« J’aurais pas de repos tant que les rues de ma ville sentiront le couscous. » « Bastion Sauce Blanche » n’est pas un rap d’extrême-droite. Ses deux auteurs, strasbourgeois, ont voulu « envoyer un gros mollard sur le Bastion Social et l’Arcadia. » Ils ont publié leur son sur Youtube dans la journée du 18 juin.
« Mes einsatzgruppen sont de retour à Strasbourg »
Les soixante premières secondes du rap caricaturent la rhétorique de la fachosphère :
« Tiens tes mioches ou j’ai ma pioche / Mes einsatzgruppen [régiment de l’armée nazi, ndlr] sont de retour à Strasbourg. »
Pour cette production politisée, le rappeur GAB a changé de nom : Géudé, comme transformé en membre du GUD. Plusieurs adhérents du Bastion Social, dont le fondateur Steven Bissuel, sont d’anciens membres du Groupe Union Défense, une association étudiante d’extrême-droite.
Avant le premier refrain, le rappeur gerbe ses propres paroles. Dans le clip, le bruit de vomissements accompagne des images de défilés nazis. Puis le refrain :
« Au royaume des fils de pute, le nazillon est roi,
A quinze sur un jeune Turc, le Bastion s’y croit
Je vois pas tes affiches en Zup [Zone à urbaniser en priorité, ndlr]
j’crois pas qu’tu t’autocensures,
j’crois qu’tu t’chies d’ssus
et j’parle pas de sport de combat »
« On les tourne en dérision »
Contacté par Rue89 Strasbourg, Dah Conectah explique son initiative :
« C’est un peu une initiative citoyenne. On n’est pas des militants antifas ou des black blocs ou ces conneries… Vu qu’on est artiste, on prend les choses à notre manière. Une expédition punitive, casser leur local, ils s’y attendent… Donc on les tourne en dérision. »
Dans son rap, l’artiste dénonce l’apathie des artistes locaux face à la montée de l’extrême-droite visible à Strasbourg : « Dites moi donc où sont les artistes engagés / Pour qu’ils s’investissent il faut qu’ça les touche comme un direct en plein nez ou quoi ? »
Racisme à Strasbourg
Arrivé de Lorraine il y a plus de dix ans, le rappeur dit avoir ressenti une « atmosphère malsaine » à Strasbourg :
« Au cours d’une vie strasbourgeoise, on entend des trucs bizarres… En rentrant d’un concert à la gare, j’entendais un mec qui faisait des bruits de singe en passant à côté d’un homme noir… »
Les références au nazisme étaient nécessaires selon Dah Conectah, qui a tenu à garder l’anonymat :
« On avait un positionnement difficile [en faisant un son sur le Bastion Social qui reprenait en partie leurs discours, ndlr]. Le danger, c’était de faire de la pub pour eux. Donc on a fait quelque chose de clair, pour pas que ça soit rattrapable dans leur sens. »
Les rencontres se succèdent pendant ce temps au Bastion Social, qui accueille régulièrement des personnalités de l’extrême-droite européenne. Ses militants sont appelés à se rendre à l’université d’été du mouvement néofasciste, qui aura lieu du 29 au 1er juillet à Avallon, en Bourgogne.
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