Jamais rénovés ou presque, les Bains municipaux sont devenus l’un des gros dossiers du mandat. Le bâtiment construit en 1908 est classé à l’inventaire du patrimoine historique. La piscine de la Victoire, sur le boulevard du même nom, appartient à la Ville de Strasbourg. Elle héberge deux bassins, mais aussi des douches publiques et des bains romains, c’est à dire des saunas, hammams et bains d’eau chaude.
Au fur et à mesure, plusieurs activités ont été fermées, sans qu’elles soient remplacées. En particulier, les bains de boues, les bains pour chiens, ou de nombreuses douches qui ont été condamnées, depuis que les salles de bains dans les appartements sont la norme. Aujourd’hui, près de la moitié de la surface, soit 5 000m², est inutilisée. Et la rénovation urge. La piscine ne compte même pas de pédiluve pour les pieds. Une partie du matériel est d’origine.
La piscine et quelques douches continuent, le reste…
Sauf que voilà, tous ces travaux vont avoir un coût et l’argent manque, surtout depuis que l’État a réduit ses financements. Les services de la Ville ont estimés de 30 à 40 millions d’euros le coût de la rénovation totale. Malgré des demandes répétées, ces travaux n’ont pas été publiés, car selon le Ville, certaines entreprises ne doivent pas être nommées à ce stade. L’adjoint en charge du dossier, Olivier Bitz assure qu’il travaille à ce que ces témoignages soient anonymisés pour publier cette étude.
Le conseil municipal du lundi 22 juin doit confier à la Société publique locale (SPL) des Deux-Rives, qui s’occupe normalement de l’aménagement du quartier éponyme, le traitement du dossier. La société qui appartient à la Ville et l’Eurométropole devra rédiger une nouvelle étude pour estimer plus précisément les coûts et identifier des entreprises qui pourraient occuper les lieux actuellement vides.
Olivier Bitz explique la démarche :
« Le recours à la SPL n’est pas pour cacher quoi que ce soit, mais parce qu’elle pourra mieux identifier les sociétés qui pourront intervenir dans ce lieu. C’est son domaine d’expertise. La SPL appartient à 100% à la collectivité et le maire Roland Ries est en le président. Nous voulons un vrai débat public et non qu’il soit monopolisé par une minorité. Il se déroulera à l’automne et ce qui en ressort sera intégré à l’étude, prévue pour décembre. La gestion d’une partie des lieux pourra être confiée à des société privées ou issues de l’économie sociale et solidaire. Il n’est pas question de privatiser le lieu, il nous appartiendra toujours. À ce stade, il est prématuré de dire ce qui se passera dans les emplacements inoccupés. »
Utiliser la cour arrière, supprimer la chaufferie
En échange de pouvoir vendre des prestations dans les Bains municipaux, les sociétés devront participer à sa rénovation. Un effort hors de portée de petites structures de l’économie sociale et solidaire, mais accessible aux plus solides, comme la Mutualité française. Si les arbitrages se feront lors de l’étude, la volonté des élus est connue. L’étude sera assortie d’une charte qui délimite l’avenir du site.
La piscine doit continuer à exister et son accès devra être proposé au même tarif que ceux des autres établissements de Strasbourg. Quelques douches aussi, pour ceux qui ne peuvent se laver chez eux ou qui sont sans domicile. Pour le reste, la charte indique que le lieu accueillera « des activités notamment liées à la balnéothérapie, à la détente, au domaine paramédical et à la restauration ». Les élus souhaitent que la collectivité n’assure plus directement la charge des bains romains, peu économe en énergie. Ils estiment que cela ne relève pas des missions du service public. La responsable du site Chantal Séguin fait valoir qu’une société pourrait ajouter des services de massages comme autrefois, ce que les fonctionnaires ne sont pas autorisés à faire.
Le collectif « La Victoire pour tous » mobilisé
Pour les locaux inutilisés, il faudra trouver un prestataire qui souhaite investir ces espaces. À l’étage, les praticiens privés qui proposent des activités sportives de rééducation sans lien avec l’eau pourraient déménager. La cour à l’arrière de bâtiment, qui peut accueillir jusqu’à 48 voitures et actuellement utilisée par des agents, devrait être convertie en piscine extérieure ou une autre activité de loisir stipulée par la charte. Enfin, la piscine pourrait être raccordée au réseau de chaleur de l’Esplanade pour se débarrasser de la chaufferie à vapeur, qui occupe une salle de la taille d’un terrain de tennis, à côté de la cour-parking.
Mobilisé sur le sujet, le collectif « La Victoire pour tous » craint qu’avec une sous-traitance, les plus modestes ne puissent accéder aux Bains romains. L’entrée est actuellement au prix de 15 euros. Tous les jeudis à 18h30 qu’il pleuve, qu’il vente ou qu’il neige, le collectif organise à un apéro sur les marches pour garder les Bains dans le domaine public.
En attendant de nouvelles bisbilles autour du dossier, Rue89 Strasbourg vous propose de voir de quoi on parle
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