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Disquaire Day 2015 : Où trouver des vinyles à Strasbourg ?

C’est le seul jour de l’année où le vinyle tourne à fond. Pour les mélomanes, les curieux, les collectionneurs ou les scratcheurs, le Disquaire Day, c’est l’autre fête de la musique. À cette occasion, les disquaires indépendants reçoivent des pièces rares en éditions limitées, rééditions et packs spécialement fabriqués pour l’événement. Où dénicher ces pépites à Strasbourg et en Alsace ? Visite guidée.

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Disquaire Day 2015

Disquaire Day 2015
Le Disquaire Day 2015 se déroule aujourd’hui, samedi 18 avril (Doc. remis)

331 références de disques vinyles sont exclusivement mises en vente, à partir de ce samedi matin 10h, dans les 231 magasins français participant au Disquaire Day 2015. Et à Strasbourg, les deux seuls disquaires indépendants de la place, tous deux installés Grand Rue, proposent la quasi-totalité du catalogue.

Le Disquaire Day à Strasbourg

À L’Occase de l’Oncle Tom, Éric Labourel, disquaire depuis presque dix ans, a commandé environ 130 pièces : Johnny Hallyday avec le single Seul en trois versions, Christine and the Queens avec son EP inédit Intranquillité, David Bowie avec Changes en face A et Eight Line Poem en face B, Florence and the Machine et son 45 tours géant What Kind of Man ou encore l’exceptionnel Flöë Ëssi / Ëktah de Magma.

Chez 33 and Co (ex- Music Garden), Jacques Busch, disquaire depuis 1984, offre un choix plus large, à l’exception d’une quinzaine de références de la liste générale proposée par le Calif, le club action des labels indépendants français. On pourra donc trouver chez lui les incontournables tendances du moment, Christine and the Queens et Florence and the Machine. Mais parmi les quelque 1 500 vinyles qui entrent dans ses stocks à l’occasion du Disquaire Day, il livre avec entrain sa « sélection coup de cœur du disquaire » : les Bee Gees en format « extended » avec Stayin’ Alive et Night Fever en face A et More than a Woman et You Should be dancing en face B, le carré d’Etienne de Crécy intitulé Super Discount 3 (quatre 45 tours baptisés en devises : Pound, Dollar, Euro, Yen), Intermission, un maxi des Residents en vinyle transparent, un coffret de quatre LP de Matmatah (les 33 tours limités et numérotés de La Ouache, Rebelote, Archie Cramer et La Cerise) ou encore la petite faiblesse de Jacques Busch, le 45 tours d’Aline, La Vie électrique, tout en électro-disco bien kitch et bien entêtant :

« Le vinyle séduit de plus en plus de jeunes »

Au-delà de cette sélection de raretés, le Disquaire Day, depuis sa première édition française en 2011 inspirée du Record Store Day américain et britannique, permet surtout de braquer les projecteurs sur le vinyle. Ce support ne cesse d’ailleurs de reprendre des couleurs puisque selon le Calif (club action des labels indépendants français), initiateur du Disquaire Day hexagonal, les disquaires indépendants vendent de plus en plus de vinyles (80% en 2014 contre 30% seulement en 2011). Par ailleurs, la plus importante usine de pressage en France (MPO) fabrique actuellement 10 millions de vinyles par an, il n’y en avait que 2,5 millions en 2011. Un regain d’intérêt qui s’explique par plusieurs facteurs selon Éric Labourel, de L’Occase de l’Oncle Tom :

« On constate un retour au vinyle depuis trois ou quatre ans. Les collectionneurs, eux, n’ont jamais arrêté de venir chez nous et de chercher des disques. Mais ce qui est nouveau, ce sont les jeunes, encore adolescents pour beaucoup. Certains découvrent le rock et ses grands classiques comme ça, d’autres vont venir parce qu’ils ont déjà exploré la discothèque de leur père et ils veulent donc écouter d’autres Pink Floyd, des Led Zeppelin, des Bowie et des Hendrix. Et puis il faut aussi reconnaître que le vinyle s’accompagne d’un effet de mode qui va de pair avec une passion pour d’autres objets anciens ».

À L’Occase de l’Oncle Tom, environ un quart du stock est constitué de vinyles (soit à peu près 5 000 disques), intégralement en occasion, tant en pop-rock qu’en jazz, blues, hip hop, soul, funk, fusion, metal, musique classique ou chanson française et à textes. On y trouve aussi quelques vinyles de groupes et artistes alsaciens tels Roger Siffer, Wooden Wolf, The Swamp, T, 100% Chevalier, Adam and the Madams et Los Disidentes Del Sucio Motel. D’après Éric Labourel, il faut compter 12 euros en moyenne pour un vinyle mais des œuvres de musique classique se vendent à 5 euros et les disques des années 80 à 7 euros environ.

« Le Disquaire Day, c’est Noël en avril ! »

Quelques centaines de mètres plus loin, toujours dans la Grand Rue à Strasbourg, 33 and Co propose environ 20 000 vinyles à la vente dont 3 000 références neuves réparties dans une grosse quinzaine de bacs. Un vaste espace dans lequel on pioche Prince, Miles Davis, Madness, Chinese Man, Jay Z, Bob Marley, Vitalic, Fauve, Johnny Hallyday, Daft Punk, Dominique A, Kraftwerk, Sex Pistols, Aerosmith, Beatles, Rolling Stones, Pink Floyd, ACDC, David Bowie, etc.

Jacques Busch, le propriétaire passionné, insiste aussi sur l’importance de soutenir les labels indépendants et la scène locale grâce à un espace dépôt-vente pour quelques groupes et artistes régionaux : en matière de hip hop, on croise ainsi Moxxx et Mess Bass, il y a aussi le stoner de Bull Terrier, le hardcore de Paramnesia, la pop d’Escapism ou encore le blues de Rusted Cans. Pour s’offrir un vinyle d’occasion, la fourchette varie globalement entre 4 et 10 euros (même si certaines pièces sont affichées à 50 cents et d’autres peuvent monter jusqu’à 1000 euros) ; en neuf, les labels indépendants sont vendus entre 10 et 19 euros tandis que les majors haussent clairement les prix, de 19 euros pour un disque simple jusqu’à 39 euros pour un double LP. Mais Jacques Busch veut surtout retenir une chose :

« La raison d’être du disquaire indépendant, c’est l’échange, la transmission, le relationnel. Et le Disquaire Day, c’est avant tout la fête du vinyle car on parle du disque. On met la musique en avant, un son particulier, un objet. C’est aussi l’occasion de parler de notre métier. Et commercialement, c’est Noël en avril ! »

Le Disquaire Day dans le Haut-Rhin

Trois disquaires indépendants du Haut-Rhin participent à l’édition 2015 du Disquaire Day : Le Discobole à Colmar, La Troccase à Mulhouse et Les Echos du Rock à Guebwiller. Baptiste Mühl, du Discobole, propose une centaine de références et salue, comme ses confrères strasbourgeois, « l’occasion de mettre en avant le métier de disquaire ainsi que l’objet ». Même discours de la part de Pascal May, disquaire depuis 1989, qui aura lui aussi une centaine de références à La Troccase, en plus de ses quelque 12 000 pièces en stock (en neuf, import et occasion). Lui insiste sur « l’approche qualitative » de la musique grâce au vinyle.

« C’est un objet particulier, avec tout un rituel, un ordre pour écouter les morceaux. Il y a aussi la pochette, c’est parfois une œuvre d’art et rien que pour ça, le vinyle se différencie du CD et encore plus du mp3. En plus du son qui est entièrement plat en format numérique ».

Autre disquaire mobilisé pour le Disquaire Day, Eric Barraud, des Echos du Rock à Guebwiller. Il déplore une opération trop parisienne dans la sélection des disques :

« Les gros groupes ne sont pas assez représentés. Quand on voit qu’aux Etats-Unis, le Record Store Day avait commencé avec le soutien de Metallica, il nous reste encore du chemin à faire. Cette année, c’est Dave Grohl (Nirvana, Foo Fighters, ndlr) qui est le parrain. En France, il nous manque des locomotives pour porter cette opération, comme pour les festivals de musique qui programment des têtes d’affiche. L’autre problème, c’est qu’il n’y a qu’une trentaine de disques fédérateurs et grand public cette année. Tout le reste, c’est du remplissage ».

Éric Barraud pointe aussi les risques pris par les disquaires indépendants lors du Disquaire Day :

« Quand on commande des références, on les intègre au stock. Ça ne fonctionne pas comme pour la grande distribution avec un retour des invendus. Les labels ne sont pas dans cette démarche. On traîne donc certains vieux disques comme des boulets en sachant qu’on ne les vendra jamais ! »

Acheter des vinyles le reste de l’année ?

Outre le Disquaire Day, où acheter physiquement des vinyles durant les 364 autres jours de l’année ? A Strasbourg, il faut profiter de la grande bourse aux disques qui se tient deux fois par an, au printemps et à l’automne, à la salle de la bourse. Vendeurs français, allemands, suisses, néerlandais notamment s’y pressent. Le Mudd Club, lui aussi, propose quelques bourses aux disques durant l’année. Et puis en boutique, Harmonia Mundi, rue des Juifs, vend des vinyles estampillés de sa propre maison d’édition. Quant à la Fnac, son rayon, encore confidentiel, s’étoffera dans les prochains mois avec un espace agrandi consacré au vinyle devenu, pour ce supermarché culturel, nouvel objet de consommation (et donc nouveau créneau fortement rémunérateur).

Y aller

Disquaire Day, aujourd’hui à partir de 10h chez les cinq disquaires indépendants d’Alsace participants. A noter que 33 and Co, à Strasbourg, accueille à 15h le groupe strasbourgeois Une Abeille dans le Bonnet en showcase. Ce samedi soir, à 20h30, le Noumatrouff de Mulhouse propose une Disquaire Day Night en entrée libre avec deux formations mulhousiennes, Mouse DTC et The Hooks.


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