C’est la fin de ce direct sur la huitième journée de mobilisation contre la réforme des retraites à Strasbourg. Merci à vous de l’avoir suivi. Voici les informations essentielles pour ce mercredi 15 mars :
- Selon nos estimations, plus de 6 000 personnes ont manifesté à Strasbourg. Une mobilisation moindre en comparaison avec la manifestation du 7 mars, qui avait rassemblé plus de 15 000 personnes.
- Aucun TER n’a circulé en Alsace ce jour. L’assemblée générale des cheminots a voté une reconduction de la grève jusqu’au jeudi 16 mars.
- A l’heure d’écrire ces lignes, une assemblée générale étudiante était en cours pour décider des suites à donner au mouvement
- Entre 4h et 5h30, le collectif « On crèvera pas au boulot » a bloqué l’accès au port aux pétroles. Une cinquantaine de camions n’ont pu circuler jusqu’à l’intervention de la police.
Pour cette huitième journée de contestation de la réforme des retraites, toute l’équipe de Rue89 Strasbourg était mobilisée. Notre engagement nous pousse à produire des articles en libre accès pour donner la voix aux mobilisations sociales. Tous ces reportages, analyses et autres interviews ont pourtant un coût. Pour soutenir une rédaction indépendante, n’hésitez pas à nous soutenir en vous abonnant.
Selon nos estimations, à peine plus de 6 000 personnes ont manifesté contre la réforme des retraites ce mercredi 15 mars.
Les signaux d’une manifestation de moindre ampleur en comparaison avec la sixième journée de mobilisation, le mardi 7 mars, sont multiples. La taille du cortège est tout d’abord inférieure. Nos journalistes sur place ont évalué la longueur de la manifestation à 900 mètres. C’est deux fois moins que lors de la mobilisation du 7 mars, qui avait rassemblé 15 000 personnes selon nos estimations.
En utilisant le logiciel en ligne Mapchecking, il est possible d’évaluer un nombre de personnes en dessinant la surface qu’ils recouvrent et en estimant la densité de population de la manifestation. Avec un cortège bien plus court que lors des manifestations de janvier, on obtient une estimation de près de 6 000 personnes. Une évaluation proche du décompte réalisé sur place par notre journaliste Thibault Vetter.
Selon les Dernières Nouvelles d’Alsace, la police évalue la participation à 4 100 manifestants. L’intersyndicale estime que 10 000 personnes ont manifesté ce mercredi 15 mars.
Christelle, professeure des écoles à Schiltigheim, adhérente au syndicat FSU :
« J’espère vraiment que le gouvernement reculera, mais je ne pense pas qu’il le fera à ce stade… Ca pue le 49-3. On verra… Mais si cette réforme passe, le seul moyen de contester sera la rue : des manifestations plus radicales et des grèves reconductibles dans des secteurs stratégiques, qui vont casser les pieds. J’ai fait toutes les journées de grève. Financièrement, ça serait compliqué mais pour l’avenir des jeunes, je ferai une grève reconductible. »
Un nouveau duo a fait son apparition dans la manifestation strasbourgeoise contre la réforme des retraites : la brigade spéciale de nettoyage des oreilles. Elle répond à un besoin présidentiel, selon les brigadières, qui ont des cotons-tiges contenus dans des lettres scellées adressées à Emmanuel Macron.
La cortège s’élance vers la place Broglie :
Jonathan Welschinger, cosecrétaire départemental du syndicat des instituteurs et professeurs des écoles FSU-SNUPP 67 :
« On va rester le plus unis possible. On se calera sur les décisions nationales de l’interprofessionnelle. Je pense qu’il va falloir poursuivre le mouvement. On réfléchit à la manière de le faire, aujourd’hui rien n’est encore décidé. Quoi qu’il arrive, on continuera à rendre visible le fait qu’on ne veuille pas de cette réforme. »
Clotilde, 42 ans, professeure à la Haute École des Arts du Rhin (HEAR) :
« Je me mobilise contre la réforme des retraites et le sous-financement des écoles d’art, qui sont en train de se mobiliser à l’échelle nationale. Dans l’école il y a des professeurs qui se mobilisent avec les étudiants. Les gens en ont vraiment ras-le-bol. Je ne pense pas que la mobilisation s’arrêtera après le vote. J’ai l’impression que les gens veulent profiter de l’élan du mouvement national pour mettre en avant les combats qui habitent leurs professions. La culture est sous-représentée à l’ère Macron. »
Jonathan Reinhardt, délégué syndical Force Ouvrière et salarié de l’entreprise Électricité de Strasbourg :
« On a l’espoir parce que l’opinion publique est avec nous. Nous avons encore beaucoup de moyens de pression : nous avons interpellé tous les députés locaux pour leur demander de ne pas voter la réforme. Si elle passe, il y a la possibilité d’un référendum d’initiative partagée. Au niveau national, il y a des discussions à ce sujet. Enfin, pour l’instant, on contient la colère, mais il ne faut pas croire. On peut monter d’un cran avec des actions radicales comme des coupures d’électricité de notre côté. C’est loin d’être perdu, moi je suis optimiste sinon je ne serais pas là. »
Les manifestants se rassemblent devant la place de la République, avenue de la liberté. Pour rappel, le trajet de la manifestation est le suivant :
Les cheminots réunis en assemblée générale ont décidé de reconduire la grève contre la réforme des retraites jusqu’au jeudi 16 mars.
Depuis 9 heures ce matin, une cinquantaine de salariés de Schaeffler à Haguenau sont rassemblés devant leur usine à l’appel de la CGT Métallurgie du Bas-Rhin. Un tract du syndicat dénonce la « détérioration du climat social dans l’entreprise » et « la situation de l’emploi et les conditions de départ des séniors de l’entreprise « . Les ouvriers de Haguenau rejoindront ensuite la manifestation strasbourgeoise, qui partira de l’avenue de la liberté à 14 heures.
Une mobilisation qui rappelle le reportage de Thibault Vetter sur ce soulèvement inédit des ouvriers usés de Haguenau contre la réforme des retraites.
L’assemblée générale des cheminots de Strasbourg a débuté. Près de 45 personnes y participent. Aiguilleur et membre de la CGT, Clément Soubize estime qu’il faudra se mobiliser même si la réforme est votée par le Parlement :
« Il faudra continuer à faire pression. Le CPE avait été voté puis retiré suite à la mobilisation. Parmi les députés et les sénateurs, combien sont ouvriers ? C’est quoi leur légitimité pour décider de cet réforme des retraites ? 93% des actifs sont contre la réforme. Nous sommes légitimes. Un maximum de secteurs doivent se mettre en grève et c’est cela qui peut faire plier le gouvernement. »
Dans l’assemblée, un gréviste exprime sa lassitude vis-à-vis du mouvement social en cours : « Moi j’en ai marre des gens qui disent « on compte sur vous ». Quand je discute à la boulangerie, les gens disent « il faut que ça bouge ». Tout le monde est d’accord pour ça. Mais pour eux, il faut toujours que ça vienne d’autre part. Et ça je n’en peux plus. Les gens doivent comprendre que ça doit venir d’eux. »
Dans un entretien Rue89 Strasbourg publié samedi 11 mars, plusieurs membres de la CGT Cheminots de Strasbourg appelaient à la mobilisation générale.
La gare de Strasbourg est presque vide. Aucun TER ne circule. Une dizaine de TGV restent programmés selon le tableau d’affichage des départs.
A 10h30, l’assemblée générale des cheminots décidera de la reconduction du mouvement de grève initié depuis le mardi 7 mars.
Vers 9h30, le ralentissement sur l’autoroute A35 au niveau du pont de la rue d’Illkirch, en direction de Strasbourg, prenait fin.
L’intersyndicale éducation du Bas-Rhin appelle à se rassembler devant la Direction des services départementaux de l’Éducation nationale (DSDEN) du Bas-Rhin, avenue de la forêt noire, ce mercredi 15 mars à 12 heures. Dans un tract commun aux syndicats CFDT, CGT, FO, FSU, Sud, Solidaires et Unsa, les organisations syndicales estiment qu’en plus de la réforme des retraites, « le gouvernement multiplie les provocations à l’égard des personnels de l’éducation : revalorisations insuffisantes dans le cadre du « socle », missions supplémentaires inacceptables dans le cadre du « pacte », suppression de postes qui auront dès la rentrée 2023 des conséquences scandaleuses.
Le cortège quittera ensuite l’avenue de la forêt noire pour rejoindre la manifestation contre la réforme des retraites qui partira de l’avenue de la liberté à 14 heures.
Nouveau blocage sur le campus central de l’université de Strasbourg. L’action est plus étendue que lors des précédentes journées de mobilisation. Selon le syndicat Alternative Etudiante Strasbourg, tous les bâtiments du campus Esplanade (Patio, Atrium, Portique, institut Lebel, faculté de droit, maths-info et chimie), le Palais universitaire et Sciences Po Strasbourg sont bloqués. Selon notre journaliste sur place, les militants contre la réforme des retraites empêchent l’accès à 12 bâtiments universitaires.
Au palais universitaire, peu avant 8h30, des étudiants ont tenté de forcer le blocus. L’un des militants explique l’action en cours :
« On est dans une situation qui est compliquée. On n’a pas envie de bloquer mais on n’a pas le choix. Je suis plutôt pessimiste pour la réforme des retraites, mais on doit se mobiliser. Ce n’est pas démocratique si le vote passe. C’est important de bloquer parce que ça nous permet de bloquer les cours et les examens et de rejoindre les manifestations. »
La faculté de sciences sociales organise une assemblée générale contre la réforme des retraites ce matin à 10 heures à la MISHA, en salle de conférence.
Opération escargot en cours sur l’autoroute A35 en direction de Strasbourg. Aux alentours de 8h20, le convoi ralentissant la circulation à 15 km/h se situait au niveau de la Vigie. L’opération est encadrée par la police. « Tout se passe bien », selon Pascal Vaudin, secrétaire départemental du Bas-Rhin de la CFDT Transports.
A 8h32, le convoi d’une trentaine de voitures siglées CFDT passait sous le pont de la rue d’Illkirch. Derrière elles, un long embouteillage.
Nouvelle action du collectif « On crèvera pas au boulot ». Après avoir bloqué l’entrepôt strasbourgeois d’Amazon le mardi 8 mars, plusieurs dizaines de militants contre la réforme des retraites ont empêché l’accès au Port aux pétroles à partir de 4 heures du matin avant d’être délogé par la police vers 5h30. « Une voiture de police était déjà présente quand on est arrivée pour le début du blocage… », souffle Camille (le prénom a été modifié), contacté vers 7h30. Le militant évoque une quarantaine de personnes mobilisées pour une cinquantaine de camions bloqués au moment de la fin de l’action.
Dans un communiqué, le collectif « On crèvera pas au boulot » explique la démarche :
« Cette action a pour objectif de montrer notre solidarité avec la grève des raffineurs qui nous montrent la voie et de contribuer, à notre niveau, à la mise à l’arrêt de l’économie, seul moyen de se faire entendre du gouvernement et des grands patrons. Chaque semi-remorque à l’arrêt représente 36 000 litres de carburant qui ne seront pas livrés en ce jour de mobilisation du pays tout entier, et cela sans porter préjudice aux travailleurs routiers.
Nous irons jusqu’au bout, jusqu’au retrait de cette contre-réforme, mais pas seulement ! Nous voulons vivre dignement dès aujourd’hui, et non survivre dans une société où tout augmente sauf les salaires : les prix, la pauvreté, la réduction des moyens dans les services publics…. Nous voulons une société où l’on produise en fonction des besoins de la population et non des profits, une société qui respecte l’humain et la planète ! Nous sommes l’avenir, à bas les exploiteurs pollueurs et les politiciens qui les laissent détruire nos vies en toute impunité ! »
Bienvenue sur ce compte-rendu en direct de la huitième journée de mobilisation contre la réforme des retraites menée par le gouvernement. Le Parlement examinera ce texte le jour même au sein d’une commission mixte paritaire (CMP) composée de sept sénateurs et de sept députés, afin d’aboutir à un texte commun qui pourrait être voté par les deux assemblées. Cette CMP doit se dérouler à huis-clos, la retransmission vidéo ayant été refusée par Yaël Braun-Pivet, la présidente de l’Assemblée nationale.
Cette réforme prévoit notamment d’allonger graduellement la durée de cotisation nécessaire pour se retirer à taux plein, et le recul de l’âge minimum. Les syndicats ont appelé à une nouvelle journée de « grève générale » ce mercredi, bien que le premier appel mardi 7 mars n’ait pas réussi à « bloquer le pays » comme ils l’espéraient afin de faire reculer le gouvernement.
Rue89 Strasbourg est mobilisé pour rendre compte ici même des mouvements sociaux dans les entreprises et les services publics, des blocages et des cortèges. Si vous êtes organisatrice ou organisateur d’une action, membre d’un collectif ou simplement témoin d’un événement en lien avec cette journée de mobilisation, merci de nous envoyer vos éléments à redaction@rue89strasbourg.com (en incluant un numéro de téléphone) ou via le formulaire de contact afin qu’ils puissent être relayés sur ce compte-rendu.
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