Le film s’ouvre sur Django Reinhardt, en scène, qui enchante la foule avec son Minor Swing. Il le suivra ensuite dans son exode en zone libre, aux abords de la Suisse qu’il rêve de gagner. Il s’attachera enfin à la prise de conscience d’un artiste confronté à l’éradication de son peuple.
Django insuffisant ?
La plupart des biopics consacrés à des figures du jazz, du récent Born to be blue au cultissime Bird en passant par le méconnu The Glenn Miller story d’Anthony Mann s’attachent exclusivement à leur personnage principal. Et la vie de Django Reinhardt était sans doute suffisamment riche en péripéties pour justifier que l’on se focalise sur son parcours dans la première moitié du XXème siècle.
Mais Etienne Comar préfère opter pour un triple récit, une histoire à tiroirs articulée autour de la figure du jazzman.
Bien sûr, Reda Kateb excelle dans le rôle de l’homme à la guitare, mélomane absolu détaché des affres de son temps. Mais le spectateur aura sans doute du mal à prendre la mesure du statut légendaire du personnage-titre. Django Reinhardt nous apparait d’emblée en pleine gloire. Stéphane Grapelli, ses rencontres avec ses homologues jazzmen américains, le Hot Club de France sont à peine évoqués. La consécration de l’artiste avant-guerre est simplement éludée.
Soit, le cinéma est affaire de choix.
L’attrait des grandes causes et des grandes péripéties
Dans le récit, le musicien est quelque part sacrifié au profit du traitement d’une cause louable. L’holocauste tzigane, qui a vu un peuple décimé sous le joug nazi, prend le pas sur le biopic. Le sujet n’a pas souvent été traité sur grand écran, et Django fait office de porte d’entrée vers un thème qui se devait d’être abordé.
Enfin, Étienne Comar s’attache à dépeindre le geste des résistants, par le biais, notamment, du personnage de Cécile de France. Lancé dans une veine dramatique, porté par le goût du suspense, il tente la grande séquence d’aventures, une évasion montée en alternance avec un concert. Django détourne le regard des allemands sur le tempo des Yeux noirs. La résistance s’organise pour réaliser dans le même temps son coup de maître. Mais faute de rythme, le cinéaste échoue à faire trembler son spectateur. La séquence est ainsi à l’image du film, un peu tiède, un peu lisse.
Django est une œuvre qui hésite, qui voudrait être de tous les débats, qui voudrait évoquer l’artiste, l’homme, le manouche, le génie, la guerre et ses victimes dédaignées. Une œuvre qui intéresse, quand elle devrait passionner. Une œuvre qui célèbre les oubliés, mais qu’on oubliera rapidement.
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