Enquêtes et actualité à Strasbourg et Eurométropole

Deux familles abritées à l’école Saint-Jean

Lundi soir, deux familles à la rue et dont les enfants sont scolarisés à l’école Saint-Jean ont été mises à l’abri dans des salles de classe de l’établissement. Malgré l’activation du plan grand froid par la préfecture, au moins douze enfants repérés par le collectif « Solidarité des Bonnes Gens » passent les nuits d’hiver sous des tentes ou dans des voitures.

Cet article est en accès libre. Pour soutenir Rue89 Strasbourg, abonnez-vous.

Deux familles abritées à l’école Saint-Jean

« Tout le monde a droit à un logement » chantent en chœur les bénévoles de l’association Droit au logement (DAL) devant une bannière jaune taguée du slogan « un toit = un droit ». Comme une cinquantaine de personnes, l’antenne locale de l’association est venue soutenir l’occupation de l’école Saint-Jean, débutée lundi 13 janvier à 18h. Une « mesure d’urgence », selon le collectif Solidarité des Bonnes Gens, du nom de la rue de l’établissement situé derrière les Halles, qui permet à cinq enfants de l’école et à leurs parents de dormir au chaud et en sécurité alors que les températures seront négatives une grande partie de la semaine. Ce collectif de parents d’élèves et d’enseignants « appelle une nouvelle fois les pouvoirs publics à prendre leurs responsabilités et à mettre en place des mesures immédiates pour garantir le droit fondamental au logement ».

Un plan grand froid déjà dépassé

Une des familles mise à l’abri par le collectif a dû quitter un logement qui ne leur a été accordé qu’une dizaine de jours. « J’ai appelé le 115 ensuite mais ils n’avaient plus de place », assure cette mère de famille, en anglais. Un manque d’hébergement d’urgence malgré l’activation, lundi 13 janvier, par la préfecture du Bas-Rhin, d’un « plan grand froid » de niveau 1. Un dispositif qui accroit très temporairement « les capacités de mise à l’abri des personnes sans domicile », selon le communiqué de la préfecture.

Lundi 13 janvier, à Strasbourg les températures ont oscillé entre 1 et -3 degrés celsius. Une situation météorologique qui a conduit la préfecture à activer le premier niveau du plan grand froid.Photo : Mahault de Fontainieu / Rue89 Strasbourg / cc

En collaboration avec le collectif Pas d’enfant à la rue 67, les parents et enseignants mobilisés ont une nouvelle fois demandé aux pouvoirs publics l’ouverture d’un gymnase pour héberger toutes les familles sans-abri. « La Ville nous a dit qu’elle ouvrirait une salle si la préfecture en faisait la demande », soupire une bénévole du collectif, lassée par les renvois en responsabilité entre la collectivité et l’État.

Une occupation face à une « situation intolérable »

Selon le collectif, cette occupation de l’école Saint-Jean « est une mesure exceptionnelle » mais elle durera « jusqu’à ce que des solutions d’hébergement dignes soient proposées par les autorités ». Chaque soir de 18h à 7h30 du matin, les deux familles pourront se reposer dans une classe chacune, aménagée pour qu’elles puissent y dormir. Un ou une représentante des parents d’élèves et un ou une enseignante seront présents toute la nuit pour garantir leur sécurité et leur bien-être. « Nous nous sommes organisés pour nous relayer », détaille Elphège Tignel, mère d’une élève scolarisée à Saint-Jean et porte-parole du collectif. « Les salles seront nettoyées et rangées tous les matins avant l’arrivée des élèves », assure-t-elle.

Entre les couettes, oreillers et matelas, les donateurs du collectif ont glissé des peluches pour les enfants.Photo : Mahault de Fontainieu / Rue89 Strasbourg / cc

« On a un peu plus de matelas que de personnes à abriter » se félicite Marie Entz, enseignante en maternelle venue installer les deux familles. Oreillers, couvertures et même doudous ont été prêtés au collectif pour que les familles puissent dormir dans des conditions acceptables. Lundi soir, dans les salles occupées, les volontaires s’affairent. « On fait les lits pendant que les enfants dînent. Comme ça tout est prêt quand ils arriveront », assure l’enseignante.

Une solution transitoire

Entourée de ses quatre enfants, l’une des mères hébergées confie, les larmes aux yeux, « mon fils a honte de dormir dans son école ». Les autres élèves ne sont pas au courant de la situation de cette famille, très dure à vivre pour ces enfants. Marie Entz explique qu’une petite fille en grande section de maternelle qu’elle avait l’an dernier « arrivait frigorifiée le matin » et « s’endormait en classe ». « Je la mettais à la sieste sur le créneaux des petits », relate-t-elle émue. Cette année, c’est un petit garçon de 3 ans qu’elle a en classe et qui dort dehors. « Son comportement à changé, il est devenu violent », se désole-t-elle.

Les deux familles qui dorment à l’école Saint-Jean auront à disposition un classe de 18h à 7h30 du matin. Comme le précise le communiqué : « Les salles occupées sont
nettoyées chaque matin, bien avant l’ouverture de l’école. »Photo : Mahault de Fontainieu / Rue89 Strasbourg / cc

Cependant, « rien que cette semaine, trois nouvelles familles sans toit nous ont été signalées », rapporte l’enseignante. Douze élèves de l’école sont encore à la rue, selon les estimations des enseignants. « Nous n’avons pas pu proposer cette mise à l’abri à certaines familles, au regard de leur situation administrative », confie Elphège Tignel. Ces familles auraient pris trop de risques à participer à une action illégale, selon elle.


#école saint-jean

Activez les notifications pour être alerté des nouveaux articles publiés en lien avec ce sujet.

Voir tous les articles

Autres mots-clés :

Partager
Plus d'options