait voir au-delà de ces choix journalistiques réducteurs sur un quartier où vivent plus de 20 000 habitants et 40 nationalités ? C’est l’invitation du réalisateur Hamid derrouiche dans son dernier documentaire Neuhof au-delà des clichés.

Pour comprendre ce quartier, le plus ancien faubourg de Strasbourg avec la Robertsau, Hamid Derrouiche a choisi de revenir largement sur ses origines historiques. Une histoire qui prend racine à la fin du XVIIIe siècle, quand le Neuhof rassemblait, au bord de la forêt, les manants exclus de la citoyenneté strasbourgeoise. Une concentration de la misère que retrace Hamid Derrouiche :

« Il me paraissait important de montrer aux gens que leur quartier a une histoire. Plus tard, lors de la percée de la rue du 22 novembre, il a fallu vider les taudis du centre-ville. on a alors envoyé les gens à la cité Jardin du Stockfeld. On a déplacé la misère au Neuhof. Après la Seconde guerre mondiale, le Neuhof a vu pousser la plus forte concentration de logements sociaux de l’agglomération. Mais contrairement au quartier de la Meinau, cette urbanisation s’est faite sans vision d’ensemble. On a retrouvé des archives où l’ancien maire de Strasbourg, René Pfimlin, reconnaissait lui-même cette erreur, précipitée par la nécessité de construire vite. »

Ce documentaire s’est greffé sur une initiative du centre socio-culturel du Neuhof, de plusieurs écoles et collèges du quartier : le projet « diversité », financé en partie par la Ville de Strasbourg. Au départ, Hamid Derrouiche devait venir garder une trace vidéo de ces ateliers scolaires. L’idée était de faire raconter aux enfants le parcours de leurs parents pour valoriser leur diversité.

Neuf mois de tournage

Des écoles, Hamid Derrouiche a alors suggéré d’élargir le propos à tous le quartiers. Le CSC lui a laissé les mains libres. Khoutir Khechab, directeur du CSC du Neuhof, se souvient que son centre et le réalisateur se sont mis d’accord dès le départ sur un parti pris commun :

« Nous voulions dire que la diversité est une richesse qui s’exprime au quotidien. Nous avions la volonté de présenter ce territoire à l’intérieur comme à l’extérieur sous un jour nouveau, pour faire évoluer le regard sur lui et en saisir les opportunités plus que les problèmes, que l’on ne nie pas du tout. »

À l’arrivée, après neuf mois de tournage, le documentaire mélange images d’archives et interviews d’une douzaine d’habitants et observateurs extérieurs. Il restitue le territoire du Neuhof dans sa globalité plutôt que de zoomer sur la seule cité. Un choix qui a surpris Khoutir Khechab :

« Je pensais qu’il allait centrer sur la cité. C’est vrai que le Neuhof, c’est plein de petits territoires séparés par des grandes routes. Nous cherchons à les connecter, mais il y a encore beaucoup à faire dans ce sens. »

Hamid Derrouiche assume :

« On n’est pas restés dans la cité. Les Neuhofois sont conscients du problème de la drogue : nous laissons simplement les gens en parler. Leur message c’est qu’il n’y a pas que ça. La vie du quartier ne se résume pas à ça. C’est injuste de la réduire à ses mauvaises facettes. »

Peu de jeunes à l’image

Est-ce à dire que la jeunesse das la cité n’aurait rien eu à dire d’autre que la drogue et la délinquance ? Entre les rêves d’écoliers d’aujourd’hui et la nostalgie des quarantenaires natifs du quartier, on peut regretter la quasi impasse du réalisateur sur la génération des jeunes adultes, qui ne prennent pratiquement jamais la parole dans son film. Une limite qu’Hamid Derrouiche reconnaît :

« J’ai sollicité de nombreux jeunes qui ne m’ont jamais répondu ou qui ont annulé leur interview au dernier moment. Je suis même aller voir les dealers, qui m’ont complètement fouillé. J’ai ressenti une certaine hostilité vis-à-vis de la caméra de la part des jeunes. C’était très compliqué. On n’a pas réussi à trouver ceux qui auraient été prêts à parler de leur quartier. Cela aurait demandé beaucoup plus de temps pour les mettre en confiance. Après on aurait pu faire un film uniquement sur les jeunes dans la cité, et ça aurait été un autre angle. Dans ce film, on voulait parler du quartier en général. Mais j’y pense sérieusement pour un prochain projet. »

Hamid n’en oublie pas pour autant de suggérer les questions d’aujourd’hui : la précarité, le chômage et une reproduction sociale forte qui renferment sur le quartier. Une rénovation urbaine qui fait augmenter les loyers. Le divorce avec les médias, qui ont trop souvent déçu.

En une heure, Neuhof au-delà des clichés parvient à montrer que ce quartier déshérité a une longue et forte histoire, qui existe dans le cœur de ses aînés. Et c’est là le véritable mérite du film. Il sera présenté en avant-première à près de 150 invités ce jeudi 3 mars. Pour les habitants du Neuhof, il faudra attendre d’autres projections prévues ensuite par le CSC. Le film devrait être diffusé à l’Odyssée lors de la Quinzaine de la Diversité en mai.


#Neuhof

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