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Les réactions à Strasbourg face au choc de l’extrême-droite

Retrouvez le déroulé des élections européennes, réalisé en direct avec les résultats ainsi que les réactions à Strasbourg.

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Les réactions à Strasbourg face au choc de l’extrême-droite
Une manifestation a été organisée à la suite de l’annonce de dissolution.

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Premier adjoint à la maire de Strasbourg, Syamak Agha Babaei réagit à la montée de l’extrême-droite :

La carte des résultats à Strasbourg est presque complète et ne devrait plus beaucoup varier.

La carte des résultats alsaciens est désormais complète :

Des gaz lacrymogènes ont été envoyés contre les manifestants dans le centre-ville.

Après un rassemblement spontané, deux jeunes personnes réagissent à la dissolution prononcée suite aux résultats des élections européennes :

Ameris Amblard au QG des militants écologistes. Photo : Thibault Vetter / Rue89 Strasbourg / cc

Coresponsable du groupe des écologistes à l’Eurometropole de Strasbourg, Ameris Amblard détaille :

« Je pense que les bons scores de l’extrême droite sont corrélés aux baisses pour les différents partis de gauche dont les écologistes. On ne peut pas se satisfaire de ça, il y aura une autocritique à faire. Mais dans les faits, on est déjà en campagne pour les élections législatives puisque le premier tour des élections législatives pourrait être dans trois semaines. »

Frédéric lance à côté : « On a trois semaines pour faire en sorte que la France ne bascule pas dans le fascisme. »

250 personnes place Kléber pour protester contre le Rassemblement national

Environ 250 personnes se sont rassemblées en cercle place Kléber. Elles protestent contre la progression du Rassemblement national aux cris « siamo tutti anti fascisti » sous la surveillance de la police.

À Paris, la France insoumise et Europe Ecologie – Les Verts ont appelé à un rassemblement similaire place de la République. La crainte d’une arrivée au pouvoir de l’extrême-droite à l’occasion des élections législatives anticipées motive également ce rassemblement spontané.

Nouvelle estimation des résultats en France

Selon une nouvelle estimation Ipsos pour France Télévisions, la liste portée par Jordan Bardella (Rassemblement national) a récolté 31,5% des suffrages exprimés. Elle est suivie de celle portée par Valérie Hayer (Renaissance, 14,5%), puis par celle de Raphaël Glucksmann (Parti socialiste-Place publique), qui obtient 14% des voix.

La liste de La France insoumise, portée par Manon Aubry, se place derrière avec 10,1% des voix exprimées, tandis que celle portée par François-Xavier Bellamy (Les Républicains) emporte 7,2% des suffrages, devant Marie Toussaint pour Europe Ecologie-Les Verts (5,5%) et Marion Maréchal (Reconquête !), qui obtient 5,3%.

Le reste des listes (dont le PCF, l’Alliance rurale, le Parti animaliste) n’a pas atteint le seuil minimal des 5 % pour envoyer des élus au Parlement européen.

Édith Peirotes depuis le QG de la majorité présidentielle.

Vice présidente du Modem Alsace, ancienne élue de Strasbourg de 2014 à 2020, Édith Peirotes réagit aux résultats de la soirée :

« Plus de 30% pour le RN, ça me choque… J’ai toujours combattu ces idées. La France a basculé dans quelque chose qui me désespère. Le mot attristé n’est pas assez fort. Le score de Valérie Hayer (Renaissance) n’est pas une surprise. C’est toujours difficile quand on est aux manettes. En France, il y a toujours eu un vote contestataire. Mais là, je suis très inquiète pour l’avenir. Il y a une part de responsabilité de la majorité présidentielle, mais je pense que quel que soit le parti en France, on est arrivé à un point de scission. Tout ce qui s’est cristallisé en terme de rejet autour d’Emmanuel Macron, je pense que n’importe qui aurait vécu la même chose. »

Jérome, militant et adhérent Renaissance et un urbaniste à la retraite : « on avait les sondages donc on s’y attendait. Au niveau local, en Alsace, ça m’a fait mal, je ne m’attendais pas à une telle poussée du RN. C’est certainement un ras le bol du président, les gens n’en veulent plus, je l’ai vu pendant les tractages ces dernières semaines. Je trouve que la dissolution est la bonne solution. Ça sera certainement un membre du RN qui sera premier ministre. Et comme ça les gens verront quand quand ils sont au pouvoir, c’est une catastrophe. Ils vont faire quoi ? Mettre tous les étrangers dehors ? »

Maire de Strasbourg, Jeanne Barseghian réagit aux résultats et à la percée du Rassemblement national :

Nouveau résultat disponible pour Colmar :

Nouveau résultat disponible pour Saint-Louis :

Ursula von der Leyen estime avoir « gagné les élections européennes »

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a indiqué depuis Bruxelles dimanche soir que « le Parti populaire européen (PPE) est le groupe politique le plus fort (…). Nous avons gagné les élections européennes. » Elle brigue un second mandat en promettant « construire un rempart contre les extrêmes ».

Ursula Von Der Leyen en juillet 2019.Photo : Parlement européen / cc

Dans un communiqué envoyé à la presse, Jeanne Barseghian, maire (EELV) de Strasbourg, réagit :

« Le score écrasant de l’extrême droite ce soir est une terrible nouvelle pour notre pays et pour l’Europe. L’extrême-droite menace désormais concrètement notre démocratie, nos droits et nos libertés. Aujourd’hui, le Parlement européen change de visage, avec la mise en péril des valeurs qui fondent l’Europe et le recul de l’écologie.

À Strasbourg, capitale de la démocratie européenne, nous resterons fidèles à ces valeurs d’écologie, de paix et de justice, et combattrons sans relâche l’extrême-droite et ses idées. Plus que jamais, nos territoires restent engagés pour le climat et la solidarité, avec courage et détermination. »

À 21h30, le Rassemblement national a obtenu 36,89% des voix exprimées en Alsace. Il manque encore les grandes villes, où le parti d’extrême droite est moins suivi, mais il réalisera dans tous les cas un score sans précédent dans une région qui était plutôt ouverte et pro-européenne.

Après l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale, Catherine Trautmann a ajouté une nouvelle réaction :

Président du groupe d’opposition écologiste et communiste au conseil d’Alsace, Florian Kobryn voit dans la victoire du Rassemblement national une conséquence de la stratégie d’Emmanuel Macron :

Céline Geissmann était 24e sur la liste Parti socialiste / Place publique. Photo : Dorian Mao / Rue89 Strasbourg

Céline Geissmann, 32 ans, était 24e sur la liste de Raphaël Glucksmann :

« C’est un sentiment d’effroi avec les extrêmes droites à près de 40% en France. C’est sûrement un des meilleurs scores pour ces formations en Europe. C’est catastrophique. Ce résultat, c’est la conséquence de la politique des gouvernements d’Emmanuel Macron.

Au Parlement européen, la France va représenter l’un des plus grands contingent d’extrême droite. Il y a une forte poussée dans tous les pays d’Europe. La grande inconnue maintenant, c’est l’alliance entre le Parti populaire européen (PPE, droite) et les extrêmes droites. Ça ne pressage rien de réjouissant pour l’écologie, la démocratie, et les valeurs progressistes en général. »

Côté positif, Céline Geissmann voit en la stratégie de Raphaël Glucksman « des bases assez fortes pour le rassemblement de la gauche, qui a tranché sur la ligne pour l’Union européenne, sur la guerre en Ukraine, sur l’élargissement… »

« Je signerai dans quelques instants le décret de convocation des élections législatives qui se tiendront le 30 juin pour le premier tour et le 7 juillet pour le second », a déclaré le président de la République, Emmanuel Macron, dans une allocution télévisée depuis l’Élysée.

L’issue du scrutin européen « n’est pas un bon résultat pour les partis qui défendent l’Europe »« la montée des nationalistes et des démagogues est un danger pour notre nation », a-t-il ajouté.

Linda ibiem, conseillère régionale (PS), souligne qu’il y a « quand même une résistance de la gauche » en observant le score cumulé. Elle prône maintenant une union politique de la gauche en vue de l’élection présidentielle :

Pour Jean-Philippe Maurer, conseiller départemental et municipal (LR), la campagne de Jean-François Bellamy a été « correcte ». Il réagit aussi à la non-réélection de l’eurodéputée Anne Sander :

Au QG du Parti Socialiste au Neudorf, Catherine Trautmann, ancienne maire de Strasbourg et ancienne députée européenne, est arrivée sur les coups de 20h15. Elle a écouté les réactions aux premières estimations du candidat Glucksman. Voici ses premières impressions :

Virginie Joron (RN) voit son mandat de députée européenne renouvelé : « C’est plutôt de bons résultats, c’est aussi une preuve de confiance des Français, qui font de nous le premier groupe au sein de la délégation française. Avec les retours que nous avions sur le terrain, notamment ceux des jeunes, nous nous y attendions. En voyant les résultats en Alsace, on constate qu’il y a à nouveau une perdition des voix chez les LR, la dynamique est chez nous. »Photo : Guillaume Krempp / Rue89 Strasbourg / cc

Nouveau résultat disponible pour Sélestat :

Nouveau résultat disponible pour Illkirch-Graffenstaden :

Nouveau résultat disponible pour Mulhouse :

Les sondages Ipsos de France Télévisions donnent le Rassemblement national largement en tête, avec la liste Renaissance en deuxième position.

Selon les sondages sorties des urnes, la liste portée par Jordan Bardella (Rassemblement national) arrive largement en tête des votes exprimés dimanche en France, avec 31,5% des suffrages exprimés. La liste Renaissance portée par Valérie Hayer est bien loin derrière, avec 15,2% de voix. Un peu derrière, la liste menée par Raphaël Glucksmann soutenue par le Parti socialiste obtient 14% des voix.

Sous les 10%, la liste de La France insoumise portée par Manon Aubry rassemble 8,7% des voix, la liste de droite menée par François-Xavier Bellamy (Les Républicains) n’obtient que 7,2% des suffrages. Autre performance, la liste Reconquête, également d’extrême-droite, envoie Marion Maréchal au Parlement européen puisqu’elle obtiendrait 5,5% des voix. La dernière liste majeure est celle d’Europe Ecologie-Les Verts, atteindrait de justesse 5,2% des voix, à peine suffisants pour envoyer Marie Toussaint à Strasbourg.

La participation est elle en hausse et atteint 52,5 %, plus de 2 points de plus qu’en 2019.

Chloé et Fabrice sont amis et soutiennent La France insoumise. Ils sont venus en Batorama au Parlement européen « Vu les sondages, on n’est pas hyper optimistes, dit Chloé. On espère quand même que l’extrême droite sera en dessous des 30%. » « On est venus pleurer dans un endroit sympa », ajoute Fabrice.

Bernadette, 67 ans, et Jean-Claude, 71 ans. Médecins à la retraite, ils rentrent juste d’un week-end en famille à Paris. « C’est essentiel pour nous ces élections en tant que pro-européens, confie Jean-Claude. L’Europe c’est l’union, l’entente et aussi la défense maintenant depuis la guerre en Ukraine. C’est un des arguments essentiels de mon vote aujourd’hui ». Bernadette espère « un rejet des extrêmes. C’est quand même très embetant que des anti-européens soient annoncés en tête pour des élections européennes ». « Il faut un retour du dialogue et du compromis, renchérit Jean-Claude. Dans les années 1980 ça fonctionnait, aujourd’hui c’est des invectives et des insultes, on n’avance pas ».

Beaucoup de monde s’est déplacé pour participer à la soirée électorale au Parlement européen

Benoît, sympathisant écologiste, a choisi de venir passer la soirée électorale au Parlement européen :

« Je ne suis pas défaitiste, je ne me fie pas aux sondages mais à ma confiance en l’élan démocratique qui a eu lieu aujourd’hui. Du moins je l’espère. »

Camille a voté au bureau de l’école Saint-Jean. Elle habite vers la place de Haguenau. Professeure des écoles, c’était important pour elle de voter pour aller à l’encontre de l’extrême droite : « Je peux comprendre l’abstention. Dans mon entourage, les personnes qui s’abstiennent disent que c’est parce qu’elles n’y connaissent rien. Mais si on veut que ça bouge, ça ne risque pas de marcher en restant chez soi sans s’intéresser à ce qu’il se passe. J’ai voté la France insoumise parce que ce qu’ils proposent rejoint mes convictions. Ils ont soutenu les mouvements de grève dans l’éducation, et ils ont des projets pour une meilleure inclusion des enfants en situation de handicap. »Photo : Thibault Vetter / Rue89 Strasbourg / cc

Victoire de la droite en Allemagne, progression de l’extrême droite

Selon des sondages à la sortie des urnes en Allemagne, ce sont les conservateurs (CDU/CSU) qui arrivent en tête des élections européennes en Allemagne avec 29,5% des suffrages exprimés. Le pays doit envoyer 96 eurodéputés sur les 720 du Parlement.

Le SPD (sociaux-démocrates) obtiendraient 14% des voix, en recul de presque deux points par rapport à 2019 et les Verts n’obtiendraient que 12%, soit huit points de moins qu’en 2019 ! Les libéraux-démocrates (FDP) sont crédités de 5% des voix. L’extrême-droite allemande, Alternative für Deutschland (AfD), progresse de cinq points par rapport à 2019 avec 16,5% et ce malgré les erreurs de communication de ce parti dont la tête de liste considérait que « tout SS ne devait pas être automatiquement considéré comme un criminel ».

Philippe est responsable de service dans une entreprise de location de bâche. Il vote habituellement le RN, mais aujourd’hui il « vient de se rendre compte que c’est aujourd’hui les élections. J’aurai voté pour qu’on sorte de l’Europe, quelque soit le parti. Sinon globalement je me désintéresse de la politique. Au fil des divers votes et référendums, quoiqu’on fasse, les choses se font avec ou sans notre consentement. Même le RN, c’est de la machination politique, on a l’impression qu’ils vont passer à chaque fois et ce sont les autres en face qui gagnent. »Photo : Thibault Vetter / Rue89 Strasbourg / cc

Fermeture des bureaux de vote partout en Alsace, sauf à Strasbourg où ils restent ouverts jusqu’ à 20h.

Bureaux de vote vides au Neuhof.Photo : Dorian Mao / Rue89 Strasbourg / cc

Au bureau de l’école Guynemer du Neuhof à 17h, la participation s’établit autour de 25%. « C’est pareil qu’en 2019, indique le président du bureau de vote. Il y a beaucoup de jeunes qui viennent voter mais l’abstention est une réalité du quartier. On devrait être aux alentours de 30% maximum ce soir. »

De gauche à droite, Nari, Smail et Hannah avec ses deux enfants.

Nari, 24 ans, Smail, 19 ans, et Hannah, 26 ans, sont venus voter en famille. « On est venu pour contrer le Rassemblement national, on soutient La France insoumise, détaille Smail. Ces élections font peur mais on a bon espoir parce que les sondages pour Manon Aubry (LFI) étaient en hausse ces derniers jours ».

« L’Europe, c’est lointain dans notre quotidien, on y pense jamais même si au fond, c’est tout le temps là, dans les lois, sur les règles pour la consommation ou l’environnement, » complète-t-il.

Hannah indique « beaucoup s’informer par Twitter (devenu le réseau social X, NDLR) et quand je vois qu’on donne de la crédibilité à Jordan Bardella alors qu’il ne va pas au Parlement européen, je trouve ça aberrant qu’il soit en tête dans les sondages ».

Pour Hannah, « tout tourne autour de l’Islam et de l’immigration, alors qu’on a un million d’autres problèmes au quotidien, le pouvoir d achat, l’environnement… Je trouve ça ridicule. » Nari complète en indiquant que « les fachos nous jugent directement sur notre apparence. On a l’impression de déranger, alors qu’on est nés en France. »

Participation en hausse en fin d’après-midi

La participation aux élections européennes en France s’établit à 45,26%, deux points de plus qu’en 2019 (43,29%).

  • À Strasbourg, la participation à 17h s’établit à 41,87%, également deux points de plus qu’en 2019.
  • Dans le Bas-Rhin, la participation à 17h est à 44,62%, supérieure à celle de 2019 à la même heure (42,10%) dans les mêmes proportions,
  • Dans le Haut-Rhin, la participation s’établit à 40,75%, soit trois points de moins qu’en 2019 (43,43%) mais bien plus qu’en 2014 (32,41%).

La participation dans les quartiers populaires risque de nouveau d’être très faible. Selon un pointage à 16h30 à l’Elsau, le bureau 216 (cité de l’Elsau) n’a enregistré que 280 votants sur 966, soit 29% de participation, tandis que le bureau 214, qui recueille le quartier pavillonnaire, 445 votants sur 1 069 se sont exprimés, soit 41%.

Hasan a voté La France insoumise. « J’ai suivi le mouvement parce que c’est d’actualité avec la guerre dans la bande de Gaza. Ils soutiennent clairement un cessez le feu. Je trouve que LFI a plus de cohérence que les autres partis sur ce sujet. »
Photo : Thibault Vetter / Rue89 Strasbourg / cc

Le bureau de vote 126 habituellement au théâtre du Scala a été déplacé à la médiathèque du Neudorf, juste en face. Il y a déjà plus de 50% de participations à 16h. « C’est un bureau qui vote beaucoup historiquement, mais là c’est vraiment très important. On va avoir du boulot pour le dépouillement, » plaisante un assesseur.

Parmi les votants, il y a Farid, 39 ans :

« Quand on voit que le RN est annoncé gagnant, il faut agir. La droite s’est transformée en extrême-droite aujourd’hui, ils ont les mêmes discours sur plein de points. J’espère qu’un changement viendra de la gauche. »

Pour Farid, la campagne a été difficile à vivre :

« On a trop laissé la parole à l’extrême droite dans les médias. Il suffit d’avoir une couleur de peau ou un prénom à connotation arabe pour être stigmatisé, même si je n’ai jamais ressenti ça personnellement. Mais quand on rabâche à longueur de temps aux gens que les Arabes ou les musulmans sont un problème, ils finissent par y croire. Ça fait peur au gens, et la peur peut mener à la violence. Si je pouvais je m’investirais plus dans un parti, je commence a vraiment me renseigner sur la politique ces derniers mois. »

Franck, 31 ans, est développeur informatique. Très intéressé par la politique, il vote à toutes les élections et les européennes n’ont pas fait exception. Grâce à Internet et Youtube, il s’estime bien informé sur les enjeux et les débats européens. « Les algorithmes savent que la politique m’intéresse, alors ils me proposent plein d’informations », dit-il. Votant « souverainiste », il se félicite que l’Ukraine ait été au programme de nombreux candidats cette année mais s’il regrette « une certaine polarisation des débats. » Pour Franck, voter est important car « le Parlement européen a de l’influence sur l’Union européenne, qui elle-même a beaucoup d »influence sur les pays membres ». Photo : Pierre France / Rue89 Strasbourg / cc
Plusieurs files d’attente se sont constituées devant les bureaux de votes cet après-midi, comme ici à l’école Louise Scheppler dans le quartier Laiterie. Photo : Thibault Vetter / Rue89 Strasbourg / cc
À 30 ans, Gauthier, juriste à Strasbourg, n’a accordé qu’un œil distrait aux débats de la campagne des élections européennes. « J’avais déjà mon idée », dit-il. Et cette idée, c’est Europe Écologie – Les Verts. Il est sûr que les écologistes dépasseront les 5% leur permettant d’envoyer des députés au Parlement et qualifie leur campagne de « sérieuse » avec une « volonté de ne pas apparaître comme déconnectés des réalités ». Pour Gauthier, le Parlement européen a de l’influence sur l’Europe et la vie quotidienne des Européens : « les grands chantiers de la transition écologique, la taxe sur les plus grandes fortunes… et sur tous les sujets juridiques que je suis. » Photo : Pierre France / Rue89 Strasbourg / cc
Sulaiman a 23 ans. Né en Afghanistan, il est arrivé en France en 2014. Aujourd’hui ouvrier dans le bâtiment, hors de question de ne pas voter. « C’est important la démocratie, dit-il. Autour de lui, il fait figure de l’engagé de service et motive ses proches à se déplacer aux urnes. Il vote « extrême gauche », pour « l’amélioration du pouvoir d’achat, des salaires. Il en a été beaucoup question à la télévision. » Il a suivi les débats mais sans que ça ne modifie son vote. Quant aux résultats, il attend de voir mais n’accorde pas beaucoup de crédit aux sondages « qui sont inventés », dit-il.Photo : Pierre France / Rue89 Strasbourg / cc
Annie habite au quartier Coop. Elle a voté plus tôt dans la journée et accompagne son copain, inscrit sur les listes de l’école Louise Scheppler, quartier Laiterie : « C’est important de voter à toutes les élections. J’ai été éduquée dans une famille où on réfléchit à l’impact des pouvoirs publics. L’Europe, c’est des décisions et des règles qui peuvent changer le quotidien, la politique agricole, les normes sur les produits qui nous entourent comme les fruits et légumes, les shampoings, les médicaments… Je vais voter Raphaël Glucksmann (Place publique – PS, NDLR). C’est un choix réfléchi. J’ai regardé les candidatures pendant un mois. Sur 38 listes, la moitié n’étaient vraiment pas sérieuses. Je suis sympathisante socialiste, j’ai été déçue par François Hollande, surtout au niveau social sur la fin de son mandat. Mais j’ai fait ce choix aujourd’hui parce que j’estime que c’est un programme qui prend à la fois en compte la politique internationale et les intérêts de la France. »Photo : Thibault Vetter / Rue89 Strasbourg

Les électeurs du bureau 414 compréhensifs

Les bureaux de vote qui étaient à l’ENGEES ont été déplacés sans que leurs électeurs habituels ne soient prévenus.Photo : Dorian Mao / Rue89 Strasbourg / cc

François et Marie arrivent devant les anciens bâtiments de l’Ecole du génie de l’eau (Engees). Ils y abritaient le bureau de vote 414 mais il a été déplacé à l’Hôtel de Ville.

« On s’est douté que ce n’était pas ici quand j’ai vu qu’il n’y avait pas de panneaux, mais on était pas du tout au courant que le bureau avait été déplacé, » affirme François. Christian et sa fille entrent dans l’ENGEES sans porter attention au panneau accroché sur la porte. Ils ressortent un peu surpris :

« Tout est ouvert, comme d’habitude, mais il n’y a pas le bureau. C’est dingue qu’on soit rentré comme ça, je vote ici depuis 2000 et c’est la première fois que ça arrive. »

Quelques minutes plus tard, une famille fait demi-tour en arrivant devant le panneau :

« On continue notre promenade, il y’a du soleil, c’est pas très grave. L’Hôtel de ville n’est pas très loin, ça va. »

Un groupe de 7 ou 8 personnes passent devant le panneau sans y prêter attention. C’est l’incompréhension. « Comment on connaît notre numéro de bureau de vote ? C’est bizarre que ça soit déplacé… » « Peut-être qu’ils ne veulent pas qu’on vote », plaisante Josh avec sa fille.

Belle affluence pour un bureau de vote déplacé.Photo : Dorian Mao / Rue89 Strasbourg / cc

Devant le 9 rue brûlée, la surprise se mêle à un peu d’énervement. « Ma mère est handicapée et vous la faites se déplacer comme ça, c’est pas normal du tout », lance une femme à l’agent d’accueil, qui se plaint qu’il n’y ait pas de place pour se garer. « Nous avons eu quelques remontrances mais les gens sont compréhensifs la plupart du temps » explique-t-elle.

Il y a une petite file d’attente au bureau 414, une trentaine de personnes font la queue pour déposer leur bulletin dans l’urne. Le bureau est définitivement déplacé à l’Hôtel de ville confirme la présidente du bureau de vote 414.

Un peu moins de 30% de participation sur ce bureau de vote à 12h, un bon score par rapport à la moyenne strasbourgeoise (18,5%).

DM

Participation habituelle à midi

La participation aux élections européennes en France s’établit à 19,8%, légèrement plus qu’en 2019 (19,3%).

  • À Strasbourg, la participation à midi s’établit à 18,90%.
  • Dans le Bas-Rhin, la participation à midi est à 18,5%, sensiblement moins qu’en 2019 (20,05%)
  • Dans le Haut-Rhin, la participation à midi s’établit à 19,09%, soit un point de moins qu’en 2019 (20,40%) mais bien plus qu’en 2014 (13,99%).

Les opérations de vote se déroulaient à un rythme soutenu dans la matinée au bureau 415.

Vous ne savez pas pour quelle liste voter ? Deux applications permettent de déterminer la meilleure liste en fonction de vos opinions :

  • Candidator.fr est un outil français qui propose, à partir d’une série de 16 affirmations autour de 8 thématiques, d’évaluer la meilleure liste pour ces critères en fonction des réponses des utilisateurs. L’outil propose à la fin une visualisation des propositions de la liste sélectionnée en fonction de celle de l’utilisateur.
  • EU & I (L’Union européenne et moi) est un outil disponible dans tous les pays de l’union. Puisque les listes et les programmes sont nationaux, l’outil débute par la sélection du pays de vote. Puis 30 affirmations sont proposées, sur lesquels les utilisateurs sont invités à exprimer leur adhésion ou leur rejet. À la fin du processus, les listes disponibles sont classées selon un score d’affinité.

Dans un communiqué publié samedi, la Ville de Strasbourg prévient que « suite à une erreur informatique lors de l’édition des cartes électorales, les cartes des électeurs impactés par un déplacement du lieu de vote n’ont pas été générées ; de ce fait, ils n’ont pas été informés du déplacement de bureau de vote ».

Huit bureaux déplacés

Les bureaux de vote déplacés sont :

  • Les bureaux de vote 503, 504 et 514 qui étaient situés au Pavillon Joséphine – parc de l’Orangerie sont déplacés à la salle du Bon Pasteur (12 boulevard Jean-Sébastien-Bach à Strasbourg) ;
  • Les bureaux de vote 623 et 627 qui étaient situés à l’école Alice-Mosnier (anciennement Neuhof A) sont déplacés à l’AEP du Kammerhof (15 chemin du Kammerhof à Strasbourg – Neuhof) ;
  • Les bureaux de vote 126 qui était situé au Scala et 611 qui était situé à l’école Libre Sainte-Anne sont déplacés à la Médiathèque et Artothèque de Neudorf (place du Marché- Neudorf à Strasbourg) ;
  • Le bureau de vote 414 qui était situé à l’École nationale du génie de l’eau et de l’environnement de Strasbourg (ENGEES) est déplacé à l’Hôtel de Ville (9 rue Brûlée à Strasbourg – centre).

Les élections européennes visent à élire 720 députés européens au suffrage universel direct.

Quand ?

En France métropolitaine l’élection se tient ce dimanche 9 juin. D’autres pays (Pays-Bas, Irlande, République tchèque, Lettonie, à Malte et en Slovaquie) votent à partir du jeudi 6 juin. Certains territoires français voteront dès le samedi 8 juin en raison du décalage horaire.

Où ?

Dans les bureaux de vote habituels, ouverts de 8h à 18h partout en Alsace, sauf à Strasbourg où ils ferment à 20h. Il n’y a pas besoin d’apporter sa carte électorale, il est cependant nécessaire de venir avec une pièce d’identité (passeport, carte nationale d’identité…).

Certaines listes n’auront pas de bulletins déposés dans les bureaux de vote. Pour voter pour elles, il est nécessaire d’imprimer le bulletin de vote avant de se rendre devant l’urne, sur une page A4 au format paysage, d’un grammage compris entre 70 et 80 grammes et avec une seule couleur d’encre. Les modèles sont disponibles sur les sites des listes concernées.

À quoi ça sert ?

Les élections permettent d’envoyer 81 représentants français sur les 720 qui siègeront au Parlement européen, venus de 27 pays. Les Eurodéputé·es votent les directives (lois européennes), et peuvent significativement influer sur leur élaboration. Ils doivent en outre approuver les membres de la Commission européenne (le gouvernement européen).

En France, 38 listes se partagent les suffrages. Leur liste complète et leurs programmes sont publiés sur le site de l’Union européenne et sur le site du ministère de l’Intérieur.

Les scores qui comptent

Le classement

Contrairement à toutes les autres élections françaises, les européennes n’ont qu’un seul tour, à la proportionnelle. Il n’y a pas de « prime » pour la liste arrivée en tête, si bien que les deux premiers peuvent très bien envoyer le même contingent d’eurodéputés si leur score est très proche. Néanmoins l’ordre d’arrivée est toujours synonyme de victoire ou de défaite politique.

La barre des 5%

C’est le score minimal qui permet à une liste d’envoyer des représentants au Parlement européen à Bruxelles et Strasbourg. On ne peut pas savoir exactement à combien de députés correspond le score de 5%. Il dépend du nombre de listes qui passent cette limite minimale. Mais franchir ce cap devrait permettre envoyer au minimum 4 députés.

Le seuil des 3%

C’est le seuil qui permet de se faire rembourser une partie de ses frais de campagne, dans la limite des plafonds légaux autorisés (9,2 millions d’euros).


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